Thierry Fiorilli

Carla et les braves types

Thierry Fiorilli Journaliste

Et Madame Sarko la joue « vous savez, on est des gens modestes ». Hou la menteuse.

Nous sommes des gens modestes. » © Carla Bruni, semaine dernière, sur France 2, durant l’émission Des paroles et des actes.

« Nous sommes des gens modestes. » Assénée par l’épouse du chef de l’Etat, qui brigue un rab de cinq ans. Confiée par la première dame de France, fille d’un industriel et d’une pianiste concertiste, ex-top modèle, chanteuse à cartons, actrice, icône mondaine, au patrimoine de 18,7 millions d’euros.

Des gens. Comme on dit « de braves gens », « de petites gens », « les gens du voyage », « ah, les gens, quand même ».

Modestes. Comme on veut dire « simples », « sobres », « humbles », « tout en retenue ».

Bien. Fort, fort bien.

Pardon, Madame Carla, mais : vous êtes gonflée quand même d’oser ça ! Vous, qui dirigez la France, et nous, si petits riens du tout, ombres composant les foules, pareils ? Mêmes soucis, mêmes aspirations, mêmes goûts, mêmes peurs, mêmes programmes télés, mêmes cantines, mêmes tranchées ? Des gens modestes, vous ? Comme le répétait Berlusconi, première fortune d’Italie ?

Si vous y croyez, vraiment, wow, qu’est-ce que vous êtes lobée, hors la vraie vie, embullée 100 % bling-toc. Et c’est consternant, parce que ça confirme que celles et ceux qui détiennent le pouvoir vivent sur une autre planète que leurs gouvernés.

Si vous jouez, mi-com’, mi-comédie, vos postures de ménagère aux draps de satin, les yeux comme pudiquement baissés, méprisent ces millions de Monsieur et Madame Modeste, qui, eux, en vrai, mais apparemment si loin de chez vous, font profil bas tous les jours, sans misérabilisme mais priant tout de même pour que la crise ne les repère pas, encore cette fois-ci, dans le wagon ou au milieu des bouchons.

Dans les deux cas, vous donnez des armes à ceux qui peuvent décider, dans quelques semaines, que votre mari, cara Signora, a fait son temps à l’Elysée. Ces modestes électeurs. Dont les réalités, même balafrées, sont plus belles que vos minauderies, même botoxées. Et dont le poids, la voix, le choix équivalent aux bonnes vieilles prises de Bastille d’antan.

Cela dit sans vanité aucune.

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