Une première séance marquée par la fronde des représentants socialistes. © PHOTO NEWS

26 novembre 1974 : le faux départ du parlement wallon

Journée importante au palais provincial de Namur. A 14 heures, les 62 membres du conseil régional wallon entament leurs travaux. L’heure est aux éloges et aux encouragements. Jacques Hambye, doyen des représentants, plaide ainsi pour que les habitants du sud du pays prennent conscience de la « nécessité d’une solidarité wallonne ».

Il invite l’assemblée à être efficace et crédible. Enfin, il proclame que l’événement marque  » la première manifestation tangible en Wallonie d’une profonde transformation des structures de l’Etat « . Joli discours. Mais les mots ne sont pas vraiment prophétiques. D’une part, parce que la séance va être marquée par un sérieux incident. D’autre part, parce que l’assemblée va se dissoudre au bout de quelques années à peine.

Petit retour en arrière. En 1970, une révision constitutionnelle réforme les structures du pays. A la demande de la Flandre, des Communautés culturelles sont créées. A la demande des francophones, des Régions voient le jour… sur le papier. Il faut attendre août 1974 pour que la loi Perin – Vandekerckhove crée des institutions régionales… provisoires. C’est ce qu’on appelle la  » régionalisation préparatoire « .

La Wallonie, la Flandre et Bruxelles reçoivent donc chacune un  » comité ministériel  » et un  » conseil régional « . On demeure toutefois très loin d’un modèle fédéral. Les conseils régionaux ne sont pas composés d’élus directs mais de sénateurs. Surtout, leurs compétences sont particulièrement réduites : ils sont seulement chargés, en quelques matières, de donner un avis sur les projets du gouvernement.

Revenons au 26 novembre 1974. Jacques Hambye vient à peine de terminer son discours qu’un brouhaha se fait entendre. Vingt-cinq représentants se lèvent et quittent la salle. Ce sont les socialistes. Explications ? Ils ne veulent pas  » se prêter à la mise en scène qui tend à faire croire que la régionalisation est en marche « . Accessoirement, relevons que les socialistes sont dans l’opposition au niveau  » national  » – et également absents du  » comité ministériel wallon « … C’est donc sans eux que la séance se poursuit. Le libéral Franz Janssens est élu à la présidence du conseil. Il présidera l’assemblée jusqu’en 1977. Au total, celle-ci se réunira à vingt-trois reprises. Chaque fois en l’absence des socialistes.

En 1977, les élections législatives en Belgique marquent le retour des socialistes au pouvoir. Dès le 20 juillet, une loi supprime le conseil régional wallon. L’objectif du nouvel exécutif : entreprendre une régionalisation définitive. En avril 1979, un exécutif régional wallon voit le jour. Mais il n’y a toujours aucune assemblée représentative ! En mai, l’exécutif régional convoque – de manière informelle – les parlementaires  » nationaux  » provenant de la Région wallonne. La séance se tient… en l’absence des libéraux, qui condamnent la procédure. Au final, ce n’est qu’en octobre 1980 que le  » conseil régional wallon  » new-look – le véritable ancêtre du parlement wallon actuel – tiendra sa première séance officielle. Cette fois, personne ne la boycottera.

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