Bart De Wever à nouveau en maître du jeu. © THOMAS SWEERTVAEGHER/ID PHOTO AGENCY

2019, l’année où la N-VA hoqueta

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Bousculés dans les urnes par le Vlaams Belang, les nationalistes flamands aux affaires engagent la Flandre à se prendre un peu plus encore pour une nation.

Tout passe, tout casse, tout finit par lasser. Dimanche 26 mai 2019, Sunday Bloody Sunday : loin d’être mortel, le coup électoral porté à la N-VA est néanmoins rude. La domination du toujours premier parti de Flandre perd de son insolence et son grand timonier Bart De Wever un peu de sa superbe.

Que le colosse nationaliste flamand dévoile des pieds d’argile n’attriste que partiellement le flamingant/indépendantiste le plus endurci. Son coeur bat la chamade en découvrant du même coup la résurrection du Vlaams Belang, qui revient en grâce et revient de loin. Le nationalisme flamand qui prend ses quartiers à la Chambre sous ses deux versions pèse désormais 44,1 % des voix en Flandre et aligne quarante-deux députés. Cinq ans durant, vingt-quatre élu(e)s N-VA vont sentir sur leur nuque le souffle rauque de dix-huit de leurs cousin(e)s.

N-VA – VB, même combat ? Leurs longs conciliabules post-électoraux au niveau flamand accréditent le soupçon avant que le négociateur Bart De Wever ne tourne le dos à l’extrême droite, non sans que tout ce petit monde paraisse se quitter plus ou moins bons amis. Groen sur la touche, retour à la recherche d’une entente entre vaincus : CD&V, Open VLD ou SP.A, l’incontournable N-VA a l’embarras du choix. L’accouchement du gouvernement, inhabituellement long, tiendra en haleine le citoyen flamand 127 jours durant.

Va pour une suédoise ( N-VA – CD&V – Open VLD). Qui nourrit l’ambition de  » Make Vlaanderen Great Again « , de rendre le Flamand encore plus fier de l’être et toujours plus conscient d’appartenir à une nation. Un programme aux penchants identitaires l’aidera à configurer son logiciel dans le sens souhaité avec, en bonus, la prochaine livraison d’un  » canon  » historique et culturel voué à lui remémorer son glorieux passé. Surtout, le salut du nord du pays passera par un nouveau coup de barre à droite. Et par un sas à l’intégration plus étroit. Avis aux allochtones candidats : se sentir admis en Flandre se méritera plus que jamais. Au parlement flamand, plongé dans la lecture de la déclaration de politique régionale, Jan Jambon (N-VA), sous sa livrée de ministre-président, a commenté la hauteur à laquelle est placée la latte :  » Le ticket d’accès à notre communauté sera plus coûteux, c’est vrai. Mais tout individu, une fois inclus dans notre communauté, sera l’équivalent d’un citoyen flamand.  » Vlaams Belang, sors de ce corps ?

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