Nous faire communiquer par la pensée : les chercheurs y travaillent. © Coneyl Jay/Getty Images

« Ce que je penserai s’écrira tout seul », bientôt une réalité ?

Le Vif

Après avoir transformé la matière en énergie avec la domestication du feu, l’énergie en travail mécanique avec la vapeur, nous voici capables de commander à distance des machines par la pensée.

Les exemples de prothèses, exosquelettes ou drones pilotés par le pouvoir des neurones ne manquent pas. Deux start-up de la Silicon Valley – Kernel et Neuralink, dirigées par Elon Musk, le PDG de Tesla – travaillent même sur des projets  » transhumanistes  » visant l’augmentation des capacités du cerveau humain grâce à l’intelligence artificielle. Mais ces recherches se font souvent avec des appareillages lourds, des casques sophistiqués et coûteux, voire – pour les techniques les plus pointues – des implants cérébraux invasifs.

Des opérations dont Facebook aimerait se passer… Depuis la création de Building 8, son laboratoire de R&D, le géant de la Silicon Valley a noué des relations avec plusieurs universités et constitué une équipe de plus de 60 scientifiques et ingénieurs spécialisés dans les technologies d’intelligence artificielle permettant de comprendre le langage, les systèmes d’imagerie cérébrale et les prothèses neurologiques. Objectif : mettre au point des  » dispositifs non invasifs  » pour créer une nouvelle forme de communication, universelle, par la pensée.

 » Nos neurones peuvent streamer quatre films en HD par seconde alors que, par la parole, nous ne pouvons transmettre qu’une quantité de données équivalente à celle d’un modem des années 1980 « , a déclaré Regina Dugan lors de la dernière keynote de Facebook. Cette ancienne responsable de la Darpa, le centre R&D de l’armée américaine, a dirigé plusieurs projets de recherche chez Google avant d’être débauchée par Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook. Sa mission : créer, dans les deux prochaines années, un système capable de décoder des mots dans la partie du cerveau qui héberge le centre du langage et de les retranscrire directement sur un ordinateur à la vitesse de 100 mots par minute. Soit cinq fois plus vite que le temps nécessaire aujourd’hui pour les taper sur un smartphone.

Des chercheurs ont déjà mené des expériences similaires. Krishna Shenoy, professeur à Stanford, a, par exemple, mis au point un implant permettant à un patient paralysé d’écrire huit mots par minute directement par la pensée. Mais le pari de Facebook est loin d’être gagné. Toute la difficulté de l’interface cerveau – machine est qu’elle est totalement personnalisée : deux personnes qui pensent à un chat, par exemple, émettront des signaux neuronaux très différents. On ne peut donc pas écrire de programme universel : l’algorithme doit apprendre le langage neuronal de chacun, avant que le procédé ne fonctionne.

Par Dorian Peck.

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