Extraits d'une vidéo montrant les différentes étapes de l'invention du Massachusetts Institute of Technology. © dr

Changer de couleur comme de chemise

Laetitia Theunis Journaliste

Votre robe préférée fait grise mine ? Redonnez-lui la pêche en la colorant de rouge et en y imprimant de jolis petits pois blancs. A l’avenir, cela vous prendra tout au plus quelques minutes.

Ce, grâce à une invention du MIT (Massachusetts Institute of Technology), dont les chercheurs ont mis au point une encre reprogrammable permettant aux objets de changer de ton lorsqu’ils sont exposés à des sources de lumière, ultraviolette (UV) et visible. Son nom ? PhotoChromeleon. Le processus, totalement réversible et reproductible à l’infini, consiste à pulvériser sur la surface de l’objet un mélange de colorants photochromiques. L’équipe l’a déjà testé avec succès sur une voiture, une housse de téléphone, une chaussure et, en guise de clin d’oeil, un jouet en forme de caméléon. En fonction de la structure de l’objet, le changement de couleur prend entre 15 et 40 minutes.

 » Les utilisateurs pourront ainsi personnaliser quotidiennement l’apparence de leurs effets personnels, donc éviter d’acheter le même article plusieurs fois, dans des tonalités et des styles différents « , expose le docteur Yuhua Jin, chercheur au MIT.  » En donnant aux utilisateurs l’autonomie dont ils ont besoin pour personnaliser leurs articles, d’innombrables ressources pourraient être préservées « , ajoute la professeure Stefanie Mueller, du MIT. Outre la diminution du gaspillage, la découverte pourrait aussi trouver une utilité auprès de l’armée, où elle faciliterait le camouflage, et dans l’industrie pour  » réduire le nombre d’étapes nécessaires à la production de pièces multicolores ou améliorer la résistance de la couleur aux intempéries ou à la dégradation par les UV ».

Concrètement, l’encre pulvérisable, qui est invisible, est constituée d’un mélange de colorants photochromiques cyan, magenta et jaune. Chacun d’entre eux interagit avec des lumières de longueurs d’onde différentes. Pour maîtriser les nuances de l’impression souhaitée, les chercheurs en utilisent trois, afin d’éliminer chaque couleur primaire séparément. Par exemple, la lumière bleue est absorbée par le colorant jaune, lequel est alors  » désactivé « , tandis que les couleurs magenta et cyan produisent du bleu. Après avoir été enduit de cette solution, l’objet à personnaliser est placé sous un projecteur et de la lumière UV pour en révéler les couleurs, à partir de programmes établis en amont. Les UV saturent l’encre invisible (ils la font passer de transparente à colorée) tandis que le projecteur est utilisé pour saturer les couleurs. Une fois les tons activés, le nouveau motif apparaît. S’il ne satisfait pas le propriétaire de l’objet, on efface tout et on recommence ! En effet, la lumière UV sert également de gomme permettant de revenir à l’état initial. De quoi laisser libre cours à l’imagina- tion, du motif zébré au paysage panoramique en passant par un fin dégradé de couleurs.

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