Mogi Bayat, agent de joueurs le plus puissant du football belge, va devoir rendre des comptes. © belgaimage

2018, l’année noire du football belge

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le footgate a démantelé un système qui gangrenait notre championnat entre matchs arrangés, agents de joueurs surpuissants et arbitres corrompus.

Le 10 octobre 2018 restera à jamais une journée noire pour le football belge. Ce matin-là, à la pointe de l’aube, pas moins de 220 policiers mènent un coup de filet sans précédent pour démanteler un système qui gangrène notre championnat. Ce n’est certes pas la première fois qu’une enquête est menée au sujet de tricheries dans le sport le plus populaire du Royaume. Mais cette fois, de gros poissons sont visés. Les unités spéciales de la police fédérale interviennent de façon spectaculaire au domicile de Mogi Bayat, ancien directeur général du Sporting de Charleroi, devenu l’agent de joueurs le plus puissant du pays. Comme dans un polar, des policiers cagoulés défoncent la porte et placent un révolver sur la tempe de son épouse, dénoncera son avocat, Jean-Philippe Mayence.

Tous les ténors du barreau sont mobilisés. Parmi la trentaine de personnes interpellées, outre Bayat qui restera en détention préventive durant qurante-neuf jours, il est vrai qu’il y a du beau linge : Dejan Veljkovic, agent de joueurs actif en Europe de l’Est, qui deviendra le premier repenti de l’histoire de la justice belge ; Ivan Leko, entraîneur de Bruges ; Herman Van Holsbeeck, ex-manager d’Anderlecht, vite relâché ; Sébastien Delferière et Bart Vertenten, deux des meilleurs arbitres belges, désormais interdits de siffler au plus haut niveau… Les chefs d’inculpation ? Il est question d’organisation criminelle, de blanchiment d’argent et de matchs truqués. Dans le collimateur, la fin du championnat 2017-2018, dont le match FC Malines-Waasland Beveren.

L’enquête est en cours. Débouchera-t-elle sur de lourdes condamnations, en slalomant entre les tentatives de dénoncer des vices de procédure ? C’est toute la question.  » Ce footgate est devenu le procès de l’argent « , dénonce Mehdi Bayat, frère de Mogi et patron de Charleroi, à Sport Magazine.  » Ce qui arrive aujourd’hui n’est qu’un début « , estime au contraire Pierre François, CEO de la Pro League. Selon lui, des mesures doivent être prises. Le ministre MR Denis Ducarme annonce une réforme du métier d’agent. Et un groupe de travail est mis en place sous la présidence de l’ancien ministre de la Justice, Melchior Wathelet senior. Va-t-on bel et bien nettoyer les écuries ?

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