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Neil Armstrong marche sur Barack Obama

Le premier homme à avoir marché sur la Lune a critiqué la semaine dernière le manque d’ambition du programme spatial du président américain.

Houston, on a un problème. Neil Armstrong est sorti de sa réserve habituelle pour s’attaquer au programme spatial du président Obama. A près de 80 ans, le premier homme à avoir marché sur la Lune s’est opposé mercredi 12 mai, à l’abandon du projet Constellation, devant la commission du Sénat pour la science, le commerce et le transport. Pensé sous l’ère Bush, le programme visait à renvoyer les Américains sur la Lune à l’horizon 2020.

« Si le leadership que nous avons acquis au prix de nombreux investissements devait disparaître, d’autres nations profiteraient de notre hésitation », a prévenu l’ex-astronaute. La Chine, qui prévoit d’envoyer ses taïkonautes sur notre satellite vers 2025, est visée. Eugene Cernan, le dernier homme à avoir foulé le sol lunaire en 1972, est même allé plus loin dans la critique, appelant le Congrès à « rejeter la médiocrité promise par l’administration ».

Armstrong, Cernan, et le commandant de la mission Apollo 13, James A. Lovell Jr., ont adressé une lettre à la NASA le mois dernier, dans laquelle ils s’inquiétaient du statut de puissance spatiale « de second rang » vers lequel se dirigent les Etats-Unis. Dans la lettre, rendue publique le 13 avril, ils fustigeaient la nouvelle politique spatiale de l’administration, qualifiée de « dévastatrice ».

La réaction de Buzz Aldrin

Obama avait annoncé en février l’arrêt complet des vols habités, l’abandon du développement des fusées Arès, et l’attribution du marché de ravitaillement de la Station spatiale internationale (ISS) à des compagnies privées. « On ne peut pas continuer à faire comme on a toujours fait, et penser que cela nous emmènera là où on veut », dixit Obama le 15 avril, devant le Congrès. L’annonce avait jeté le froid dans la communauté scientifique, comme du côté des sénateurs qui abritent des installations du programme Constellation dans leur Etat, tel le Texas.

Le président américain a cependant prévu une rallonge de 6 milliards de dollars sur cinq ans au budget de la NASA, le portant à 19 milliards pour 2011. Et une enveloppe de 40 millions de dollars sera allouée aux employés du Centre spatial Kennedy, en Floride, condamnés à perdre leur emploi. Les vols habités reprendront beaucoup plus tard: il faudra attendre 2025 pour espérer voir un homme approcher un astéroïde. Mars, elle, est repoussée à l’horizon 2035.

Seule consolation pour Obama dans la fronde des héros de l’exploration spatiale américaine, le soutien de l’éternel second Buzz Aldrin, deuxième homme à avoir posé le pied sur la Lune, et coéquipier d’Armstrong. « Les étapes prévues par le Président permettront à la NASA, et à d’autres agences spatiales, d’envoyer des êtres humains vers Mars et d’autres destinations excitantes le plus vite possible », a affirmé l’ancien pilote du module lunaire d’Apollo 11 la veille du discours d’Obama, dans une déclaration rendue publique par la Maison Blanche.

Jérémie Lanche

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