Carte actuelle du sud de l'Europe et de la Méditerranée. © iStock

Un continent millénaire englouti sous l’Europe refait surface

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

Des géologues ont reconstitué l’histoire d’un continent disparu depuis plus d’une centaine de millions d’années, baptisé Grand Adria.

Avez-vous déjà passé des vacances dans la région méditerranéenne, ou même profité d’une longue randonnée au coeur de la ceinture montagneuse qui entoure la mer Adriatique ? Il est alors fort probable que vous ayez foulé les anciens vestiges d’un continent aujourd’hui disparu. Car si notre planète compte actuellement six continents, ce ne fut pas toujours le cas.

Autrefois, les terres étaient reliées en plusieurs supercontinents, qui ont fini par se morceler et s’entrechoquer pour donner naissance aux continents actuels. L’histoire d’un de ces fragments perdus, englouti sous le sud de l’Europe depuis plus de 100 millions d’années, refait aujourd’hui surface. Son nom ? Grand Adria (NDLR : Greater Adria en anglais).

Reconstruction du continent
Reconstruction du continent « Grand Adria », il y a 140 millions d’années.© Douwe van Hinsbergen – Université d’Utrecht

Aussi grand que le Groenland

Son histoire remonte à il y a 240 millions d’années. A l’époque, il existait deux supercontinents, formés après la dislocation de la Pangée : au nord, on retrouve Laurasie (qui correspond aujourd’hui à l’Europe, l’Amérique du Nord et une partie de l’Asie), plus au sud, on a le Gondwana (d’où sont issus l’Afrique, l’Amérique du Sud, l’Antarctique, l’Océanie, le sous-continent indien et le monde arabe).

Le Grand Adria s’est formé à partir de morceaux du Gondwana, qui se sont agrégés au fil du temps et dirigés vers le nord. À mesure que les plaques rocheuses se déplaçaient, ce continent a fini par être englouti suite à un impact avec l’Europe. Le choc a disloqué Grand Adria, qui s’est alors enfoncé sous le manteau terrestre européen. Selon un rapport publié par des géologues, Grand Adria s’étend sur une large surface qui représente actuellement la taille du Groenland.

Seules quelques traces de ces ruines continentales demeurent aujourd’hui : des roches trop légères ont en effet résisté à ces mouvements brutaux. Douwe van Hinsbergen, géologue de l’Université d’Utrecht, et ses collègues ont étudié des roches encore visibles dans la chaîne montagneuse entourant la mer Adriatique. Pendant une dizaine d’années, ils ont collecté des échantillons dans plusieurs pays et les ont analysés afin d’en découvrir l’âge, l’origine et la façon dont les roches se sont formées.

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« Un bordel géologique »

Étudier l’histoire des plaques tectoniques de la région est un travail compliqué. Même si le monde scientifique dispose d’une certaine connaissance,« la région méditerranéenne est tout simplement un bordel géologique. Tout est courbé, cassé et empilé », témoigne à Science Mag Douwe van Hinsbergen. Bref, un véritable puzzle que les géologues se doivent de résoudre. Pour ce faire, l’équipe de chercheurs a utilisé un logiciel appelé Gplates, prenant en compte de nombreux paramètres.

« Chaque pays a sa propre étude géologique, ses propres cartes, ses propres histoires et ses propres continents« , a expliqué l’expert à LiveScience. Avec cette étude, « nous avons assemblé toutes les pièces en une seule grande image ».

Ce continent oublié n’est d’ailleurs pas le seul à avoir laissé des traces. Des scientifiques sont récemment partis à la découverte d’une autre terre engloutie, qui se cache dans la mer du Nord : le Doggerland.

En images : Formation et destruction de Grand Adria

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