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Entre motivation et stress: la rivalité est-elle une bonne chose ?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Nombreux sont ceux qui pensent que la rivalité est l’une des clés pour se dépasser, que ce soit sur son lieu de travail ou dans un autre domaine de la vie quotidienne (sport, musique, relation…). Mais si certains sont boostés par la compétition, d’autres la trouvent éreintante, voire inutilement stressante.

De compétition saine…

Dans le sport par exemple, le pouvoir de la compétition dans le but d’améliorer les performances est bien connu. Une étude menée en 2014 sur les coureurs longue distance a révélé que ceux qui se rappelaient d’un rival étaient beaucoup plus motivés que les autres. La compétition a conduit à des temps nettement plus rapides : une amélioration de près de cinq secondes par kilomètre.

Que ce soit au niveau des relations, dans le monde professionnel ou tout simplement dans la vie quotidienne, la compétition peut avoir divers effets positifs : l’envie de s’améliorer sans cesse et ne pas se reposer sur ses lauriers, repousser ses limites, booster sa créativité… De nombreuses études indiquent également que cela améliorer la qualité du travail produit. « Le bon type de rivalité peut vraiment stimuler la motivation, vous aider à aller plus loin, à faire des choses que vous auriez crues impossibles », confirme Brian Uzzi (Université Northwestern), expert en leadership et réseaux sociaux, cité par la The Guardian. Dans le monde professionnel, c’est quasi inévitable une fois un certain niveau de carrière. Un « ennemi » peut par ailleurs remplir une fonction importante au niveau existentiel. En 2010, des chercheurs de l’Université du Kansas ont démontré que se considérer comme ayant de puissants rivaux permettait de conserver un sentiment de contrôle personnel.

…à rivalité toxique

Mais si la compétition a vécu de nombreuses heures de gloire – elle est parfois conseillée comme principe d’éducation pour aider les enfants à se développer et à forger leur caractère-, certains la remettent en question. Il arrive souvent que la rivalité tourne au vinaigre et devienne un élément quotidien désagréable et répétitif. Pour éviter cela, il faut réduire au minimum les conflits dits « actifs ». Une concurrence initialement saine et amicale peut vite devenir toxique si elle est mal appréhendée par au moins un des deux protagonistes. Dans tous les cas, une rivalité malsaine n’est jamais une bonne chose.

Sur le lieu de travail par exemple, une compétition malsaine peut finir par impacter non seulement les protagonistes, mais aussi toute l’équipe. Si beaucoup d’entreprises misent sur la concurrence entre collaborateurs pour parvenir à des meilleurs résultats, il y a souvent un déséquilibre entre trop de rivalité et pas assez de rivalité. Et cela amène une relation et une ambiance plus toxiques que positives : employés qui se mettent trop en avant au détriment des autres, pas d’esprit d’équipe, augmentation du niveau de stress…

Identifier sa part d’ombre

Pourtant, la rivalité, si elle est naturelle et non induite par un tiers, peut en révéler beaucoup sur notre personnalité. De manière générale, on a tendance à identifier des rivaux potentiels parmi notre groupe d’âge et notre ancienneté – si c’est sur le lieu de travail. Nous sommes effectivement plus enclins à nous comparer à des individus qui nous ressemblent. De plus, identifier les gens qui nous poussent à bout peut nous apprendre beaucoup sur nous-même. Une introspection s’avère souvent utile. Il faut se poser la question suivante : pourquoi cette personne en particulier me fait-elle autant réagir ?

Au niveau psychologique, on considère parfois que ce que l’on trouve intolérables chez les autres peuvent révéler des traits de personnalité qu’on cherche soi-même à dissimuler. Et les identifier permet un travail personnel. C’est d’ailleurs l’un des archétypes identifiés par Carl Gustav Jung dans le cadre de sa psychologie analytique : l’ombre. Un concept qui, lui non plus, n’est pas totalement négatif puisque le psychiatre considère que « sans imperfection, il n’y a ni progression, ni ascension ».

En résumé : de la compétition, oui, à condition qu’elle soit positive et stimulante, à la fois pour les protagonistes et leur entourage proche. Certains préfèreront ainsi une sorte de « compétition coopérative », comme dans les jeux en ligne, afin de booster le travail sans nuire à l’esprit d’équipe. Il convient aussi de tenir compte des sensibilités de chacun : si certains seront ravis d’essayer d’être « meilleur que », d’autres seront étouffés par le stress et n’y trouveront pas leur compte.

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