Céline Tellier, ministre wallonne de l'Environnement.

Absence d’accord intra-belge sur le climat: « Les ministres ont refusé le chantage d’une Région »

La ministre wallonne de l’Environnement, Céline Tellier (Ecolo), représentant son collègue du Climat, Philippe Henry (Ecolo), retenu à Glasgow pour la COP26, a justifié au Parlement régional à Namur l’absence d’accord intra-belge sur la répartition des efforts climat à réaliser d’ici 2030. Elle a clairement chargé la Région flamande.

« Deux Régions sur trois, ainsi que le fédéral, ont pris des engagements ambitieux », a indiqué Mme Tellier, interrogée par Hélène Ryckmans (Ecolo) et François Desquesnes (cdH). « A Glasgow, ils (les ministres fédéral, wallon et bruxellois, ndlr) négocient âprement face aux lobbys et pays réfractaires. Et ces ministres ont refusé un chantage, celui d’une Région (flamande, ndlr) qui ne respecte pas les objectifs européens« , a-t-elle ajouté, saluant le « courage de refuser un accord au rabais, un accord qui n’en serait pas un. »

« Les ambitions flamandes sont à la baisse avec un refus d’aller au-delà d’une diminution des émissions de 40% d’ici 2030. Cette faible ambition est inacceptable », a appuyé Hélène Ryckmans, rappelant que les autres Régions et le fédéral ont affiché un objectif de diminution de 55% et que l’objectif européen a été fixé à 47% pour la Belgique.

Dans l’opposition, François Desquesnes a appelé à une reprise du dossier par le Comité de concertation. « J’appelle à ce que M. Di Rupo reprenne le dossier en main, avec les ministres-présidents et le Premier ministre. La logique des ministres du Climat n’a pas fonctionné. Il faut un vrai débat à l’échelle des chefs de gouvernements. » Le député humaniste a qualifié la situation d »incompréhensible ». « Nous n’avons même pas un début d’accord sur les aspects techniques. »

Le ministre wallon du Climat, Philippe Henry, qui préside actuellement la Commission nationale climat (CNC), a annoncé mardi qu’un accord intra-belge sur la répartition des efforts climat à réaliser d’ici 2030 ne pourra être trouvé à court terme, et a fortiori lors de la COP26 à Glasgow, en raison de positions encore trop éloignées entre les unes et les autres. D’aucuns avaient espéré qu’un accord sur le « burden sharing », du moins sur ses grandes lignes, aurait pu être dégagé avant Glasgow, voire dans le courant de la COP26, mais ce ne sera pas le cas. Une réunion entre les ministres concernés était d’ailleurs prévue mardi, mais elle a été postposée.

Alexander De Croo: les plans de chaque entité n’ont pas encore le même niveau de « qualité »

Le Premier ministre Alexander De Croo attend que les plans des différentes entités du pays aient atteint « le même niveau de qualité » avant de pouvoir aboutir dans la discussion sur la répartition des efforts climatiques, a-t-il expliqué jeudi à la Chambre en réponse à plusieurs questions.

Les trois Régions et le gouvernement fédéral ne sont pas parvenus à trouver un accord à Glasgow, où se déroule la COP26, sur le partage de l’effort en vue d’atteindre ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre. Parmi les nouveaux objectifs que la Commission européenne propose d’assigner à la Belgique, figure une réduction de 47% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 dans les secteurs non-ETS (transport, bâtiment, agriculture…).

A l’échelle de l’Union européenne, des discussions sont toujours en cours, a fait remarquer le chef du gouvernement. Selon lui, « il y a une logique » à ce que des discussions aient également lieu en Belgique.

L’opposition n’a pas pris le même ton rassurant. « Il y a de quoi être de plus en plus inquiet », a affirmé le député François De Smet (DéFI). « Vous ne pouvez pas banaliser cet échec », a dit Georges Dallemagne (cdH). « En Belgique, on a le record du nombre de ministres du Climat et ils ne parviennent pas à se mettre d’accord. On ne peut pas continuer comme ça », a souligné Raoul Hedebouw (PTB).

La discussion sur la répartition de l’effort se déroule actuellement au sein de la commission nationale climat dont les ministres des différentes entités assurent à tour de rôle la présidence. Le PS en a appelé au Premier ministre. « Que comptez-vous faire pour reprendre ce dossier en main et le faire aboutir? » a demandé Chanelle Bonaventure.

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