La plante Brahmi.

Des scientifiques belges découvrent un remède à base de plante contre l’insuffisance cardiaque

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Quand la médecine traditionnelle rencontre la science moderne, cela peut donner lieu à des découvertes majeures. C’est ainsi qu’une équipe de chercheurs de l’UCL vient de découvrir un nouveau remède contre l’insuffisance cardiaque.

Les maladies cardiovasculaires sont toujours la première cause de mortalité dans le monde et représentent presque un mort sur trois (31%), selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé. Cela en fait donc une problématique de santé de premier plan.

L’insuffisance cardiaque fait partie de ces pathologies mortelles. Elle est causée par l’hypertrophie du coeur, soit son grossissement. Il ne s’agit pas d’une maladie à proprement parlé, mais plutôt d’un signe que quelque chose a une impact négatif sur le fonctionnement du coeur. Lorsque vous développez une hypertrophie, les parois du coeur s’épaississent et il devient alors moins efficace. Cela peut venir d’un stress comme l’hypertension artérielle.

Plus précisément, le grossissement des parois du coeur est dû à un stress oxydant, autrement dit un stress des cellules cardiaques. Jusque-là, les chercheurs ne savaient pas ce qui déclenche le signal de grossissement aux cellules cardiaques.

Virginie Montiel, cardiologue, professeur à l’UCLouvain (Institut de Recherche Expérimentale et Clinique – IREC et Cliniques universitaires Saint-Luc) et Jean-Luc Balligand, professeur à l’UCLouvain et président de l’Institut de Recherche Expérimentale et Clinique – IREC, sont parvenus à en déceler la cause.

Il proviendrait du peroxyde d’hydrogène (le nom scientifique de l’eau oxygénée) qui est une molécule naturellement présente dans un certain nombre de nos cellules, dont celles du coeur. Présent à faible dose, le peroxyde d’hydrogène a des effets bénéfiques. Mais à forte dose, il provoque, entre autres, l’hypertrophie des tissus.

Un remède millénaire à base de plantes

Comparaison entre un coeur hypertrophié et un coeur normal.
Comparaison entre un coeur hypertrophié et un coeur normal.© UCL

Lors de leur étude, les chercheurs ont également découvert qu’une protéine présente dans le coeur, appelée l’aquaporine-1, facilite le passage de peroxyde d’hydrogène hors des cellules et qu’elle régule le développement d’hypertrophie chez les rongeurs et dans les cellules cardiaques humaines.

Pour éviter le grossissement du coeur, il fallait donc trouver un moyen de bloquer l’aquaporine-1.

Ils ont trouvé une réponse à leur problème dans des extraits de Brahmi, une plante utilisée depuis des siècles dans la médecine indienne ayurvédique traditionnelle (médecine visant à établir un équilibre entre le corps et l’esprit). Cette plante contient en effet de la bacopaside, une molécule qui bloque très spécifiquement l’aquaporine-1. Elle a déjà révélé son efficacité pour bloquer le passage de peroxyde d’hydrogène dans les cellules cardiaques, mais aussi pour prévenir le développement de l’hypertrophie.

Virginie Montiel et Jean-Luc Balligand ont pu confirmer qu’un extrait standardisé de Brahmi ajouté à la nourriture de rongeurs les protège du développement de l’hypertrophie cardiaque en réponse à un stress tel que l’hypertension artérielle. Ce même extrait bloque l’aquaporine-1 dans les modèles expérimentaux.

Le Brahmi a déjà été utilisé dans des essais cliniques pour des maladies neurologiques, sans montrer de toxicité notable. Il pourrait donc aujourd’hui être « repositionné » pour des indications cardio-vasculaires chez des patients à risque de développer de l’hypertrophie. Une étude pilote vient d’ailleurs d’être lancée.

Ces résultats encourageants ouvrent aussi la voie au développement de molécules plus puissantes pour bloquer l’aquaporine et, espèrent les chercheurs, traiter l’insuffisance cardiaque encore plus efficacement.

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