Le record du monde d'Intel aux JO de Pyeongchang : 1 218 drones synchronisés ont " dessiné " dans le ciel nocturne des images lumineuses géantes. © Alexander Hassenstein/getty images

Des minidrones pour espionner à travers les murs, bientôt une réalité ?

Le Vif

Souriez, vous êtes filmé ! Le monde de la surveillance est promis à une expansion hors norme. Pas plus gros qu’un colibri, des minidrones lancés en essaim pourraient à l’avenir scruter le trafic routier, détecter des mouvements de foule ou des actes de malveillance… et ce, à l’extérieur comme à l’intérieur des bâtiments.

Des chercheuses de l’université de Californie, Chitra Karaman et Yasamin Mostofi, travaillent en effet sur l’utilisation de ces minidrones pour scanner les bâtiments au travers de leurs parois en utilisant de simples ondes wi-fi.

Le procédé est simple comme bonjour. Pour voir à travers un bâtiment, deux drones sont nécessaires. L’un, équipé d’une antenne émettrice d’ondes wi-fi, survole en zigzaguant l’avant du bâtiment ; pendant que l’autre, muni d’une antenne réceptrice, est situé à l’arrière du building. Alors que les ondes émises traversent les murs, certaines rebondissent sur les obstacles qu’elles rencontrent. En comparant le signal reçu par l’antenne réceptrice avec le signal original émis, les chercheuses sont en mesure de cartographier en trois dimensions et à une vitesse record la pièce scrutée.

Tapi dans votre habitation, vous vous pensez à l’abri des regards ? Vous avez tort. En 2014 déjà, la Grande-Bretagne utilisait des drones équipés de caméras thermiques pour localiser au travers des murs et des toitures les lits clandestins de la ville de Slough, dans la banlieue de Londres. L’objectif était de repérer ceux qui faisaient de leur annexe ou garage un logement d’appoint pour locataires non déclarés afin d’arrondir leurs fins de mois. Cette initiative, méprisant toute vie privée, postulait que chaque citoyen était un potentiel coupable…

Ces  » insectes inquisiteurs  » espionneront peut-être bientôt en essaim. Profitant de la vitrine de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang en février dernier, la société Intel a révélé son avancée technique : elle a mis en place un spectacle lumineux à l’aide de 1 218 drones volants côte à côte, un record absolu en la matière, et pilotés par un seul humain. Il y a fort à parier que son exploitation en surveillance de masse ou permanente sera la prochaine étape.

En Belgique, depuis mai 2017, les drones de l’armée appuient les contrôles des douaniers à nos frontières. Survolant la zone entre 2 000 et 2 500 mètres d’altitude, indétectables à l’oreille, ces espions discrets scrutent les comportements terrestres suspects sur une superficie allant jusqu’à plusieurs dizaines de kilomètres. Un conducteur qui tenterait de faire demi-tour ou de fuir à l’approche d’un contrôle douanier serait alors tout de suite repéré, pris en chasse, et intercepté par les motards ou d’autres véhicules du dispositif. Au nom de la sécurité et de la lutte contre l’illégalité, l’espionnage civil fait son nid. La société de demain goûtera plus que jamais la saveur prophétique d’Orwell : Big Brother is watching you.

Par Laetitia Theunis.

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