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Quel est le secret des personnes chanceuses ?

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

De tout temps, les humains ont été superstitieux et ont tenté d’éloigner le mauvais sort. À toutes les époques, ils ont tenté de contrôler, voire d’optimiser leurs chances. Et si c’était beaucoup plus simple que ça ?

Une seconde de malchance peut suffire à anéantir des années de travail, tandis qu’un coup de chance peut transformer une vie entière. Est-il vraiment possible de faire tourner la chance à votre avantage ? Oui, selon le psychologue Richard Wiseman interrogé par la BBC.

Durant 10 ans, il a réalisé une étude sur la science de la chance. Lors d’une expérience, il a demandé à deux groupes de personnes de regarder un journal et de compter le nombre de photos publiées.

En moyenne, le groupe de personne se pensant non-chanceuses, a mis deux minutes pour compter toutes les images. Tandis que le groupe de personnes se pensant chanceuses n’a mis que quelques secondes. Comment est-ce possible ?

Simplement parce que sur la deuxième page du journal, figurait un message en caractère gras disant : « ARRÊTEZ DE COMPTER, IL Y A 43 PHOTOS DANS CE JOURNAL ». Il semblerait que les personnes « chanceuses » étaient plus ouvertes aux opportunités que celles qui ont scrupuleusement compté les images.

« Il y a quatre principes psychologiques qui distinguent les gens chanceux des non chanceux », selon Richard Wisemen. « Tout d’abord, les personnes chanceuses sont plus ouvertes aux opportunités, les repèrent plus facilement et savent en tirer le maximum. Ensuite, elles ont tendance à être plus optimistes. Elles vont de l’avant et s’attendent au meilleur. Il y a aussi des différences en termes d’intuition. Les personnes chanceuses ont tendance à avoir des coups de chance et à faire confiance à leur intuition. Et finalement, elles sont plus résilientes. Quand cela se passe mal, elles sont douées pour transformer les échecs en opportunité ».

La grande différence réside donc dans ce qu’elles pensent et comment elles se comportent. Cependant, s’il est vrai que lorsque vous vous entrainez dur, vous avez plus de chance de remporter une compétition sportive, certains facteurs extérieurs indépendants de votre volonté peuvent ruiner vos chances.

« Il serait faux de penser que l’entière chance ou la malchance de quelqu’un dépend de ce qu’il pense ou de la manière dont il se comporte », affirme le psychologue. « Si nous évoquons les personnes qui ne réussissent pas ou qui ne sont pas heureuses, il serait faux de penser que c’est uniquement leur faute. Cela peut dépendre d’où elles sont nées, de l’entreprise dans laquelle elles ont évolué ou d’une maladie, d’un accident, etc. Il faut prendre tous ces facteurs en compte », dit-il.

En 2012, lors de sa campagne électorale, Barack Obama avait fait polémique lorsqu’il avait affirmé : « Si vous avez du succès, vous n’y êtes pas arrivé seul. Si vous avez réussi, c’est qu’on vous a aidé ».

Il a ainsi mis le doigt sur un facteur clé concernant la chance. Il existe des travailleurs acharnés, ou des optimistes qui ne rencontrent jamais le succès et qui manquent de chance.

La petite phrase d’Obama a ouvert une brèche. Pour beaucoup, cela a été vu comme une insulte à l’éthique américaine du travail et à l’idée que le succès s’acquiert par le mérite.

L’économiste Robert Frank affirme également que « le talent et le dynamisme vous emmèneront loin, mais la chance et les opportunités jouent également un grand rôle ».

« Si vous être une personne travailleuse et talentueuse, c’est grâce à l’environnement dans lequel vous avez grandi et des gènes dont vous avez hérité. On peut donc dire que vous êtes chanceux de posséder ces caractéristiques », affirme-t-il.

Qu’en est-il des personnes qui travaillent dur ? « Ce que nous savons c’est que déployer des efforts est plus difficile dans certaines circonstances. Cela demande une volonté herculéenne pour aller de l’avant et faire face à tous les revers l’un après l’autre ».

« Or, si vous êtes une de ces personnes à qui on a enseigné, que seul votre tempérament va déterminer si vous allez persévérer, je pense que vous serez plus enclin à vous assoir et voir ce qui se passe. Si au lieu de ça, vous êtes persuadé d’être le capitaine de votre destin et pensez : « c’est à moi de faire en sorte que cela arrive », vous avez plus de chance de persévérer face à une série de revers ».

Cela confirme que les personnes chanceuses et non chanceuses se distinguent en fonction de la manière dont elles pensent. Il y aurait donc un espoir de changement.

« Je pense que chacun a la capacité et la possibilité de devenir plus chanceux », affirme le psychologue. « Il suffit de réaliser qu’une bonne partie des coups de chance sont dû à la manière dont vous pensez et dont vous vous comportez. Il faut comprendre l’état d’esprit des personnes chanceuses pour attirer plus de chance dans votre vie », conclut Richard Wiseman.

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