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Alain Hubert : « Nous sommes au c½ur d’une bataille politique »

Ettore Rizza
Ettore Rizza Journaliste au Vif/L'Express

Plus d’un an qu’il ne s’était pas exprimé dans la presse. Pour Le Vif/L’Express, Alain Hubert revient sur les polémiques autour de la Fondation polaire internationale, notamment sur les accusations de conflits d’intérêts qui le touchent, lui et son épouse.

Le Vif/L’Express : Que pensez-vous de la controverse autour de la Fondation polaire internationale ?

Alain Hubert : Il est clair que nous nous trouvons au coeur d’une bataille politique qui n’a rien à voir avec nous et qui remonte à la création du Secrétariat polaire. C’était sous la ministre libérale Sabine Laruelle. Moi, je ne suis membre d’aucun parti et je suis en parfaite concordance avec le cabinet du secrétaire d’Etat Philippe Courard. En dessous de lui, la Politique scientifique souhaiterait une structure qui dépende d’elle. Nous regrettons qu’elle ne soit pas d’accord avec la manière dont les choses se font. Mais ce n’est pas à moi d’intervenir là-dedans.

Il y a aussi les soupçons de prise d’intérêt. La société de menuiserie Cherbai, dont vous êtes l’un des associés, fournit la station polaire.

Vu de l’extérieur, je comprends qu’on puisse imaginer ce genre de chose. Mais moi, je ne commande rien à ma société. Cherbai fait partie des concepteurs du projet depuis le début. C’est une toute petite coopérative qui emploie huit personnes. Quand un ou deux de mes collègues viennent travailler en Antarctique, ils facturent en dessous des prix du marché.

Cela pose tout de même question, même si la Fondation estime ne pas être soumise à la loi sur les marchés publics.

On ne fait pas ce qu’on veut pour autant. Nous devons nous débrouiller avec un budget trop faible. Moi-même, par exemple, j’ai facturé des frais mais ils sont restés dans la fondation. Depuis dix ans, je passe ma vie à chercher des sous. Admettons que nous soyons soumis aux marchés publics, comme le prévoit l’accord avec le gouvernement : à peine 0,5 % du budget serait concerné. Les investissements également, mais comme il n’y en plus depuis deux ans…

Autre conflit d’intérêts présumé : le fait que votre femme, vice-présidente de la Fondation polaire, lui facture des prestations au travers d’une société de management. On parle de 100 000 euros l’an.

Mon épouse est chimiste et juriste de formation. Elle gère toute la logistique de la station. C’est elle qui a coordonné le projet depuis le début. Je peux vous dire que sans elle, il n’y aurait pas de station Princesse-Elisabeth. Les prestations qu’elle facture doivent constituer à peu près la moitié de son travail réel et elle ne perçoit aucun remboursement de frais. On est au four et au moulin tous les jours. Les budgets sont votés par le conseil stratégique du Secrétariat polaire. Tout se fait absolument dans les règles. Ses tarifs sont tout à fait normaux comparés à ceux d’un chef d’entreprise. On paye des ingénieurs 1 200 euros la journée !

Certains mettent en cause vos compétences de gestionnaire, votre caractère autoritaire, votre misogynie, vos mauvaises relations avec l’armée, avec les chercheurs belges…

Tous ces trucs, ça vient d’où, ça vient de qui ? Moi, en Antarctique, je suis le responsable. Je dois essayer de comprendre les différentes personnes, les intégrer dans les équipes, intervenir pour résoudre les problèmes, assurer la sécurité. Sur ce point, je peux être perçu comme sévère. Résultat : la station est peut-être la seule au Pôle Sud qui, depuis sept ans, n’a pas connu d’accident.

Pour l’armée, c’est parfaitement faux. Nous avons regretté son départ. Mauvais gestionnaire ? Je suis ingénieur civil, entrepreneur depuis 35 ans, l’un des trois Master pole guide au monde et l’un des deux meilleurs explorateurs polaires. Ce qui fait que j’ai pu construire et gérer cette base à propos de laquelle la plupart des gens ne comprennent pas comment c’est possible. La voilà, l’histoire.

L’interview intégrale et les factures de la Fondation polaire dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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