© BELGA

Bernard Wesphael n’a jamais pensé être arrêté par la police

Accusé du meurtre de son épouse Véronique Pirotton, Bernard Wesphael a été interrogé lundi en début d’après-midi par le président de la cour d’assises Philippe Morandini, au sujet de la scène qui s’est déroulée le 31 octobre 2013 dans la chambre 602 de l’hôtel Mondo à Ostende.

A plusieurs reprises, Bernard Wesphael a répété qu’il aimait Véronique Pirotton. Il n’a jamais cru qu’il allait être arrêté car, selon lui, il s’agissait du suicide réussi de son épouse après plusieurs tentatives. Il a raconté sa relation avec Véronique Pirotton et sa version des faits qui ont eu lieu le 31 octobre 2013 dans la chambre 602 de l’hôtel Mondo à Ostende.

Le 29 octobre, Véronique Pirotton est partie à Ostende où Bernard Wesphael l’a retrouvée le lendemain.

Le 30 octobre, le couple a dîné dans un restaurant qui longe la digue et est rentré à l’hôtel en soirée. Ils n’ont pas parlé de divorce, selon l’accusé.

Le 31 octobre fut une belle journée, d’après l’accusé, et son épouse lui a demandé de passer une nuit supplémentaire à l’hôtel. « Elle était dans une dimension émotive extraordinaire et elle voulait un enfant, nouvelle base de notre relation », poursuit-il. Le couple a fêté ses retrouvailles en buvant deux verres de vin chacun dans la chambre d’hôtel.

Mais le téléphone a sonné à plusieurs reprises. Au bout du fil, c’était Oswald D., l’amant de Véronique qui se présentait comme « ton grand méchant loup ». Selon l’accusé, Véronique était fâchée et elle a raccroché. « Si ce monsieur nous avait foutu la paix, Véronique serait encore vivante aujourd’hui », lance l’accusé qui raconte que son épouse est devenue tendue.

Le couple est ensuite sorti en ville pour boire deux verres de vin blanc dans un café. Les coups de fil ont continué. Après un bref repas et une demi-bouteille de vin, le couple est rentré à l’hôtel où Véronique a commandé deux digestifs italiens. « Elle avait des difficultés pour se déplacer. Une fois dans la chambre, elle ne tenait plus debout et elle est devenue subitement très agressive. Elle s’est dirigée vers moi et elle est tombée à plusieurs reprises, dont la troisième fois face avant. Elle était consciente et disait qu’elle avait le nez cassé. Je me suis approché et elle s’est levée pour me gratter, j’ai pu esquiver en pratiquant une petite clé de bras mais elle a pu m’échapper. Elle s’est relevée et son comportement était encore plus agressif. »

Ensuite, l’accusé, qui jure qu’il n’a pas frappé sa femme, prétend qu’il s’est assis sur le lit, s’est couché et qu’il n’y avait plus de bruit dans la chambre. « Je l’ai vue partir vers la salle de bain, habillée. » Bernard Wesphael s’est ensuite endormi.

Quand il s’est réveillé, il s’est aperçu qu’elle n’était pas à côté de lui dans le lit. « Je me suis rendu dans la salle de bain et elle était couchée sur le dos, à moitié nue, et j’ai vu un petit sachet sur son visage, collé à moitié sur l’oeil droit. J’avais l’impression qu’elle ne respirait plus et je l’ai giflée. Ensuite, je lui ai fait du bouche à bouche durant un certain moment et il n’y avait aucune réaction. Je lui ai fait des massages cardiaques. Voyant que les choses n’évoluaient pas, j’ai descendu les six étages en courant pour prévenir la réception et j’ai dit calmement que ma femme s’était suicidée. »

Une fois dans la chambre, Bernard Wesphael dit qu’il a encore tenté de réanimer Véronique Pirotton. « Les secours sont arrivés et j’espérais qu’ils allaient la ramener à la vie », poursuit en pleurant Bernard Wesphael. « Je ne sais pas ce qui s’est passé, le seul truc qui me colle à l’esprit est que mon épouse a fait une tentative de suicide et que cela a marché cette fois-ci. A aucun moment, je n’ai pensé être arrêté, raison pour laquelle je n’ai pas dit que j’étais parlementaire », ajoute celui qui s’estime victime d’une terrible erreur judiciaire. Il dit qu’il n’a pas menacé son épouse et qu’il ne s’est pas montré violent avec elle.

Selon lui, cette soirée est la fin d’un processus suicidaire dans le chef de son épouse. « Des évènements majeurs se sont succédé et ils auraient pu conduire Véronique vers la mort. Quand elle rentrait, elle pouvait parfois être très violente. Elle vivra plusieurs étapes difficiles. La première en mai 2013 quand elle a jeté sa voiture contre un poteau à Liège, elle a frappé des agents, elle a été menottée et mise en cellule de dégrisement. Le lendemain, elle était incapable de m’expliquer ce qui s’était passé. Véronique a confié aux policiers qu’il s’agissait d’une tentative de suicide », raconte l’accusé.

Le couple a vécu des hauts et des bas, liés aux crises de Véronique Pirotton selon l’accusé. « Elle tombait parfois dans des états épouvantables et la situation s’est dégradée mais je n’entendais pas abandonner ma femme à son sort. » Cependant, en septembre 2013, Bernard Wesphael avait programmé son départ et prévu de louer un appartement près de chez Véronique. Il devait emménager début novembre 2013.

« On a l’impression que c’est elle l’accusée et lui la victime »

« On a l’impression que c’est elle l’accusée et lui la victime » a déclaré Me Philippe Moureau, avocat des parties civiles au procès de Bernard Wesphael, en réaction à l’acte de défense lu en matinée lundi par Me Mayence, avocat de l’accusé. « L’acte de défense a beaucoup accusé: Véronique Pirotton, la presse, le psychiatre, les experts », constate encore l’avocat des parties civiles.

Concernant l’interrogatoire de l’accusé, qu’il a vécu « assez difficilement », Me Moureau souligne que M. Wesphael a « répété exactement ce qu’il a dit dans le dossier et n’est pas allé plus loin ». « Il va être confronté avec tout ce qui n’ira pas dans le sens de son interrogatoire. Il doit être extrêmement tendu, il n’est donc pas anormal de pleurer », a-t-il ajouté. L’avocat a enfin relevé les quelques échanges « vifs » entre l’accusé et le président de la cour.

« On se doutait qu’il resterait sur ses positions », a pour sa part commenté la soeur de la victime au sujet de l’interrogatoire de M. Wesphael. « Il a joué sur le côté émotionnel des choses. Pour moi, il ment depuis le début. »

La première journée de ce procès devant les assises du Hainaut se poursuit avec l’audition de la juge d’instruction Pottiez et de plusieurs inspecteurs de police au sujet des premières constations.

Contenu partenaire