Thierry Fiorilli

« Avant de voter, n’oubliez pas »

Thierry Fiorilli Journaliste

C’était en juin 2014. Le PS avait gagné au Sud et la N-VA avait mis le Nord en poche. Pour le fédéral, on pensait être reparti pour la gloire. Et puis Charles Michel l’a jouée forban. Premier ministre francophone du premier gouvernement fédéral abritant un parti nationaliste flamand. A droite toute. Cinq ans ont passé. A une vitesse folle mais émaillés de tant d’événements, de tant de nouvelles pratiques, de nouveaux langages, de nouveaux enjeux, de nouvelles réalités, qu’on dirait que ça en fait vingt. Et qu’on a tendance à oublier beaucoup de ce qui s’est passé, durant cette législature qui finit.

Mauvaise tendance. Ne jamais oublier. Pour ne pas voter comme des automates. Et comme chaque parti au pouvoir a, durant toute la campagne, vanté ses succès de gouvernance, et que chaque parti d’opposition les a, au mieux, minimisés, il faut rappeler des faits. Que l’avalanche de chiffres, slogans, promesses, accusations, invectives, railleries, coups bas et dérapages auxquels se sont livrés ces dernières semaines toutes les formations en vue – absolument toutes – a gommés. Et donc, pour combattre l’amnésie, et les opérations maquillage, en voilà quelques-uns :

– le PS rejeté dans l’opposition après des millénaires à régner avec un peu tout le monde a passé son temps à hurler, gémir, ventiler, cracher et vomir. Nettement moins à tirer les leçons des trois gros scandales politico-financiers qui ont éclaté sous cette législature (Publifin, Samusocial, Land Invest Gate) et dans lesquels il est mouillé jusqu’aux sourcils. Et si le ménage a été fait, au moins en apparence, à Bruxelles, on ne va pas tourner autour du pot : rien n’a changé à Liège.

– le MR, impliqué lui aussi dans Publifin et au centre de deux autres affaires d’Etat qui ont rythmé ces cinq ans (le Kazakhgate et le dégel non légal de fonds libyens), a tenté de faire croire que la N-VA, finalement, c’était la dream team, loyale, compétente, bon fond même. Mais en coulisses, la moitié des élus ont confié que c’était terrible de  » fonctionner avec ces gens-là « . Que les nationalistes dictaient le ton, les mots et le pas. Et nos dernières révélations (voir levif.be) sur Bart De Wever, bourgmestre N-VA d’Anvers, expliquant à ses militants, hilares, en 2016, quand les journalistes n’étaient pas là (sauf nous), comment il pouvait compter sur Theo Francken, responsable N-VA au fédéral de l’Asile et la Migration, pour chasser le migrant, démontrent, encore, que ce pays a été gouverné, jusque décembre dernier, et parce que les libéraux francophones l’ont permis, par un parti suintant le venin par tous ses pores.

– le CDH a suivi le PS, jusque dans ses pratiques affairistes, puis l’a lâché en Wallonie quand ça sentait tout de même un peu trop le roussi. Il a alors, pour un peu moins de deux ans, servi de porte-serviette au MR, Carlo Di Antonio continuant tranquillement ses petites affaires, dans tous les sens du terme.

– Ecolo, le PTB et DéFi ont essentiellement tiré profit de ces faux pas, outre des secousses sociétales, surtout dans le chef des deux premiers. Beaucoup via la posture et le discours de leurs hérauts. Nettement moins par la clarté de leurs programmes respectifs ou l’espérance qu’ils font naître.

Pas sûr que ce petit rappel fera y voir plus clair à ceux qui pataugent avant de voter (et il y en a beaucoup). Au moins, il devrait permettre de se déplacer le 26 mai avec la mémoire fraîche. Et d’agir en conséquence.

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