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« Attention, traversée d’illégaux », à Lommel, des panneaux qui scandalisent

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

A Lommel, dans le Limbourg, les demandeurs d’asile installés dans un centre d’accueil temporaire de Fedasil dérangent certaines personnes. Ce week-end, une quarantaine de panneaux avec le message « attention au passage d’illégaux » sont apparus dans la commune. Ils ont été retirés dimanche matin par la police.

A Lommel, le va-et-vient des demandeurs d’asile installés dans le domaine de vacances Parelstrand, transformé en centre d’accueil Fedasil, ne plait pas à tout le monde. Une quarantaine de panneaux avec le message « Attention, traversée d’illégaux », ont été dispersés ce week-end sur le territoire communal, principalement devant les écoles où sont scolarisés les enfants des demandeurs d’asile a indiqué le premier échevin, Peter Vanderkrieken (CD&V). Les panneaux ont été retirés en urgence dimanche matin par la police.

« Nous avons été scandalisés qu’une action soit menée de cette manière contre un groupe de personnes qui séjournent ici temporairement. Des agissements pareils où on commence aussi à viser les enfants, c’est complètement inapproprié« , a commenté le premier échevin, Peter Vanderkrieken (CD&V) à l’agence Belga.

Après l’apparition de ces panneaux, une plainte contre X a été déposée à la police. « Nous avons trouvé des autocollants avec le logo Voorpost aux mêmes endroits et aux mêmes heures« , indique le bourgmestre Bob Nijs (CD&V) qui soupçonne l’organisation d’extrême droite d’avoir organisé cette initiative. Nous regrettons qu’un petit groupe de personnes ait réussi à donner ainsi une image négative de la commune », déplore-t-il.

Voorpost, de son côté, nie fermement toute implication. L’organisation d’extrême droite s’est pourtant déjà régulièrement plainte du centre d’asile de Parelstrand depuis son entrée en service au début de 2016, mais aussi depuis sa réouverture en décembre 2018.

Un journaliste du quotidien flamand De Morgen s’est rendu sur place pour se rendre compte de la situation. Il ne lui a pas fallu longtemps pour rencontrer un demandeur d’asile sur l’une des grands routes, la N715, de la commune limbourgeoise. Située à proximité du centre Fedasil temporaire où sont installés les quelque 800 demandeurs d’asile jusque la fin août, cette route est empruntée tous les jours par des dizaines d’entre-eux. Certains pour aller faire leurs courses, d’autres pour tromper l’ennui à la station-service du coin.

Le reporter a rencontré un couple d’Afghans qui marchait avec un sac à dos plein à craquer et tirait un trolley de vivres vers le centre d’asile situé à 7 kilomètres de là. Un peu plus tard, il a croisé Omar, un Palestinien de 28 ans qui vit avec les 725 autres hommes, femmes et enfants d’une cinquantaine de nationalités dans le centre. Ces demandeurs d’asile préfèrent marcher car pour eux, prendre le bus est trop onéreux: 3 euros le trajet alors que l’argent de poche hebdomadaire octroyé par Fedasil n’est que d’environ 40 euros.

Le domaine de vacances Parelstrand, transformé en centre d'accueil Fedasil temporaire.
Le domaine de vacances Parelstrand, transformé en centre d’accueil Fedasil temporaire.© Fedasil

Cette présence accrue de demandeurs d’asile dans les rues de la commune n’agace par la plupart des habitants mais fait quand même grincer des dents comme a pu s’en rendre compte le journaliste du Morgen. Un petit sondage réalisé auprès de quelques habitants révèle que les panneaux ont scandalisé la population. Certains évoquent toutefois leurs doléances. « Ils marchent parfois à trois de front sur la route, ce qui est très dangereux « , déclare un habitant de la région, qui a reçu un message du voisin pendant ses vacances à l’étranger. « Il y avait des enfants sur le trampoline dans le jardin. Les gens grimpent souvent par-dessus les clôtures. Les gens ont peur« , explique-t-il.

Trop de personnes serrées comme des sardines dans une boîte »

Selon lui, ce sont les riverains les plus proches qui sont les plus dérangés. L’équation est simple: « Trop de personnes serrées comme des sardines dans une boîte, 50 nationalités et cultures différentes qui s’affrontent. Suis-je vraiment stupide de mettre cela en doute ? Ces gens ont besoin d’aide, mais personne ici n’en profite.« 

Pour les employés du supermaché Spar situé dans le quartier de Lutlommel, où de nombreux demandeurs d’asile font leurs courses, il semble surtout que le changement de composition récent du groupe de demandeurs d’asile soit la source de tensions. « Au début, il s’agissait principalement de familles, le mois dernier, plus de jeunes hommes seuls sont arrivés « , explique Christa Roosens au quotidien flamand. « Il faut les surveiller de près. Certains volent, surtout des boissons fortes. »

Au début du mois de mars, quelques demandeurs d’asile ont en effet été renvoyés après avoir commis des vols répétés. Depuis, la situation serait à nouveau sous contrôle, laisse entendre le bourgmestre et Fedasil. Mais leur mauvaise réputation les poursuit dans la commune. Un coup dur pour Omar : « De toute façon, je dois ouvrir mon sac à dos à la caisse, ça fait un peu mal à chaque fois. Même je comprends.« 

Selon les bénévoles du centre d’accueil, « les quelques histoires négatives éclipsent toutes les histoires positives« . D’après Katrien De Ruysscher, une riveraine du centre, les personnes bénévoles qui veulent les aider sont en effet beaucoup plus nombreuses que leurs opposants. « Quand j’ai commencé une bibliothèque, mon garage était immédiatement inondé de livres, et les leçons de néerlandais fonctionnaient à plein pot. Il y a donc une vie ici! ».

La résidente déplore le manque d’ouverture de la population, qui au lieu de critiquer les demandeurs d’asile feraient mieux d’aller les rencontrer et leur parler. « Cinq minutes de bavardage offrent parfois un point de vue complètement différent « , selon elle.

« Nous trouvons dommage que le Parelstrand soit ainsi mis en lumière sous un mauvais jour, alors que nous faisons tout pour tirer le meilleur de notre communauté« , a réagi pour sa part le bourgmestre de Lommel. Selon lui, les faits dans sa commune se résument à une simple question : « Si des gens dans la rue avec des sacs à provisions sont la principale raison de troubles, ces troubles sont-ils justifiés ? »

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