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Lightyear 0: la première voiture électrique à énergie solaire

Le Vif

À la fin du mois de novembre, la production en série de la première voiture électrique à énergie solaire a débuté à Uusikaupunki, en Finlande. La Lightyear 0 est le fruit du travail de cinq anciens étudiants de la TU Eindhoven qui ont remporté le World Solar Challenge en Australie en 2013 et 2015. L’avenir nous dira s’ils réussiront également en tant qu’entrepreneurs.

Aperçu des faits. Cinq étudiants en ingénierie de la TU Eindhoven ont remporté le World Solar Challenge dans la catégorie «Cruiser Class» en 2013 et 2015. Leur Stella est une voiture familiale à propulsion électrique avec des panneaux solaires intégrés. L’accent est mis sur l’efficacité énergétique: ce n’est pas la vitesse mais le nombre de kilomètres parcourus avec une batterie pleine qui détermine le résultat. Sur le chemin du retour d’Australie aux Pays-Bas, une lueur s’allume pour le chef d’équipe Lex Hoefsloot et ses compagnons. Si des panneaux solaires sur le toit d’une maison ont un sens, il en va de même pour les panneaux solaires intégrés au toit d’une voiture électrique. Elle peut ainsi se recharger en roulant ou même à l’arrêt, dispose d’une autonomie pratiquement infinie et ne dépend pas du réseau électrique. Il suffit que la voiture soit exposée à la lumière du jour.

Lex Hoefsloot
Lex Hoefsloot © National

200 millions levés

De retour au pays, l’idée d’une mobilité propre pour tous et partout ne les abandonne pas. Ils commencent à chercher des soutiens et des partenaires pour leur projet, mais ne trouvent pas d’oreille attentive auprès des marques automobiles. En 2016, ils ont donc fondé leur propre entreprise. En 2019, Lightyear présente un premier prototype et trois autres années plus tard, la Lightyear 0 sort de la chaîne de montage à Uusikaupunki, en Finlande. La start-up compte aujourd’hui plus de 600 employés, un mélange de jeunes talents et de noms ronflants de l’industrie automobile et technologique. Parmi eux, d’anciens employés de Ferrari, McLaren et Tesla, séduits par ce projet pionnier et désireux d’apporter leur contribution à sa réalisation.

La voiture victorieuse du Solar Team de 2013.
La voiture victorieuse du Solar Team de 2013. © National

Depuis, Hoefsloot et son équipe ont levé près de 200 millions auprès de sociétés d’investissement et de particuliers qui croient en la valeur ajoutée de l’énergie solaire pour les voitures électriques. Ils sont en outre fortement impressionnés par le winning spirit des fondateurs et sont convaincus des chances de succès de cet ambitieux projet. Un cœur à cœur avec les Cinq de Helmond et leur personnel.

Dites juste Lex

Dans le centre de recherche et de développement de Lightyear, sur l’Automotive Campus à Helmond, le va-et-vient de jeunes hommes pressés, en jeans, avec leurs ordinateurs portables à portée de main est ininterrompu. Tout le monde s’adresse à chacun par son prénom, y compris Lex Hoefsloot, lui-même âgé de trente et un ans. Le leader du Solar Team victorieux à l’époque dirige aujourd’hui l’entreprise de haute technologie qui a mis au point la première voiture de série fonctionnant à l’énergie solaire.

Ce qui semble être une mission impossible pour une personne extérieure tombe sous le sens pour le PDG Hoefsloot. «Nous captons l’énergie dégagée par le soleil et la convertissons en électricité, une électricté qui alimente ensuite les moteurs électriques. L’un découle de l’autre. Par temps ensoleillé, la Lightyear 0 absorbe plus d’énergie qu’elle n’en consomme. Si vous vivez en Espagne, vous aurez besoin de recharger au maximum deux ou trois fois par an à une borne de recharge. En Belgique ou aux Pays-Bas, où les journées sont moins ensoleillées, il faudra le faire deux fois plus souvent.

En fonction des conditions de conduite et des conditions météorologiques, la Lightyear 0 dispose d’une autonomie effective de 390 à 820 kilomètres. L’énergie qu’elle puise dans les 5 mètres carrés de panneaux solaires lui garantit une autonomie de 70 kilomètres. Dans la plupart des cas, cela suffit pour les déplacements domicile-travail. Pendant la conduite ou même à l’arrêt dans un parking en plein air, la lumière du soleil assure le renouvellement permanent de l’alimentation électrique.»

