Anne-Sophie Bailly

« C’est l’heure de l’action. Sous peine de faire des 15-25 ans une génération sacrifiée. Désabusée et en colère »

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

« Cela faisait quelques années que les courbes du chômage des jeunes s’étaient améliorées. » Cette phrase de Marie-Kristine Vanbockestal, l’administratrice générale du Forem, risque bien de rester conjuguée au passé pour quelques années.

Le chômage va, et vient déjà, frapper les jeunes de plein fouet. Pas qu’eux, mais eux en premier lieu. En cause, évidemment, la crise du coronavirus qui a mis un point final à une série de contrats intérimaires ou à durée déterminée, trop souvent proposés aux travailleurs les plus jeunes.

Lutter contre le chômage des moins de 30 ans doit donc être une priorité. Chacun s’accorde là-dessus et y va de son initiative ou de sa proposition pour y parvenir . Au Forem, septante coachs expérimentés ont été réquisitionnés pour encadrer ces demandeurs d’emploi. Actiris veut renforcer sa stratégie Garantie emploi jeunes. Du côté de la FEB, on propose – vieille revendication s’il en est – d’assouplir la législation sur le travail de nuit pour soutenir le boom de l’e-commerce, grand pourvoyeur d’emplois jeunes. La construction tente, elle, de se faire plus sexy et rappelle qu’elle pourrait fournir jusqu’à 6 000 jobs, rien qu’en Wallonie, si le gouvernement régional accélérait l’exécution des grands chantiers d’infrastructures et de logement.  » Il faut le sens de l’urgence « , martèle le secteur.

C’est l’heure de l’action. Sous peine de faire des 15-25 ans une gu0026#xE9;nu0026#xE9;ration sacrifiu0026#xE9;e. Du0026#xE9;sabusu0026#xE9;e et en colu0026#xE8;re.

Une urgence surtout à mettre sur pied un véritable plan de relance pour notre pays, qui aille bien au-delà des mesures temporaires prises pour parer au plus pressé. Un plan de relance crédible, résilient, tourné vers le digital et l’écologie. Critères indispensables pour que la Belgique obtienne sa quote-part du plan Next Generation UE. Critères indispensables, aussi, pour permettre à chacun d’entrevoir un espoir, pour rétablir la confiance. Dans la classe politique. Dans l’avenir. Pour répondre également aux préoccupations qui pré- valaient déjà avant la crise.

On le sait, point de plan de relance sans accord politique. Or, la Belgique continue toujours à se battre avec la même question qu’au lendemain du 26 mai 2019 : comment trouver une majorité ? Avec toujours les mêmes contraintes : des exclusives, des Vivaldi ou pas, des arcs-en-ciel ou pas, des tentatives plus ou moins subtiles de briser des familles politiques, des affinités différentes qui s’expriment au sein d’un même parti, etc.

La fin des pouvoirs spéciaux accordés à Sophie Wilmès ne semble pas de nature à accélérer les choses. Que du contraire. Pour certains, et quitte à avoir les cartes en main, la tentation est grande de jouer la montre jusqu’en septembre. Pour d’autres, cet immobilisme prouve l’impossibilité d’encore installer un gouvernement fédéral à la tête du pays. Pour d’autres encore, et ils semblent de plus en plus nombreux, le retour aux urnes est désormais une piste à envisager.

Or, tirer en longueur, c’est exactement le contraire de ce dont la Belgique a besoin. C’est l’heure de l’action, plus de l’immobilisme. Sous peine de faire des 15-25 ans une génération sacrifiée. Désabusée et en colère.

Pas qu’eux. Mais eux en premier lieu.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire