Olivier Deleuze, fondateur d'Ecolo, et Christos Doulkeridis, élu bourgmestre d'Ixelles, à Bruxelles. © LAURIE DIEFFEMBACQ/Belgaimage

2018, année de la « vague verte »

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Elles étaient attendues, leur résultat aura été inattendu, et les communales auront ouvert une autre attente, celle des élections générales du 26 mai 2019.

Les communales du 14 octobre, en Belgique francophone, ont teinté le paysage municipal de vert et de rouge foncé. Tandis qu’en Flandre dominent le jaune et le noir, ragaillardi pour l’occasion. Le vainqueur du jour était Ecolo, identifié dès la fin de l’après-midi et la publication des premiers résultats partiels. En croissance très forte à Bruxelles, le parti coprésidé par Zakia Khattabi et Patrick Dupriez allait conquérir les mayorats d’Ixelles et de Forest, et entrait dans les majorités communales de Bruxelles-Ville, Anderlecht, Saint-Gilles, Uccle, Koekelberg, Auderghem et Jette.

Avec les majorités sortantes prolongées (Watermael-Boitsfort, Schaerbeek, Woluwe-Saint-Pierre, etc.), Ecolo marquait donc presque un strike en Région bruxelloise, malgré son expulsion du collège molenbeekois et les tensions à Saint-Josse-ten-Noode. En Wallonie, où la progression électorale aura été moins forte qu’à Bruxelles, mais puissante tout de même, ce sont surtout dans les grands collèges hennuyers que baignera la « vague verte »: les socialistes Paul-Olivier Delannois à Tournai, Nicolas Martin à Mons, Bruno Lefèbvre à Ath, Jacques Gobert à La Louvière et Paul Magnette à Charleroi se sont tous alliés avec Ecolo, tandis qu’en province de Liège, les portes des plus significatives maisons communales (Liège-Ville, Verviers, etc.) leur sont restées fermées. L’enjeu désormais pour un parti vert qui manquait depuis sa création d’un réseau d’élus locaux est de faire fructifier ce nouveau capital local. La tâche en incombera à Jean-Marc Nollet, choisi par Zakia Khattabi pour remplacer un Patrick Dupriez qui, dans la foulée de ce triomphe inédit, annonçait vouloir prendre du recul.

La « vague verte » a surtout submergé les digues bleues, à Bruxelles en particulier. Si bien qu’une vaguelette de mécontentement a traversé le Mouvement réformateur, où, comme dans les joyeuses années, les micheliens de Bruxelles taxèrent Didier Reynders de négligence, tandis que les reyndersiens de partout attribuèrent à l’impopularité de Charles Michel la responsabilité du léger reflux électoral et du beaucoup plus substantiel dégagement des collèges des grandes villes, hormis Liège, Verviers et Namur. Dans le Hainaut, le président Olivier Chastel n’aura pu sauver que l’accord provincial.

L’état du Parti socialiste se voit comme en miroir: le PS réalise le pire résultat de son histoire (25% au total des cinq provinces wallonnes), et ne conquiert qu’une commune importante, Molenbeek. Mais il sauve la mise dans ses grands bastions urbains, de Bruxelles-Ville à Seraing, en passant par Mons, où la transition entre Elio Di Rupo et Nicolas Martin s’est douloureusement opérée, Charleroi (où Paul Magnette dépasse les 22.000 voix de préférence) et Verviers. Les patrons du parti n’ont donc pas eu trop de mal à faire croire que le cap avait été passé sans trop de problème, y compris en interne.

Plus loin des grandes villes encore, le CDH, qui s’était lancé, avec cette manière de systématisme que peuvent prendre les injonctions bastognardes, dans la constitution de listes citoyennes, a poursuivi un déclin marqué dans les zones urbaines, Mouscron et Namur exceptées. A Bruxelles, Liège, Charleroi et Mons en particulier, les perspectives orangées sont sanguines. Mais comme à Bastogne le président Benoit Lutgen a conservé haut la main une majorité absolue que seuls certains observateurs croyaient menacée par la liste menée par son frère, Jean-Pierre Lutgen, la défaite a semblé moins violente. C’est l’Ardenne qui cache la forêt.

Par rapport à certains sondages qui les annonçaient haut placés, PTB et DéFI ont déçu. Le premier parce qu’il n’a pas voulu, présentant moins de listes en Wallonie et à Bruxelles qu’en Flandre pour ne pas encore plus déséquilibrer un parti encore national et dirigé depuis Anvers. Le second parce qu’il n’a pas pu, notamment en Wallonie où, à quelques exceptions près, comme à Namur ou à Fleurus, il reste confiné à la marginalité.

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