Le Français Gérard Mourou, coinventeur de la CPA. © PHILIPPE LOPEZ/belgaimage

Rétro 2018: vers la fin des déchets nucléaires?

Rosanne Mathot
Rosanne Mathot Journaliste

C’est peut-être la meilleure nouvelle scientifique de l’année. Alors que, jusqu’à présent, personne ne savait comment gérer efficacement les déchets nucléaires, voilà qu’une solution lumineuse émane de la CPA, l’une des deux inventions récompensées, cette année, par le prix Nobel de physique.

Elle a été faite au début des années 1980, la découverte récompensée par le comité Nobel. Mise au point par le Français Gérard Mourou et la Canadienne Donna Strickland, l’amplification par étalement et recompression des impulsions, alias CPA (pour Chirped Pulse Amplification, en anglais) est une technique laser qui utilise des impulsions optiques hypercourtes et de très grande puissance, ce qui fait que la matière n’a pas le temps de chauffer : elle est comme figée.

Or, dès lors que la matière est figée, il est possible d’en  » couper  » des  » morceaux « , bien proprement. Ainsi, si l’on considère un noyau atomique (composé de neutrons et de protons), le laser peut, par exemple, ôter un neutron, ce qui va modifier la nature même de l’atome. La durée de vie des déchets nucléaires peut donc être fondamentalement bouleversée : d’un million d’années, elle peut passer à seulement une demi-heure. Une collaboration entre Mourou et le CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, en France), a été annoncée pour industrialiser cette technique efficace, qui devrait être mise sur le marché d’ici à une dizaine d’années.

Une bonne nouvelle pour la Belgique, qui a décidé de sortir du nucléaire en 2025 et qui ne sait que faire de ses déchets, dont certains ont une durée de vie de 240 000 ans. Jusqu’en 1983, elle a largué ses déchets dans l’Atlantique Nord : 29 731 tonnes. L’Atlantique Nord est une poubelle nucléaire, utilisée aussi par le Royaume-Uni, la Suisse et les Etats-Unis. Depuis 1983, la Belgique stocke ses déchets sur son sol, l’idée d’un enfouissement à Dessel-Mol ayant été rejetée par le gouvernement. Reste que, pour imposer le stockage géologique, l’Ondraf (Organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies) continue de travailler, à 225 mètres sous terre, dans son labo de Mol, Hades. Un labo au nom du gardien des enfers.

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