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Les pannes sexuelles, un traumatisme vécu en silence

D’après une étude réalisée par le laboratoire Lilly, 93% des hommes considèrent l’érection fondamentale pour se sentir viril. Les femmes y voient une preuve de leur séduction.

Depuis 7 ans, le laboratoire Lilly travaille sur les troubles de l’érection afin de faire connaître cette pathologie et d’apporter des solutions aux patients. Selon sa quatrième étude, dont les résultats ont été communiqués jeudi 10 mai, 93% des hommes pensent que l’érection incarne la masculinité et la puissance sexuelle: « Face à la dysfonction érectile, ils sont meurtris dans leur virilité et dans leur identité. Certains, même, n’osent plus faire l’amour », alerte Catherine Solano, sexologue et andrologue à l’hôpital Cochin de Paris.

Ces pannes sexuelles provoquent une véritable souffrance. Un traumatisme vécu en silence: 76% des hommes se taisent, mais 90% se documentent. « Avoir le courage de parler afin de ne plus subir, c’est ça être un homme », commente la sexologue pour inciter les personnes concernées à se confier. Et ils sont nombreux. Une enquête épidémiologique, menée en 2002, révèle que 31,6% des hommes connaissent des problèmes d’érection à partir de 40 ans, soit un homme sur trois. Alors que ces derniers auraient de bonnes chances de régler ces troubles, s’ils allaient consulter dans les trois mois suivants leur apparition, la plupart mettent des années à prendre conseil auprès d’un spécialiste: « J’ai reçu une personne qui a eu besoin de 10 ans pour oser en parler. Une fois l’entretien terminé, il a regretté de ne pas être venu avant », témoigne le Dr Solano. Les médicaments sont d’un grand soutien. « Viagra, Cialis, Levitra… Au bout d’une dizaine de rapports, en général, tout rentre dans l’ordre », assure la sexologue. Même si, dans certains cas, des psychothérapies sont nécessaires.

L’érection, baromètre du plaisir du partenaire

Quel regard portent les femmes sur ces troubles? Selon le Dr Gilbert Bou Jaoudé, président de l’Association pour le développement de l’information et de la recherche sur la sexualité (Adirs), leur approche est totalement différente: « Elles ne considèrent pas l’érection comme un moyen d’être performant, mais comme un baromètre du plaisir de leur partenaire. Elles en font un enjeu personnel, affectif ». En d’autres termes, la femme se sent bien souvent responsable des pannes sexuelles de son conjoint. « Elle pense qu’elle n’est plus assez jolie, plus assez mince » précise Catherine Solano. Et elle commet souvent l’erreur de prononcer ces trois mois assassins: « C’est pas grave » alors que l’homme, lui, vit la situation très douloureusement.
Face à sa détresse, la femme devrait établir un dialogue et l’encourager à consulter, si le problème perdure. La plupart d’entre elles souhaiteraient que les hommes prennent en charge, plus rapidement, leurs troubles de l’érection. Malheureusement, malgré une sexualité de plus en plus libérée et malgré les efforts des professionnels de la santé, en 2012, le sujet reste encore tabou.

Par Chloé Henry, L’Express

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