© Thinkstock

Ces villes qui ont vaincu l’obésité

Ecoles, familles, médecins et élus : dans deux villes wallonnes, tout le monde se bouge pour acquérir les bons réflexes alimentaires. Du coup, l’obésité recule.

Agir sur l’obésité et le surpoids infantiles sur le long terme, ça paie : c’est ce que montre Viasano, un vaste programme menée notamment dans deux villes pilotes francophones, Mouscron et Marche-en-Famenne depuis 2007 auprès des 3-6 ans. Aujourd’hui, le bilan est dévoilé. Selon l’enquête, la surcharge pondérale chez ces jeunes enfants fléchit de 22 %, passant de 9,46 % à 7,41 %. « Cette donnée provient de l’évaluation faite auprès de 2 784 enfants dans les deux villes pilotes. Durant les années scolaires 2007/2008 et 2009/2010, ils ont été pesés et mesurés par les services de Prévention de la Santé à l’Ecole », détaille le Dr Corinne De Laet, pédiatre à l’Hôpital universitaire des enfants Reine Fabiola. Le bilan est positif car, dans le même temps, en Communauté française, la prévalence de surpoids n’a pas diminué, passant même de 9,53 % à 9,58 %.

Pour parvenir à agir sur le poids des petits, le programme Viasano parie sur l’éducation au « bien manger » et la nécessité d’une activité physique. Mais sa force réside ici : la mobilisation et le travail en commun des différents acteurs locaux, aussi bien dans le cadre de l’école qu’en dehors. « L’élément important, c’est le décloisonnement des efforts, avec une forte implication de tous les services communaux, des écoles, mais aussi du tissu associatif et des professionnels de la santé », souligne le Dr Maximilien Kutnowski, médecin interniste, ex-président du Belgian Association for the Study of Obesity (BASO).

Rassemblés au sein d’un même comité, tous se font le relais d’initiatives locales, validées et appuyées par le comité d’experts Viasano. La méthode privilégie une approche positive, mettant l’accent sur le plaisir. « Viasano aide à donner forme aux projets, à fédérer les efforts et à partager les bonnes pratiques via la conception de supports documentaires », précise Brigitte Aubert, échevine des Affaires sociales et de la Santé à Mouscon.

En pratique, comment Viasano est-il parvenu à réduire la prévalence de surpoids de 22 % ? Au quotidien, les recettes adoptées sont simples. Pour faire bouger les enfants, on n’a pas eu recours uniquement au sport. Grâce aux balades en famille le week-end au lieu de la télé – comme Vélopolis à Mouscron -, le défoulement à l’école sur des airs de jeux créés dans les cours de récré (comme la marelle, un moyen de faire bouger les filles), on a facilement gagné 30 minutes d’exercice par jour. En termes d’alimentation, on a modifié peu de choses : dégustations d’eau, distributions de brochettes de fruits, rappeler aux parents la nécessité des fruits et légumes… Les services communaux offrent à leur personnel un casse-croute sain et des séances de mouvement sur le temps de midi… Dans les cantines, les diététiciennes Viasano vérifient, chaque mois, si les menus sont équilibrés pour les enfants. A Mouscron et à Marche-en-Famenne Viasano a même embarqué avec lui tout son monde : des restaurateurs offrent des menus diététiques, marchands de fruits et légumes font des promotions, les bibliothèques mettent en tête de rayon les ouvrages sur la santé et l’alimentation… A l’arrivée, Viasano n’aura coûté que 1 à 1,50 euros par an et par habitant. « Viasano part de l’idée que l’engagement doit venir en premier lieu des représentants politiques locaux. En effet, les élus locaux peuvent influencer et changer l’environnement quotidien, qui lui-même a la capacité de changer les habitudes des citoyens », conclut Jan Vinck, psychologue, membre du comité d’experts. Un clin d’oeil au plan contre la malbouffe à l’école de la Communauté française et de sa ministre de l’Enseignement, jugé trop superficiel, trop flou ?

SORAYA GHALI

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire