Carte blanche

Ceci n’est pas un plaidoyer pour le nucléaire… ni pour Ecolo (carte blanche)

Axel Maurice*, « polémiste en herbe » et observateur attentif de la vie politique, revient sur le dossier nucléaire qui a agité la Vivaldi, et sur la position d’Ecolo. Vouloir une sortie à tout prix, selon lui, provoquera une défaite électorale des Verts en 2024.

« Jean-Marc Nollet, prenez votre sac, votre flambeau, et venez me rejoindre. Les électeurs belges ont décidé de vous éliminer, et leur sentence est irrévocable. »

Voici en substance ce que le demi-président d’Ecolo comprendra lorsque François De Brigode annoncera en 2024 la déroute électorale du parti qu’on peut métaphoriquement comparer à une pastèque : vert à l’extérieur, rouge à l’intérieur, et dont les quelques pépins noirs représentent les derniers bouts de cheveux qu’il reste sur le crâne de Raoul Hedebouw.

L’Accord de Gouvernement (fédéral), en sa page 57, prévoit ceci en des termes très clairs : « fin novembre 2021, un rapport complet sur les projets sélectionnés au terme de l’enchère sera soumis au gouvernement. Ce rapport analysera notamment la sécurité d’approvisionnement et l’impact sur le prix d’électricité. Si ce monitoring montre qu’il y a un problème inattendu de sécurité d’approvisionnement, le gouvernement prendra des mesures adéquates comme l’ajustement du calendrier légal pour une capacité pouvant aller jusqu’à 2 GW. Dans ce cas, le gouvernement prévoira des exigences strictes en matière de sécurité, de sécurisation, de disponibilité de la capacité de production durant les mois d’hiver, de flexibilité en hiver et en été, et en matière de rente nucléaire. »

Je pourrais dire : « CQFD » ! Traduction : on veut sortir du nucléaire, et on le fera si c’est possible. Et dans l’hypothèse où cela n’était pas possible, on maintient des réacteurs en service. En réalité, le Gouvernement fédéral est parfaitement au courant qu’un problème inattendu d’approvisionnement pourrait se présenter, n’importe quand. La rédaction de ce paragraphe laisse donc la porte ouverte à toutes les possibilités en fonction de ce que la réalité des relations internationales permet, dans le but de ne pas s’enfermer dans le dogmatisme Ecolo.

En effet, il faut déjà être un sacré idiot, en tant que parti de gauche, pour considérer avec la plus grande certitude que confier la sécurité d’approvisionnement énergétique d’un pays sans ressources naturelles comme la Belgique… à la volatilité sur les marchés financiers d’un produit fossile comme le gaz, soit une bonne chose. C’est bien beau d’engager des Kalvin Soiresse, se déclarant « résolument anticapitaliste » sur une liste bruxelloise en 2019, tout ça pour admettre que l’interrupteur n’allumera l’électricité au-dessus de mon frigo à vins qu’en corrélation de l’oeuvre du grand méchant capitalisme.

Il faut de surcroît être fameusement limité intellectuellement pour ne pas voir un potentiel conflit d’intérêt à voir une ministre de l’Energie, Tinne Van Der Straeten, être le bras armé des Verts au sein d’un Gouvernement et militer pour l’abandon du nucléaire, lorsqu’on sait que le cabinet d’avocats dont elle a longtemps détenu des parts, Blixt, spécialisé en droit de l’énergie, défendait en tant que lobbyiste les intérêts de Gazprom auprès de la Commission européenne. Gazprom dont le patron n’est traditionnellement autre que le Premier Ministre russe. Fonction que Vladimir Poutine, par exemple, a exercée entre 8 mai 2008 et le 7 mai 2012.

Le conflit d’intérêt est au moins aussi gros que le fait que Jean-Claude Marcourt fut ministre de l’Enseignement supérieur et ait fait passer son décret éponyme lorsque sa propre femme a simultanément occupé le plus haut poste de fonctionnaire de l’Université de Liège, à savoir directrice générale de l’enseignement. Cela s’appelle entretenir une relation privée avec une personne avec laquelle il existe un rapport hiérarchique.

