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Débat sur les salles de shoot en France

Il y a une semaine, le journal Le Figaro publiait les principales conclusions d’un rapport sur les salles d’injection de drogue. Une vingtaine d’élus de tous bords et membres de l’association Elus, santé publique et territoires (ESPT), avaient visité les salles d’injection de Genève et Bilbao et rédigé un rapport favorable à l’implantation de tels centres en France.

Les salles d’injection sont des lieux supervisés où les toxicomanes peuvent s’administrer leur propre drogue. Elles répondent aux problèmes rencontrés par les toxicomanes en grande précarité qui présentent un risque élevé de transmission de maladies infectieuses (VIH, hépatites…).

Il est désormais prouvé que ce dispositif permet de sensibiliser les personnes les plus précarisées comme les sans-domicile fixe, de diminuer les pratiques d’injection à risques comme le partage de seringues, d’améliorer l’accès aux soins et de réduire la consommation de drogues dans les lieux publics. De plus, cette mesure est peu couteuse et efficace. En effet, une telle politique de réduction des risques fait économiser beaucoup d’argent au système de soin de santé puisqu’une personne infectée par l’hépatite C coûte bien plus cher à la communauté sur le long terme qu’une personne prise en charge dans un centre de shoot.

Près de 80 salles existent déjà dans six pays d’Europe : en Allemagne, en Espagne, au Luxembourg, en Norvège, aux Pays Bas et en Suisse, pionnière en la matière.

En Belgique, la Fondation Tadam (comme Traitement assisté par diacétylmorphine) à Liège devrait ouvrir ses portes dans les semaines qui viennent. Ce centre offrira aux toxicomanes les plus lourds une distribution contrôlée d’héroïne à usage médical.

« Ni utile, ni souhaitable »

En France, les conclusions émises par les élus locaux vont totalement à l’encontre de la position du premier ministre François Fillon, qui avait jugé en août ces structures « ni utiles, ni souhaitables », rappelant à l’ordre la ministre de la Santé Roselyne Bachelot alors qu’elle s’apprêtait à annoncer l’expérimentation de ces structures en France. Il expliquait que la priorité du gouvernement était « de réduire la consommation des drogues en France, non de l’accompagner voire de l’organiser ».

Du côté médical, le président de l’association ESPT, le docteur Laurent El-Ghozi, cité par Le Figaro.fr, déclare que « Les salles de shoot constituent l’un des éléments de toute une palette d’outils pour permettre la prévention, l’accès aux soins et la restriction du trafic de stupéfiants ».

Pourtant, ce genre de méthode a déjà fait ses preuves. Pour mémoire, dans les premières années dévastatrices de l’épidémie de sida, les publicités pour le préservatif étaient interdites. Or la démocratisation du préservatif a permis de réduire de façon spectaculaire les contaminations au VIH. Idem lorsque, à la fin des années 80, Aides lançait les programmes d’échanges de seringues, dont la vente libre était illégale. L’injection était alors responsable de près de 30% des nouvelles contaminations. C’est moins de 2% aujourd’hui.

E.J.

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