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14 mars 1985 : la Belgique dit « oui » aux missiles

Le Vif

C’est la fin d’un faux suspense. Et d’un vrai feuilleton. Le 14 mars 1985, le gouvernement belge marque son accord à l’installation de fusées nucléaires sur son territoire. Une décision inévitable mais aussi largement controversée.

Petit retour en arrière. En 1977, les Soviétiques installent des SS-20 en Europe centrale et orientale. Il s’agit de missiles de moyenne portée, susceptibles d’atteindre… les bases de l’Otan en Europe. La réaction occidentale est immédiate. Elle est double aussi. D’une part, l’Alliance négocie avec l’URSS afin d’obtenir le retrait des engins ; d’autre part, elle programme le déploiement de missiles américains en Europe. La Belgique est directement concernée : des fusées pourraient être installées sur son territoire !

Branle-bas de combat à Bruxelles. Alors que la politique étrangère fait généralement l’objet d’un large consensus, les positions se clivent cette fois. D’un côté, emmenés par le ministre des Affaires étrangères Leo Tindemans, il y a les réalistes. Pour eux, l’équilibre stratégique impose un renforcement militaire de l’Occident. En face, guidés par Louis Tobback, on trouve les idéalistes. Essentiellement de gauche, ils considèrent que la course effrénée aux armements ne peut déboucher sur la paix.

Ce n’est pas tout : la population elle-même s’intéresse à l’affaire. Et se divise elle aussi. En octobre 1983, plus de 300 000 personnes défilent contre les missiles ! Jamais, en Belgique, un tel mouvement de paix n’a été observé. Electoralement, les pacifistes pèsent lourd…

Entre 1979 et 1985, les gouvernements se succèdent. Ambigus, hésitants, prisonniers, ils tentent inlassablement de gagner du temps. Paradoxaux aussi : alors qu’ils font mine d’hésiter, les travaux d’infrastructure en vue d’installer les engins sont déjà envisagés. Il faut dire que si la Belgique veut rester un partenaire fiable, elle n’a en fait pas le choix. Le 14 mars 1985, le gouvernement marque enfin son accord officiel. Dans les heures qui suivent, les avions transportant les fusées décollent des Etats-Unis pour gagner la Belgique.

Vincent Delcorps

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