Un modèle réduit (1/4) de la sonde Juno de la NASA. © AFP/Robyn Beck

Juno est en orbite autour de Jupiter

Le Vif

A l’issue d’un périple de 2,7 milliards de kilomètres, la sonde Juno de la Nasa a réussi à se mettre en orbite mardi autour de Jupiter, la plus grande planète du système solaire, dont elle doit percer les mystères.

Le vaisseau de 3,6 tonnes propulsé par l’énergie solaire a allumé son moteur principal pendant 35 minutes pour freiner sa course. Il a pu ainsi se faire happer par la gravité de Jupiter et s’insérer dans une orbite polaire de 53,5 jours.

« Bienvenue à Jupiter »

« Bienvenue à Jupiter », a lancé un commentateur de la mission au Jet Propulsion Laboratory de la Nasa à Pasadena en Californie.

Un signal du vaisseau reçu mardi à 03h53 GMT (20h53 lundi heure de Californie) a indiqué la fin de la manoeuvre, provoquant un tonnerre d’applaudissements dans la salle de contrôle.

« Nous sommes autour de Jupiter », s’est réjoui Scott Bolton, responsable scientifique de la mission au Southwest Research Institute à San Antonio (Texas), sans dissimuler une certaine nervosité.

Un peu plus tard, le patron de la Nasa, Charlie Bolden, s’est félicité de ce succès dans un communiqué: « Le jour de l’indépendance américaine (4 juillet) est toujours une célébration mais aujourd’hui on peut ajouter une autre raison de célébrer la naissance de l’Amérique, Juno est arrivé à Jupiter ».

En raison des quelque 869 millions de kilomètres qui séparent la Terre de Juno, les signaux radio confirmant le succès de l’insertion en orbite ont mis 48 minutes pour parvenir au centre de contrôle.

Les contrôleurs du JPL ont également confirmé une vingtaine de minutes plus tard sur Twitter que Juno s’était retourné vers le Soleil, une manoeuvre clé pour que le vaisseau puisse produire de l’énergie.

Après deux révolutions de 53,5 jours, Juno se placera à partir d’octobre dans une orbite de 14 jours qui lui fera frôler successivement les deux pôles de la planète dissimulée sous une épaisse couche nuageuse.

37 survols de Jupiter

La sonde doit effectuer 37 survols, dont la plupart entre 10.000 et 4.667 kilomètres au-dessus des nuages de la planète géante, soit une durée totale de 20 mois.

Les survols de Juno seront beaucoup plus proches que le précédent record de 43.000 kilomètres établi par la sonde américaine Pioneer 11 en 1974.

Pendant les approches de Jupiter, les instruments de la sonde étudieront ses gigantesques aurores boréales, son atmosphère, sa magnétosphère et son immense tache rouge.

L’un des objectifs principaux de la mission sera de mieux comprendre de quoi se compose l’intérieur, jusqu’ici inobservable, de la planète géante.

Neuf instruments à bord

Juno, une mission d’un coût de 1,1 milliard de dollars lancée le 5 août 2011, va ainsi cartographier les champs gravitationnels et magnétiques de Jupiter pour en déterminer la structure interne.

Les neuf instruments de l’orbiteur, entre autres français et italiens, vont également mesurer l’émission radiométrique de l’atmosphère profonde de la planète, ce qui permettra de connaître sa composition, sa structure thermique et son environnement ionisé.

« Aujourd’hui, on ne sait pas si Jupiter possède ou non un noyau central », a noté Tristan Guillot, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) français et membre de l’équipe scientifique de la mission.

Non seulement Juno aidera à lever le voile sur les secrets de Jupiter, mais elle devrait aussi fournir de nouveaux indices sur les conditions qui régnaient au commencement du système solaire.

Les responsables de la mission avaient souligné lundi les risques pour la sonde en s’approchant aussi près.

Ils avaient cité la couche d’hydrogène qui subit une telle pression qu’elle agit comme un puissant conducteur électrique.

Ce phénomène, combiné à la rotation rapide de Jupiter, génère un champ magnétique très puissant qui entoure la planète et pouvait menacer Juno.

Outre les radiations, le vaisseau devait aussi traverser une ceinture de débris.

Pour se protéger des fortes radiations, Juno est munie d’une solide armure de titane qui entoure ses équipements et instruments électroniques, son ordinateur de bord et les câblages électriques.

Pesant 172 kilos, cette protection réduira l’exposition aux radiations – l’équivalent d’un million de radiologies chez le dentiste – 800 fois par rapport à la partie non protégée.

Juno compte aussi à son bord trois statuettes Lego d’aluminium. Elles représentent respectivement Jupiter, le roi des dieux dans la mythologie romaine, Junon (Juno), son épouse et sa soeur, ainsi que Galilée, le savant italien qui a découvert les quatre grandes lunes de Jupiter en 1609.

Il y a plus de vingt ans, la mission Galileo de la Nasa avait permis d’étudier les lunes de Jupiter dont Europe dotée d’un immense océan d’eau sous son épaisse couche de glace où des organismes vivants pourraient exister.

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