© Denis Gliksman, Inrap.

Les rayons X font parler la tombe celte de Lavau

Dans les sous-sols du Louvre, les objets et bijoux de la tombe d’un prince celte découverte en Champagne sont passés au crible par des scientifiques. Ils livrent peu à peu leurs secrets, confirmant la mondialisation des échanges au Ve siècle avant notre ère.

C’est en fouillant une zone commerciale à Lavau (Aube), près de Troyes, que des archéologues de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) font en 2015 la connaissance de celui qui est désormais désigné comme le « Prince de Lavau ».

Au sein d’une nécropole, dans une chambre funéraire de 14 m2, gît un squelette paré d’un collier et de bracelets en or. Il s’agit d’un prince celte, ont déterminé les archéologues. Il est étendu sur un char à deux roues.

La tombe celtique date du milieu du Ve siècle avant notre ère.

A côté des bijoux et de la vaisselle assez aisément interprétables, « il y avait des restes d’objets en tissu, en vannerie, en cuir », souligne Dominique Garcia, président de l’Inrap. « Ces objets nous éclairent » en finesse sur les sociétés celtiques, explique-t-il. « La question est de savoir si ces princes celtes, en plus d’avoir les moyens de se payer un beau vase grec ou un chaudron étrusque, étaient capables également d’acquérir des modes de production venus du monde méditerranéen » pour les faire adapter par des artisans.

« Lavau nous apporte un éclairage sur une première étape de la mondialisation », ajoute ce professeur d’archéologie spécialiste des sociétés méditerranéennes.

Des microscopes 3D numériques, des scanners 3D, et l’accélérateur de particules AGLAE du C2RMF ont été mobilisés pour mieux comprendre les objets de Lavau.

Le prince portait une ceinture finement décorée. Les premières radiographies révèlent son ornementation, rehaussée d’un très fin fil d’argent formant une frise continue de motifs celtiques.

Les radios ont également guidé le nettoyage du couteau et de son fourreau. Elles montrent un décor damasquiné, finement ouvragé de fils de bronze.

Parmi les autres accessoires, se trouve une bouteille en céramique cannelée. Son analyse à l’aide de l’accélérateur de particules et d’un microscope électronique à balayage permet d’établir qu’il s’agit d’une production locale.

L’analyse scientifique du pichet à vin montre la finesse des traits de gravure réalisés par un artisan grec. L’objet a été par la suite accommodé à la mode celte, avec l’ajout d’un décor ajouré en argent.

Contenu partenaire