Le bâton d'Ishango © YouTube

Le mystérieux bâton d’Ishango bientôt au patrimoine de l’UNESCO ?

Muriel Lefevre

Découvert en 1950 par un archéologue belge près du Parc des Virunga au Congo, l’énigmatique objet fait en os serait le plus ancien outil de calcul au monde. De quoi pousser une association à chercher à le protéger en entamant des démarches pour l’inscrire en tant que patrimoine de l’humanité.

L’ASBL belge « Ti Suka » a lancé la semaine dernière une campagne de soutien pour que le bâton d’Ishango soit reconnu en tant que patrimoine de l’humanité par l’UNESCO. Cet objet atypique intrigue encore aujourd’hui les archéologues. Tant il pose de questions.

L’os d’une dizaine de centimètres fut découvert en 1950 par Jean de Heinzelin de Braucourt, géologue et chercheur à l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique, dans l’Est du Congo près de la frontière ougandaise, non loin du parc desVirunga. Guère impressionnant, le baton haut de 10 cm est couvert de 168 stries mystérieuses organisées en 16 groupes répartis sur trois colonnes (ou faces). On a retrouvé deux exemplaires pratiquement similaires de cet objet. L’un fait à partir d’un os animal et l’autre humain.

Datant probablement d’il y a plus de 20.000 ans, l’étrange bâton va rapidement intriguer les scientifiques qui sont nombreux à y voir l’un des plus anciens outils de calcul jamais découvert. Il est vrai que l’on situe habituellement les débuts des mathématiques à l’époque des Mésopotamiens, soit il y a un peu plus de 5.000 ans. Les outils de la culture Ishango pourraient avoir rejoint ce qu’on a longtemps considéré comme le berceau des mathématiques en passant par la région des Grands Lacs avant de rejoindre le Soudan et l’Égypte en empruntant le Nil.

Comme le précise dans un document l’Institut des Sciences Naturelles « une série de relations internes font de ce tableau (une face du bâton ndlr) un jeu passionnant dont on n’est pas sûr d’avoir épuisé toutes les combinaisons : duplication des nombres, produits égaux à des sommes, sommes égales à des nombres premiers, sommes égales à la table de 4, addition de colonnes égales à 60, etc. ». Cependant l’institut nuance tout de même en indiquant qu’on est ici face à des spéculations vu qu’aucune règle absolument régulière n’a pu être établie.

S’il existe donc un consensus plus au moins établi pour dire que l’objet est un outil de calcul, les théories en tout genre n’en ont pas moins fleuri et les interprétations divergent quant à sa réelle finalité. En effet, si pour certains il s’agit d’un bâton de comptage, pour d’autre, il servait à des tâches beaucoup plus complexes comme une calculette (en tournant l’os on obtient la somme de certain nombre), d’un calendrier lunaire (interprétation qui a été plus qu’ébranlée à la suite de l’analyse du second bâton), d’une sorte de code-barre préhistorique, d’un objet crypté basé sur l’arithmétique, d’une aide mnémotechnique, voire d’un objet magique. On l’aura compris, comme tout objet mystérieux, l’os de Ishango excite les imaginations.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire