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L’eau terrestre provient d’astéroïdes et non de comètes

L’eau terrestre provient d’astéroïdes qui ont frappé notre planète il y a 3,9 milliards d’années et non de noyaux cométaires, révèlent des mesures faites par la sonde Rosetta en orbite autour de la comète Tchourioumov-Guérassimenko, où le robot Philae s’est posé en novembre.

« Nous devons conclure que l’eau terrestre a été plus probablement apportée par des astéroïdes que par des comètes », a expliqué lors d’une conférence de presse Kathrin Altwegg de l’Université suisse de Berne, principal auteur de cette étude publiée mercredi dans la revue américaine Science. A l’aide d’un spectromètre, les chercheurs ont déterminé que la signature atomique des molécules d’eau captées à proximité de Tchourioumov est très différente de celle se trouvant sur la Terre.

Les scientifiques mesurent le ratio entre le deutérium, un isotope d’hydrogène, et l’hydrogène, qui forme l’eau avec l’oxygène. « Ce ratio de deutérium par rapport à l’hydrogène (dans les molécules d’eau de la comète Tchourioumov, ndlr) est probablement le plus élevé de tous les corps du système solaire » et représente trois fois celui de l’eau sur Terre, a souligné le professeur Altwegg.

Le ratio est ainsi de 30 à 120% supérieur à celui trouvé dans les molécules d’eau de la comète de Halley, qui appartient pourtant à la même famille cométaire, dite de Jupiter, formée dans la ceinture de Kuiper.

Un ratio deutérium/hydrogène élevé « signifie que la comète Tchourioumov s’est formée à très basse température, probablement au tout début du système solaire » il y a 4,6 milliards d’années, a déterminé la scientifique.

En revanche, l’eau trouvée sur des astéroïdes a un ratio deutérium/hydrogène beaucoup plus faible et donc similaire à l’eau terrestre.

Les comètes sont riches en eau, ce qui n’est pas le cas des astéroïdes dont certains en sont même dépourvus. Mais, explique à l’AFP Francis Rocard, responsable du programme Rosetta au Centre national d’études spatiales, on a recensé à ce jour beaucoup plus d’astéroïdes (650.000) que de comètes (4.000).

« A mon avis, ce résultat de Rosetta ne bouleverse pas les choses mais les rend un peu plus complexes qu’on ne le pensait, tout en renforçant l’hypothèse des astéroïdes » comme source de l’eau terrestre.

En effet, « le ratio deutérium/hydrogène de l’eau est variable d’une comète à l’autre, beaucoup plus, apparemment, que pour les astéroïdes et, pour le moment, on a du mal à s’y retrouver », poursuit le scientifique.

Le professeur Altwegg a expliqué que les différentes mesures de ce ratio dans la même famille de comètes pourrait indiquer des origines différentes des corps célestes.

Les chercheurs expliquent que l’eau sous forme gazeuse provenant des magmas volcaniques peu après la formation de la Terre a été soufflée par des impacts géants avec d’autres objets, notamment celui qui a créé la Lune.

Cette eau primitive aurait donc disparu. Ensuite, la planète aurait retrouvé de l’eau grâce au bombardement intensif il y a 3,9 milliards d’années surtout d’astéroïdes, selon cette dernière étude.

Hormis l’origine de l’eau terrestre, le grand objectif de la mission Rosetta est de déterminer la composition du noyau de la comète Tchourioumov, souligne Francis Rocard.

« La composition de ce matériau cométaire n’est pas aujourd’hui connue. On pense qu’il s’agit d’un matériau organique », dit-il. « Le robot Philae a malheureusement foré dans le vide et il va falloir attendre le printemps pour qu’il puisse recharger ses batteries et compléter sa mission arrêtée le 15 novembre », à savoir prélever des échantillons du noyau pour en analyser la composition, a rappelé le chercheur.

Mais Rosetta a déjà pu collecter des milliers de grains solides provenant de la comète dont les tailles varient de 10 à 400 microns (un micron étant égal à 0,001 millimètre), a-t-il ajouté et les résultats de ces analyses devraient donner prochainement lieu à des publications scientifiques très attendues.

Les comètes, objets les plus primitifs du système solaire riches en carbone, ont pu apporter des molécules sur notre planète ayant contribué à l’émergence de la vie, estiment les scientifiques. Ils relèvent que le carbone est la charpente de base de la vie.

La tentative de forage de Philae sur « Tchouri » a échoué

Par ailleurs, le robot européen Philae qui s’est posé en novembre sur la comète Tchourioumov-Guérassimenko, une première, n’est semble-t-il pas parvenu à effectuer un forage dans le sol, a indiqué mercredi un scientifique du Centre national d’études spatiales (CNES).

« Le robot Philae a malheureusement foré dans le vide et il va falloir attendre le printemps pour qu’il puisse recharger ses batteries et compléter sa mission arrêtée le 15 novembre », à savoir prélever des échantillons du noyau pour en analyser la composition, a expliqué Francis Rocard, responsable du programme Rosetta au CNES.

« Le responsable de l’expérience COSAC (chargé d’analyser les échantillons du noyau cométaire prélevés, ndlr) nous a dit n’avoir à deux reprises enregistré aucun signal et une troisième fois seulement un signal indiquant que le processus progressait…. donc c’est presque sûr » qu’aucun prélèvement de matériaux n’a eu lieu, a-t-il dit.

La foreuse devait se déplacer de 560 mm par rapport à son point de référence, collecter un échantillon, revenir à son point de départ et déposer sa collecte dans le four en forme de godet permettant à COSAC de l’analyser.

COSAC est équipé notamment d’un spectromètre de masse destiné à identifier et à quantifier des composés cométaires volatils, dont des molécules organiques complexes présentes dans les échantillons prélevés en surface et chauffés jusqu’à 600 degrés celsius dans les fours à usage unique.

COSAC a déjà donné des résultats puisque, selon lui, les analyses réalisées sur les gaz « reniflés » après le premier contact avec la surface ont permis de détecter des molécules organiques complexes avec au moins trois atomes de carbone, a-t-il dit.

« La composition du matériau cométaire (dur) n’est pas aujourd’hui connue. On pense qu’il s’agit d’un matériau organique », a dit Francis Rocard.

Les comètes, objets les plus primitifs du système solaire riches en carbone, ont pu apporter des molécules sur notre planète ayant contribué à l’émergence de la vie, estiment les scientifiques. Ils relèvent que le carbone est la charpente de base de la vie.

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