Pire encore : pour contrecarrer la possibilité de voir les relations internationales perturbées par le manque de ressources énergétiques, l’histoire a prouvé que l’indépendance énergétique procurée par le nucléaire (exemple : le programme Atom for Peace, lancé par les Américains en 1953) était vecteur de stabilité politique et internationale, en ce qu’il ne deviendrait plus nécessaire pour des Etats de devenir des belligérants pour assurer à sa population paix civile et développement pacifique.

Depuis 1942 et la maîtrise de la première réaction nucléaire en chaîne par Enrico Fermi à Chicago, le monde dispose d’une capacité infinie de production d’énergie à bas coûts, y compris environnementaux. La mauvaise presse qui lui a été affublée n’est en rien liée à une correcte utilisation civile mais davantage à son utilisation dans un contexte militaire.

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Il ne faut pas confondre dégâts environnementaux majeurs consécutifs à une catastrophe nucléaire et conséquences environnementales d’une utilisation normale et réfléchie des réacteurs nucléaires. Dans le premier cas, les dégâts seraient causés par de l’émission incontrôlée de radioactivité. Dans le deuxième cas, les dégâts sont causés par la gestion des déchets, laquelle s’améliore d’années en années et n’est pas dangereuse pour l’homme si cela continue d’en être ainsi. Il ne faut jamais confondre altermondialisme et écologie, surtout si ces deux combats sont incarnés par les mêmes tribuns de plèbes bobos.

L’escroquerie intellectuelle des Ecolos peut donc être résumée à ceci : rien n’est plus faux que l’hypothèse selon laquelle la transition écologique destinée à lutter contre le réchauffement climatique nécessite d’abandonner totalement le nucléaire. Ceux qui le pensent, les Ecolos, se chauffent en réalité d’un autre bois : ils ont vu dans la transition énergétique l’occasion de se servir des catastrophes telles que Tchernobyl ou Fukushima pour réaliser la prophétie de leur dogme fondateur. Car il faut le dire : Ecolo (et Groen, anciennement Agalev) sont nés par dogmatisme et altermondialisme antinucléaires, dans le contexte (belge) des années 1980 où la Belgique est devenue un garage à têtes nucléaires américaines en cas de guerre atomique contre l’URSS.

Mais voyez-vous, braves gens, l’agenda caché des Verts en Belgique (comme celui de Yannick Jadot pour la présidentielle en France) pourrait bel et bien être de provoquer un krach énergétique en sortant du nucléaire, et en forçant un agenda économique et humain décroissant : en contraignant l’usage d’une énergie polluante telle que le gaz, un contrôle de facto sera imposé sur la destinée humaine.

Vous savez, Monsieur Nollet : l’histoire se souvient. Les Belges se souviennent. Les Belges en ont voulu à Alexander De Croo d’avoir fait tomber le Gouvernement en 2010 sur fond de dossier BHV. Les libéraux flamands ne rattraperont jamais leur lustre d’antan en raison de cela. Bien que cela soit obligatoire, les Belges n’aiment pas voter, et encore moins lorsqu’ils ont l’impression de devoir le faire trop souvent.

En oubliant même le fait que la facture d’énergie pourrait véritablement s’envoler si le nucléaire était stoppé, les Belges se souviendront que, dans l’hypothèse où la Vivaldi tombait en raison de votre dogmatisme anti-nucléaire répugnant, vous serez condamné à l’exil politique, vous et vos sbires.

Depuis le premier étage de la tribune au-dessus de la Chambre, je me rappelle très bien de votre cirque lorsque le Gouvernement MR-NVA était tombé en raison du pacte de Marrakech, en décembre 2018. Mais lorsqu’il sera publiquement acquis que la stratégie gazière d’Ecolo aura mis toute la population belge en danger, peut-être pourrons-nous citer Samuel Cogolati et toute la clique à comparaître devant le tribunal (électoral) pour (tentative de) crime d’écocide. A titre personnel, j’espère qu’ils prendront perpet’ : moins de 5% à vie. Et les islamo-gauchistes et autres Frères musulmans s’en iront choisir d’autres marionnettes à infiltrer.

Ce sera d’ailleurs l’objet de la prochaine diatribe : le danger du communisme.

*Axel Maurice (nom d’emprunt), polémiste en herbe, observateur attentif de la politique belge depuis le premier étage de la tribune au-dessus de la Chambre

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