
Absurde ! Le CD&V aurait pu écrire la note Di Rupo
Le blocage est complet et la situation n’a jamais été aussi grave depuis le début de la crise politique. Selon Dave Sinardet, politologue à l’université d’Anvers, c’est le CD&V qui a les clés depuis des mois, mais sa crise d’identité l’empêche de faire un choix.
Tout est bloqué. Alors que fait-on maintenant ?
C’est la question que tout le monde se pose! Il existe différents scénarios possibles, mais la clé est au CD&V depuis des mois maintenant. C’est à eux qu’il revient de choisir s’ils suivent la N-VA ou non. Jusque maintenant le CD&V n’a jamais réussi à faire un choix.
Il y a quatre scénarios possibles : soit le CD&V décide de continuer sa stratégie actuelle, alors il semblerait qu’on aille vers des élections. Soit le CD&V entre dans un gouvernement sans la N-VA, ce qui ne semble pas vraiment être une option pour eux. On pourrait aussi décider de continuer la même stratégie que depuis janvier. Le roi nommerait une nouvelle personne pour écrire une nouvelle note et on donnerait l’illusion aux gens que c’est encore possible de trouver un terrain d’entente entre la N-VA et le PS.
Ou, et c’est selon moi la moins bonne des solutions, on prolonge le gouvernement Leterme. Ce qui ne consiste, en fait, qu’à reporter le problème. On ne résout rien et en plus on donne une image de stagnation encore plus forte qui sert la N-VA dans sa stratégie de pourrissement.
Laquelle de ses possibilités est la plus plausible à l’heure actuelle ? C’est difficile à dire. Ça va dépendre, entre autres, de l’évolution de la situation économique internationale. En tout cas, il semble presque impossible que le CD&V entre dans un gouvernement sans la N-VA. Le gros problème c’est que la N-VA ne veut pas entrer dans un gouvernement parce qu’il n’y aura jamais assez de réformes. De toute façon, même si la N-VA avait dit « oui mais » à la note Di Rupo, je ne pense pas qu’on serait arrivé à un accord.
Si la N-VA a demandé à Elio Di Rupo de réécrire la note, c’est parce qu’il a été surpris par les réactions négatives des autres partis et de la presse flamande en général. N’oublions pas qu’il a parlé de réécrire la note de manière… fondamentale. Ce qui veut dire, selon moi, que l’on n’aurait pas eu d’accord.
Comment expliquez-vous cette stratégie du CD&V qui bloque le pays ? Ce qui est absurde c’est que la note d’Elio Di Rupo aurait pû être écrite par un CD&V. Elle est typiquement CD&V dans le style, même si sur le fond elle est un peu plus à gauche. On savait déjà que le CD&V avait perdu sa personnalité sur le plan communautaire, aujourd’hui on peut se demander s’il ne l’a pas aussi perdue sur le plan socio-économique.
En interne, le CD&V reste un parti très divisé. Kris Peeters, le ministre-président de la Flandre, reste l’homme fort, car il n’a pas été touché par la défaite de 2010 puisqu’il n’y a pas participé. C’est lui qui définit la ligne du parti et il est farouchement opposé à entrer dans un gouvernement sans la N-VA. Depuis qu’il a échoué aux élections de 1999, le CD&V est perdu et ne sait plus quelle position adopter pour gagner des voix. C’est pour essayer de se renforcer qu’il a commencé à jouer sur le plan communautaire et a fait le cartel avec la N-VA. Mais aujourd’hui, il donne l’impression de ne plus être qu’un satellite du parti nationaliste.
Le Vif.be, Marie Gathon
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