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Harvey, Irma, Jose et Katia : ce n’est pas le nombre d’ouragans, mais leur force qui est exceptionnelle

Le fait qu’il y ait trois ouragans (Irma, Jose et Katia) en même temps en Atlantique tient plutôt de la coïncidence. Mais leur force et leur impact ne le sont pas, explique Jill Peeters, experte en climat et en tempêtes.  » Irma m’a énormément surprise. « 

L’ouragan Harvey, qui a principalement frappé les Etats américains du Texas et de Louisiane, commence à peine à se calmer que son successeur Irma sème déjà la mort et la destruction dans les Caraïbes. Et alors que l’ouragan se dirige vers la Floride, Jose est passé du statut de tempête tropicale à un ouragan de catégorie 3 (sur 5) sur l’échelle Saffir-Simpson. Pendant ce temps, Katia tourbillonne dans le golfe du Mexique.

C’est la première fois depuis 2010 que trois ouragans tourbillonnent de concert dans l’Atlantique, rapporte le service météorologique de CNN. Après Harvey, Irma, toujours en catégorie 5, pourrait devenir le deuxième ouragan de catégorie 4 aux Etats-Unis, ce qui n’a jamais eu lieu lors d’une même saison depuis le début des mesures météo, rapporte BBC World.

Une situation exceptionnelle ? « Surtout une coïncidence », explique la spécialiste météo Jill Peeters. Il y a environ dix tempêtes tropicales, d’une ampleur telle qu’on leur donne un nom, par saison (environ de juin à novembre) dans la région de l’océan Atlantique. Cinq deviennent des ouragans. Au cours de l’année record de 2005, il y en a eu respectivement 28 et 15. Jose et Katia sont respectivement la dixième et la onzième tempêtes tropicales cette année, et le cinquième et la sixième qui atteignent le statut d’ouragan (vitesse de vent au-dessus de 118km/h).

Des conditions idéales pour une tempête

Ce qui n’est pas une coïncidence, selon Peeters, ce sont la force et l’impact de ces ouragans. « C’est surtout Irma qui m’a beaucoup étonnée, ce grand oeil dévastateur, le vent qui atteint jusqu’à 295 km/h. Irma est vraiment une tempête parfaite. A la périphérie de la tempête, des dommages se produisent, mais le coeur de l’ouragan est encore plus violent ».

Pourtant, Peeters émet des réserves avant de parler du pire ouragan jamais mesuré au-dessus de l’océan Atlantique. « Cela dépend des facteurs que vous utilisez. La vitesse du vent ? En 2013, Haiyan a frappé les Philippines avec une vitesse de 300 km/h. Les précipitations ? Harvey, par exemple, a apporté beaucoup plus de pluies et s’est déplacé beaucoup plus lentement. »

« Ce qui est vrai, dans le cas d’Irma, c’est que depuis que les mesures sont prises, aucun ouragan aussi à l’Est n’avait atteint la catégorie la plus élevée. Cela explique aussi pourquoi l’ouragan Irma est aussi long avec une tempête intense ».

Les dégâts à Porto Rico.
Les dégâts à Porto Rico.© /

C’est parce que le changement climatique joue son rôle. Un ouragan est formé par l’interaction entre de l’eau de mer chaude (au moins 26 degrés) et de l’air chaud. Peeters : « Un océan chaud n’est pas seulement une base idéale pour les tempêtes, mais l’huile supplémentaire sur le feu pour les renforcer. Avec le réchauffement climatique, la température de l’eau de mer augmente d’année en année, mais aujourd’hui la température dans la région est également plus élevée que la normale. L’endroit le plus chaud sur Terre est en ce moment la zone entre Cuba, les Bahamas et la Floride. Mais l’eau la plus à l’Est de l’Atlantique est plus chaude et Irma en a profité. »

Inondations

Un autre aspect important est la montée du niveau de la mer, également due à la perturbation du climat, estime Peeters. « Les taux d’accroissement semblent faibles, mais dans le cas d’ouragans comme Harvey et Irma, cela peut avoir des conséquences désastreuses pour les îles ou territoires plus bas. »

Selon une étude menée par l’université de Floride, le niveau de la mer le long de la côte est des Etats-Unis, où Irma passe actuellement, a augmenté six fois plus entre 2011 et 2015 que la moyenne mondiale.

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