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Les grenouilles impitoyables séductrices

Lorsqu’elles sont confrontées à un rival dont le chant attire particulièrement les femelles, certaines grenouilles préfèrent essayer d’usurper son identité plutôt que de le surpasser.

Les grenouilles ont des complexes mais certaines les compensent par la ruse! Une équipe de l’université de Lyon I révèle que les rainettes excellent dans l’art de l’imposture, rapporte Maxisciences. Durant la saison de reproduction, pour attirer les femelles dans leurs filets, les amphibiens coassent des heures durant. Mais la nature n’a pas gâté toutes les grenouilles: certaines, plus petites et plus chétives, n’ont pas le coffre nécessaire pour pousser la chansonnette et ainsi séduire les dames. Ces dernières n’ont pas pour autant déclarer forfait. Malignes, elles ont même trouvé une parade. Pour draguer sans se fouler, les rainettes « mal loties » se rapprochent des ténors de la mare et font croire à leur dulcinée qu’ils sont les auteurs des plus beaux chants nuptiaux. Goujats!

Comment expliquer cette paresse? Les scientifiques français ont cherché à savoir, au cours de leur étude, publiée début octobre dans la revue Animal Behaviour, si les rainettes concernées agissaient de la sorte pour compenser leur petite taille ou pour économiser de l’énergie.

Les petits mâles sont des imposteurs

L’expérience se base sur cent grenouilles mâles de gabarits différents, séparées en deux groupes égaux pendant une semaine dont seul le régime alimentaire différait. Les batraciens ont ensuite été confrontés à des haut-parleurs qui diffusaient un appel nuptial réussi et un appel moins abouti. Résultat: certains, plutôt fair-play, provoquaient la compétition et répondaient aux enceintes du mieux qu’ils pouvaient alors que d’autres se rapprochaient du haut-parleur qui diffusait les meilleurs appels, feignant qu’il s’agissait du leur.
Contrairement à ce qu’auraient pensé les scientifiques, les mâles affamés n’ont pas plus tenté de s’approprier le chant des enceintes que ceux qui avaient été bien nourris. Finalement, tous groupes confondus, ce sont les plus petits mâles qui jouaient la carte de l’imposture lorsque l’appel nuptial leur semblait efficace et prometteur.
« La découverte la plus importante dans ces travaux est que les contraintes énergétiques imposées par un manque de nourriture subi n’ont pas d’impact significatif sur la probabilité de passer d’une tactique à une autre, explique Loïc Brepson de l’université Lyon I à la BBC, cité par Maxisciences. Cela est surtout flagrant quand on compare au désavantage inhérent d’être petit. Pour la première fois dans cette étude, nous pouvons comparer quantitativement, grâce à une approche expérimentale, ces deux effets et affirmer que l’un d’eux est complètement négligeable par rapport à l’autre. »

Par Mylène Lagarde, L’Express

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