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Pourquoi l’espèce humaine est-elle la seule à avoir survécu ?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Il y a deux millions d’années en Afrique, plusieurs espèces ressemblant à des créatures humaines faisaient partie du paysage. Certains étaient similaires entre eux, d’autres avaient des caractéristiques distinctes. Pourquoi sommes-nous la seule espèce avoir survécu ?

Il faut avant tout savoir que l’extinction est une étape normale de l’évolution. Ce n’est donc pas une surprise que certains hominidés aient disparu. Mais ce n’est pas pour ça qu’il n’y avait, dès le départ, de place que pour une seule espèce d’humain. A l’heure actuelle, nos plus proches parents vivants sont les grands singes.

Certaines pistes peuvent expliquer pourquoi nos ancêtres ont mieux résisté que les autres espèces, explique la BBC.

Trois autres espèces d’hominidés

Jusqu’il y a 30.000 ans, notre espèce partageait encore la planète avec trois autres espèces : l’Homme de Néandertal en Europe et Asie occidentale, l’hominidé de Denisova en Asie et l’Homme de Florès de l’île de Florès en Indonésie.

Les Hommes de Florès ont survécu jusqu’à il y a 18.000 ans. Ils auraient été anéantis par une grande éruption volcanique si on en croit les preuves géologiques dans la région. Nous n’en savons pas assez sur les hominidés de Denisova pour savoir la raison de leur extinction. En revanche, nous en savons plus sur les Hommes de Néandertal, car nous les étudions depuis plus longtemps. Pour savoir pourquoi nous sommes la seule espèce restante, il faut également comprendre pourquoi ces derniers se sont éteints.

Pourquoi l'espèce humaine est-elle la seule à avoir survécu ?
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Les Hommes de Néandertal ont vécu en Europe bien avant que les Hommes modernes y arrivent, suffisamment pour s’adapter au climat. Ils portaient des vêtements chauds, étaient de redoutables chasseurs et avaient confectionné des outils en pierre.

Mais l’Homme de Néandertal a dû lutter contre un rapide changement climatique. Le climat, devenu plus froid, a changé le paysage dans lequel il vivait et il n’y a pas adapté ses techniques de chasse, contrairement aux Hommes modernes qui, bien que moins bons chasseurs, ont commencé à chasser une plus grande variété d’espèces animales.

« L’homme moderne semblait pouvoir accomplir plus de choses quand il était sous pression », explique John Stewart de l’Université de Bornemouth . Cette habilité à innover et à s’adapter peut expliquer pourquoi nous avons remplacé l’Homme de Néandertal. Il y aurait quelque chose d’intrinsèque à l’Homme moderne qui l’a aidé à s’adapter si vite.

Art symbolique et échange d’informations

Il y a autre chose qui nous a permis de dépasser les autres espèces : l’art symbolique.

Peu de temps après que l’Homme moderne a quitté l’Afrique, il y a eu des preuves qu’il pratiquait certaines formes d’art, retrouvées par des archéologues : ornements, bijoux ou encore des instruments de musique.

L’un des exemples les plus frappants est une sculpture en bois d’un homme-lion retrouvée dans une grotte en Allemagne. Des sculptures similaires datant de la même période ont été retrouvées ailleurs en Europe. Cela suggère un partage d’information entre les groupes culturels des différentes régions. En d’autres mots, les symboles et l’art ont servi de « colle sociale ».

Sculpture d'un homme-lion
Sculpture d’un homme-lion© Capture d’écran Youtube

A contrario, l’Homme de Néandertal n’avait pas l’air d’avoir besoin d’art ou de symboles

Pourtant, l’échange d’informations symboliques a été crucial pour la réussite et la survie de l’Homme moderne. Grâce à cela, chaque nouvelle idée a la chance de devenir immortelle en étant transmise à travers les générations.

Plus gros cerveau ou changement génétique ?

Est-ce que tout cela est dû à notre « gros cerveau » ? Notre cerveau peut certes avoir joué un rôle mais les Hommes de Néandertal avaient des cerveaux tout aussi proportionnels par rapport à leur corps que nous.

Selon Jean-Jacques Hublin, de l’Institut Max-Planck, d’Anthropologie évolutive, la réponse se trouve plutôt du côté de la génétique. Notre comportement et les conditions de vie peuvent changer notre condition génétique. Par exemple, la plupart des Européens ont développé une tolérance au lactose parce que leurs ancêtres ont commencé à manger des produits laitiers.

Selon Hublin, les hommes modernes auraient bénéficié de changements génétiques clés. Au début de leur existence, ils se comportaient de la même manière que les Néandertaliens, puis quelque chose a changé et ils s’en sont distingués.

Pourtant, pendant des dizaines de milliers d’années, les Hommes modernes et les autres hominidés avaient des capacités similaires. Les scientifiques suggèrent donc que n’importe lequel d’entre eux aurait pu prendre la place que nous occupons aujourd’hui. Mais au final, c’est bien notre espèce qui s’est distinguée et notre population ayant grandi, les autres espèces se sont retirées et ont fini par disparaitre.

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