Carl Vyncke, Bart Van Thienen et Valerie Dierick © Filip Van Roe

Alcotest: « Il y a des gens qui aiment souffler »

Catherine Vuylsteke Journaliste Knack

Faux dentier, maladie cardiaque, peur des microbes, asthme: les automobilistes sont assez inventifs quand il s’agit d’échapper à un contrôle d’alcool au volant. Cela vaut la peine d’essayer: quiconque a plus de 0,22% d’alcool dans le sang se voit infliger une interdiction temporaire de conduire et une amende de plusieurs centaines ou milliers d’euros.

Cependant, la police regarde plus loin aussi: « À l’automne, les contrôles de drogue seront beaucoup plus efficaces, quand le test sanguin chronophage sera remplacé par une analyse de salive. »

Quarante pour cent des automobilistes belges prétendent avoir été un peu éméchés au volant l’année dernière. C’est plus que dans le reste de l’Europe, selon les chiffres de l’Institut pour la sécurité routière Vias. Serait-ce parce que seulement un conducteur sur huit s’attend à un contrôle d’alcool? Ou est-ce parce qu’on peut parcourir 58.596 kilomètres en moyenne en Belgique avant de souffler?

Et pourtant: le nombre de contrôles de fin d’année a quintuplé au cours des vingt dernières années, alors qu’il y a aujourd’hui trois fois moins de conducteurs qui ont bu. Le nombre de décès est deux fois moins élevé qu’en 2009. Dans un quart d’entre eux, l’alcool joue un rôle, et chez les jeunes, le cannabis au volant est en augmentation.

Carl Vyncke : « La bonté, c’est de la faiblesse »

Commissaire zone de police Izegem, Roulers, Hooglede.

« Nous contrôlons à toute heure du jour. Eh oui, si vous avez bu beaucoup la nuit dernière et que vous êtes intercepté le matin en allant à la boulangerie, ce sera un pain qui vous coûtera cher. Compassion? Pas du tout. La bonté c’est de la faiblesse, c’est ce que je dis à mes policiers. »

« Certains conducteurs pensent que boire rapidement un litre d’eau est efficace, ou ils font des exercices de gymnastique derrière notre combi pour ‘effacer’ leur taux d’alcool. C’est totalement absurde. »

« Nous ne contrôlons les cyclistes que s’ils zigzaguent visiblement, si leurs phares ne fonctionnent pas ou s’ils nous insultent. À l’époque, on nous disait que nous ferions mieux d’arrêter Marc Dutroux plutôt que d’importuner des innocents. Maintenant, ce genre de gens nous disent que nous ferions mieux de capturer les combattants de l’EI. »

« Mais savez-vous qu’il y a des gens qui aiment souffler? Les porte-clés BOB que nous offrons pour récompenser les conducteurs sobres sont très populaires. Que penser d’une femme qui a roulé pendant des jours, en espérant un contrôle? Au début, elle était très heureuse de son porte-clés. Puis un peu moins, quand il s’est avéré que son assurance auto avait expiré et qu’elle a dû abandonner sa voiture. »

Valerie Dierick: « Ce sont surtout les plus de 40 ans qui posent problème »

Inspecteur principal de la zone police Affligem, Liedekerke, Roosdaal et Ternat.

« Quand j’étais la première femme de la brigade Affligem il y a plus de vingt ans, il y avait encore des hommes qui ne voulaient pas patrouiller avec nous. Maintenant, la plupart des collègues trouvent que cela aide d’avoir une femme à leurs côtés pour les contrôles d’alcool. Souvent, il est plus facile pour nous de convaincre les citoyens agaçants – et ce sont généralement des hommes. Récemment, on avait encore quelqu’un de très difficile, il a commencé à parler d’hygiène et ensuite il a fallu expliquer les dispositions légales à chaque étape. J’ai alors résolument pris la relève de mon collègue masculin. Avait-il trop bu? Bien sûr que oui. Le lendemain, il est venu s’excuser

« C’est bien de voir que l’idée de BOB est si bien ancrée chez les jeunes. En ce qui concerne l’alcool, les personnes de plus de 40 ans et plus constituent un problème. Mais la question vraiment difficile reste le contrôle des drogues. Si le résultat est positif, un médecin doit venir. Ce n’est pas une sinécure la nuit, certains médecins de garde ne veulent pas se déplacer. Combien de fois peut-on sortir un médecin de son lit pour seulement 50 euros? Nous attendons avec impatience l’analyse de la salive, qui rend tout plus efficace. »

Bart Van Thienen: « Les collègues aussi veulent souffler »

Chef de corps de la zone de police d’Aarschot

« Quelqu’un peut me dire pourquoi chaque café qui se respecte dispose aujourd’hui d’un distributeur de préservatifs dans les toilettes, alors qu’il faut chercher pour trouver un établissement qui vend des appareils pour mesurer soi-même sa teneur en alcool? Les gens se concentrent sur les contrôles de l’alcool, alors que j’aimerais qu’ils s’attardent davantage à l’étape précédente: le contrôle social. Qui ose dire: ‘Ne monte pas dans cette voiture, tu as trop bu’ ? De toute façon, il y a déjà beaucoup de progrès. Dans le passé, nous devions vérifier manuellement la présélection des véhicules, à présent nous avons un nez électronique, le pré-échantillonneur, qui indique immédiatement si quelqu’un soufflera éventuellement positif. »

« Comme tous les agents à travers le pays, nous avons hâte qu’on instaure l’analyse de la salive pour les contrôles de drogue, mais en attendant, nous essayons également de travailler intelligemment. Nous amenons nous-mêmes les gens qui ont un test positif chez le médecin. Cela fait une grande différence. »

« Faisons-nous aussi souffler le bourgmestre ou les échevins, sachant qu’ils décident d’une partie de notre budget? Évidemment, qu’est-ce que vous pensez? Eh oui, les collègues doivent aussi souffler. »

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