La technologie fonctionne

Je vous épargnerai les explications techniques sur le fonctionnement de la conversion de l’énergie solaire en électricité, mais l’équipe Solar Team a prouvé que cela fonctionne. Entre-temps, les représentants de la TU Eindhoven ont également remporté les éditions 2015, 2017 et 2019 du World Solar Challenge et les prototypes de la Lightyear 0 ont satisfait à tous les tests obligatoires de conduite et de crash.

Alors que les modèles de préproduction sont fabriqués à la main aux Pays-Bas, la production en série de la Lightyear 0 a lieu dans l’usine de Valmet Automotive à Uusikaupunki, à trois heures de route de la capitale finlandaise Helsinki. Valmet existe depuis 1968 et assemble des petites séries de modèles de niche pour le compte de grandes marques allemandes. L’entreprise dispose d’un savoir-faire et d’une expérience précieux dans la production de véhicules électriques et produit également elle-même des batteries, en coopération avec la société chinoise CATL. Le fabricant de batteries est copropriétaire de Valmet depuis 2017.

L’énergie solaire, une valeur ajoutée

Si le projet se transforme en succès, il est envisageable que la production du successeur de la Lightyear 0 soit transférée à Born, aux Pays-Bas. Le lancement d’un crossover compact à énergie solaire est prévu pour début 2025. Son design prend progressivement forme. La Lightyear 2 devrait coûter à partir de 30 000 euros et devrait constituer la percée finale de la voiture solaire. Ceux qui achètent une Lightyear 0 aujourd’hui devront payer 250 000 euros. Les 150 early adopters ont payé 150 000 euros chacun.

«Comme tout est nouveau sur la Lightyear 0, nous avons dû développer d’abord toutes les pièces, puis les produire en édition très limitée. Cela a coûté non seulement beaucoup de temps mais surtout beaucoup d’argent. Chaque pièce doit répondre à des critères stricts en matière de durabilité et d’efficacité énergétique, ce qui permet d’obtenir un petit pourcentage de gain à gauche et un petit pourcentage de gain à droite. En fin de compte, les petits ruisseaux font les grandes rivières!»

Cela va de l’utilisation de panneaux solaires à double courbure et de composants fabriqués à partir de matériaux légers à l’intégration de moteurs électriques compacts dans les quatre roues de la voiture et au remplacement des rétroviseurs extérieurs par de petites caméras. En conséquence, la Lightyear 0 ne pèse que 1 575 kg, soit deux fois moins que la BMW i7 et, avec un coefficient de résistance à l’air de 0,175, elle est la voiture de série la plus aérodynamique au monde. Le design est signé de notre compatriote Lowie Vermeersch. Le faible poids et la faible résistance à l’air se traduisent par une consommation sensationnellement basse de 8,3 kWh/100 km, de sorte qu’une batterie plus petite et de moindre capacité garantit tout de même une autonomie très généreuse. Selon le climat, les conducteurs peuvent parcourir jusqu’à 11 000 kilomètres par an grâce à la puissance du soleil.

Lightyear 0 - v3
Lightyear 0 – v3 © National

Hoefsloot: «En Belgique et aux Pays-Bas, l’énergie solaire permet de produire environ 60% du kilométrage annuel moyen. Étant donné que la Lightyear 0 utilise deux à trois fois moins d’énergie par kilomètre qu’une voiture électrique comparable, vous avez besoin d’environ 80% d’énergie en moins venant du réseau.»

Objectifs divergents

«Pour parler clairement, nous ne sommes pas concernés par la construction d’une énième version d’une voiture électrique. Nous considérons l’énergie solaire comme une valeur ajoutée qui augmente considérablement l’autonomie d’une voiture électrique et réduit fortement sa dépendance vis-à-vis du réseau. Cela rend la conduite de voitures électriques accessible à tous et possible partout. De cette manière, nous pouvons ralentir l’avancée du changement climatique. C’était, c’est et cela restera notre point de départ. C’est ainsi qu’à notre retour d’Australie, nous avons été déçus de constater que nos idées ne trouvaient pas d’écho auprès des marques automobiles existantes. Rétrospectivement, cela a peut-être à voir avec la différence d’objectif. Nous voulions contribuer à la planète, ils voulaient vendre plus de voitures. Entre-temps, nous sommes en bons termes avec la plupart des constructeurs, et nous travaillons même avec quelques marques de niche. Comme nous recevons régulièrement des prix internationaux pour nos travaux innovants, nous sommes devenus un interlocuteur et un partenaire commercial apprécié. Entre autres, LeasePlan a passé une commande de 5 000 unités de la Lightyear 2. La société de leasing veut la proposer à ses clients sous forme d’abonnement à partir de 2025. Les choses évoluent donc dans le bon sens. Croyez-moi, un monde avec ou sans Lightyear fait une différence énorme.»

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