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Carl Devos: « Le PS doit accepter les économies, la N-VA plus d’impôts »

Kamiel Vermeylen Journaliste Knack.be

Avec un gouvernement wallon qui est sur le point d’être formé et des verts qui ne sont officiellement plus dans la course au niveau fédéral, « il est maintenant grand temps de chercher sérieusement un remplaçant à Charles Michel « , dit Carl Devos, professeur de sciences politiques à l’UGent.

Lundi après-midi, le PS, le MR et Ecolo ont conclu un accord de coalition pour les gouvernements régionaux et communautaires wallons. Dans la foulée, les informateurs Johan Vande Lanotte et Didier Reynders ont stipulé que Groen et Ecolo n’étaient plus conviés à participer aux négociations fédérales. Le point avec le politologue Carl Devos.

Les gouvernements régional et communautaire wallons sont sur le point d’être formés maintenant que le PS, MR et Ecolo sont parvenus à un accord.

Carl Devos : Elio Di Rupo a réussi le bel exploit de faire adhérer Ecolo à une coalition aussi progressiste que possible. Néanmoins, nous devons encore quelque peu modérer nos ardeurs puisque tout n’est pas encore bétonné. Les membres du parti doivent encore approuver la coalition et l’accord proposé. Ce qui ne devrait pas poser de problèmes avec le PS et le MR, mais qui risque d’être un peu plus difficile avec Ecolo. Il n’est pas impossible que lors de son congrès de jeudi, les verts viennent avec des exigences pour le niveau fédéral. Les écologistes wallons vont-ils, ou non, émettre des conditions pour une éventuelle participation au gouvernement fédéral? Vont-ils exiger d’Elio Di Rupo qu’il ne forme pas un gouvernement avec la N-VA ?

Arithmétiquement, Ecolo est superflu dans la formation du gouvernement wallon. Du coup ont-ils suffisamment de poids pour formuler de telles demandes ?

Personnellement, je pense qu’il est très peu probable qu’Ecolo impose des exigences fédérales. Mais si cela s’avère être le cas, je ne m’attends pas à ce que Di Rupo les rejette en bloc. Le président du PS plaide en faveur d’un gouvernement arc-en-ciel au niveau fédéral. Il veut garder toutes les options ouvertes, y compris une piste sans la N-VA. Tant la coalition arc-en-ciel en Wallonie que les négociations suédoises en Flandre rendent néanmoins plus difficile un gouvernement fédéral jaune-violet. Tout est en réalité devenu encore plus complexe qu’avant.

Au niveau fédéral, les écologistes flamands et wallons ont été exclus lundi après-midi. Une coalition identique qu’en Wallonie semble donc exclue pour le moment ?

Pour l’instant, oui. C’est le président de la N-VA Bart De Wever qui, lors de la précédente table ronde, s’est demandé pourquoi Groen était toujours présent. Groen ne voulait pas s’asseoir à table sans Ecolo, alors qu’Ecolo ne voulait pas se joindre à eux. La conséquence logique est que Groen et Ecolo ne sont plus invités. Mais ne vous faites pas d’illusions : il n’y a personne à la rue de la Loi qui croit que les négociations du gouvernement fédéral sont dans leurs dernières phases.

Pour résumer, en ce moment, en Belgique francophone, le raisonnement est qu’il faut d’abord essayer l’arc-en-ciel (sans majorité flamande, NDLR.). Ce ne sera que dans le cas où celle-ci est impossible que les partis voudront envisager une coalition avec la N-VA. Les nationalistes flamands, quant à eux, exigent que le CD&V et l’Open VLD n’entament pas de négociations fédérales sans eux. Les chrétiens-démocrates soutiennent eux que dans ce cas, la N-VA devrait d’abord examiner si elle peut former un gouvernement avec le PS.

Pour revenir sur le départ de Groen, celui-ci est lié à la mission des informateurs. Mais celui qui va remplacer ces deux messieurs peut parfaitement juger bon de faire revenir les Verts autour de la table. Si, dans quelques semaines, il devient clair que la N-VA et le PS ne gouverneront jamais ensemble, cela pourrait ressusciter une participation des verts au gouvernement et ainsi redonner un coup de fouet aux négociations.

Lundi, Di Rupo a souligné une fois de plus qu’il ne veut pas discuter du confédéralisme. C’est pour ça que les portes restent fermées ?

C’est un bon exemple sémantique. Vous n’entendrez aucun parti francophone dire qu’il veut aborder le thème du confédéralisme. En Wallonie, le confédéralisme est considéré comme une version sublimée du séparatisme. En revanche, parler de réformes institutionnelles est moins délicat. Par exemple corriger un certain nombre d’erreurs de l’accord papillon ou réfléchir si l’on continue à faire des élections conjointes. Comme la Communauté française sera à court d’argent en 2024, une modification de la loi de financement pourrait également faire l’objet de discussions.

Au niveau fédéral, nous sommes confrontés à la plus grande restructuration depuis trente ans. Celle-ci ne pourra jamais se faire avec uniquement quelques mesures à la marge. Le PS n’est que trop conscient du fait qu’il faudra réaliser des économies dans le domaine de la sécurité sociale afin de combler l’écart budgétaire sur le long terme. Les libéraux et la N-VA, pour leur part, devront accepter d’inévitables augmentations d’impôt. L’amour devra venir des deux côtés, sauf que le sujet est encore tabou.

En d’autres termes, les partis au pouvoir ne feraient-ils pas mieux de commencer à chercher un remplaçant pour Didier Reynders et Charles Michel ?

En effet. Avant de bouger, chacun attend la formation des gouvernements régionaux. En Wallonie, c’est pratiquement fait. En Flandre, cela ne devrait pas se faire avant la déclaration de septembre. En d’autres termes, les pourparlers exploratoires ne pourront commencer de manière approfondie qu’à partir du début du mois d’octobre. Ce n’est donc qu’à partir du 1er octobre, que les nouveaux formateurs pourront voir s’ils peuvent réconcilier les deux parties. Ce sera une tâche très difficile. Pour répondre à votre question : Oui, nous devons avant tout trouver un remplaçant pour Reynders et Michel.

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