Michel Delwiche

Budget : le peigne, la tondeuse et le scarificateur

Michel Delwiche Journaliste

Johan van de Lanotte, le vice-premier et ministre sp.a de l’Economie, avait préconisé, l’an dernier, la râpe à fromage: chaque ministre devait trouver dans ses compétences des économies à réaliser. On ne peut pas dire qu’il s’agisse là d’une méthode qui dégage des priorités puisque tous les départements sont touchés. La râpe peut aller jusqu’à l’os, voire même jusqu’à la moelle. Tout ça pour dire que ça peut faire mal.

Le ministre wallon et communautaire du Budget, le CDH André Antoine, lors de l’ajustement budgétaire du printemps 2012, avait préféré l’image du peigne, qui nettoie la pelouse, ou élimine sans douleur les cheveux déracinés (et peut-être l’un ou l’autre parasite). A la limite, cela soulage. Lors de la préparation du budget 2013, il était allé plus loin dans la comparaison capillaro-herbacée, expliquant qu’il allait falloir cette fois passer la tondeuse pour trouver les 500 millions nécessaires. Et aujourd’hui que les gouvernements wallon et communautaire vont se réunir pour tenter de réunir 250 nouveaux millions dans le cadre de l’ajustement, l’ineffable joueur de mots, issu du monde agricole, propose le scarificateur. Comme chacun sait, il s’agit d’un appareil muni de couteaux rotatifs qui incise la surface pour éliminer les mousses et autres plantes rampantes.

Pas sûr que tous les ministres se laisseront scarifier de gaieté de coeur. L’Ecolo Philippe Henry (Mobilité) a même demandé une rallonge pour ses bus: des lignes ont été supprimées, des services aménagés, de telles coupes ne peuvent plus se répéter fait-il valoir. Le socialiste Paul Furlan (Pouvoirs locaux) prévient lui-aussi: hors de question de tailler dans le Fonds des Communes, d’autant que celles-ci portent déjà le chapeau du revenu d’intégration que leurs CPAS doivent accorder aux exclus du chômage et vont devoir faire face à des dépenses (police, sécurité…) imposées par le fédéral. Et la promesse avait été faite de ne pas toucher à l’enseignement. Et ce n’est pas le moment de réduire le Plan Marshall 2.vert. Et le logement est une des priorités des prochaines années face à l’évolution de la démographie. Et les routes ne peuvent être délaissées.

Joyeuse après-midi en perspective donc pour les ministres. Qui pourront se consoler tout de même à la pensée que le scarificateur « améliore la qualité du gazon et rend plus facile sa croissance ». Et en ne perdant pas de vue que souvent, après cette opération, il faut ressemer, apporter de nouvelles graines de croissance. L’opposition MR estime, de son côté, que l’Olivier est au bout du rouleau.

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