Les refuges sont submergés par les abandons d'animaux pendant les vacances © Eleonor Lukacsovics

Abandon : que dit le nouveau Code Wallon du Bien-être animal?

Stagiaire Le Vif

Le Code Wallon du bien-être animal est entré en vigueur le 1er janvier 2019. Il reconnait la sensibilité des animaux et interdit l’abandon d’un animal. Si les amendes sont désormais beaucoup plus lourdes, leur application est parfois compliquée à mettre en oeuvre.

En 2017, les refuges wallons ont recueilli près de 25 000 animaux. Une partie d’entre eux ont été déposés volontairement par leurs anciens maîtres. D’autres ont été trouvés dans la nature par des particuliers.

Depuis le 1er janvier, la Wallonie interdit d’abandonner son animal. Mais que se cache derrière cette interdiction?

Confier un animal à un refuge reste permis, car cet acte ne constitue pas un abandon. « Dans certaines situations (un décès, une séparation, etc), un particulier ne peut simplement par garder un animal. Il doit alors pouvoir être donné à un refuge », explique Mortimer Van Der Meeren, responsable des refuges de la Croix Bleue de Belgique.

Le nouveau code wallon du bien-être animal entend interdire l’abandon sauvage, « sans s’assurer du transfert direct de responsabilité« . Il est donc interdit d’abandonner son animal dans la nature, sans s’assurer qu’il soit pris en charge par un tiers ou une association.

Pour Sébastien De Jonge, directeur du refuge Sans Collier, cette disposition n’est pas une nouveauté. « L’abandon a toujours été interdit », explique-t-il. Le nouveau code augmenterait surtout la sévérité des sanctions. Celui qui abandonne son animal encourt désormais jusqu’à quinze ans de prison et dix millions d’euros d’amende. « Juridiquement, ça ne change rien. Mais c’est un signal fort« , poursuit le directeur.

Des sanctions parfois difficilement applicables

Il faut pour cela trouver le propriétaire de l’animal abandonné. Une tâche souvent complexe. Les animaux ne sont pas tous enregistrés. « Mais heureusement, certaines personnes sont suffisamment stupides pour abandonner un animal identifié à leur nom« , explique Sébastien De Jonge. Encore faut-il prouver qu’il s’agit bien d’un abandon. Une large majorité des animaux trouvés ont simplement fugué. A Sans Collier, la moitié des animaux recueillis sont déposés volontairement. L’autre moitié sont des animaux errants trouvés par des particuliers. Au total, une dizaine d’animaux sont effectivemment abandonnés. « C’est une minorité mais ça reste un problème« .

La nouvelle législation permettra de trouver plus facilement les propriétaires d’animaux errants. L’enregistrement et l’identification des chats sont obligatoires depuis le 1er novembre 2017. C’était déjà le cas pour les chiens.

Le directeur de Sans Collier note également qu’en matière de sanctions, certaines zones de police sont plus sensibilisées que d’autres au bien-être animal. La Région et les échevins communaux doivent, selon lui, faire un travail de sensibilisation auprès des polices. Les policiers, aptes à constater des infractions au code du Bien-être animal, ne se sentiraient pas toujours concernés par la problématique. « Certaines personnes nous disent qu’elles ont contacté la police pour des faits de maltraitance animale mais que les forces de l’ordre n’ont pas réagi« , soutient-il. »Les policiers ont surement des cas plus urgents à traiter mais la maltraitance animale est un acte criminel à sanctionner« .

Il observe néanmoins des changements dans les mentalités. « Les autorités réalisent qu’on ne peut plus fermer les yeux« . Il souligne en particulier les avancées en matière de détention d’animaux du nouveau code. Pour rappel, chacun peut, dès la majorité, posséder un animal mais les autorités pourront désormais retirer ce droit à tout moment. « Je pense que ça va réduire considérablement le trafic au sein des refuges et le nombre d’abandons. ça va changer notre quotidien ».

Nina Dautrebande

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