Akhénaton et son épouse Néfertiti. © DR

Akhénaton, le lumineux

Le Vif

Un égyptologue belge vient de percer le mystère d’une ville construite par le pharaon Akhénaton. Mais qui est Aménophis IV, connu aussi sous le nom d’Akhénaton ? Le premier souverain monothéiste ? Un hérétique maudit à jamais ? L’époux de la belle Néfertiti fut, avant tout, un grand mystique, convaincu des bienfaits de l’astre solaire.

Aménophis IV, dont le nom signifie « Amon est satisfait », révèle très tôt un goût immodéré pour l’art et la culture. Il est le fils d’un grand bâtisseur de la XVIIIe dynastie, Aménophis III. Sa mère, la reine Tiyi, d’origine modeste, a joué un rôle important au centre d’une cour préoccupée de poésie et de théologie. Aménophis IV monte sur le trône en 1380 av. J.-C., alors que l’Egypte connaît ses plus belles années : le pays est en paix, riche des tributs qu’il reçoit des peuples soumis. Il est le centre du commerce mondial. Aménophis IV n’est pas encore roi quand il se marie avec une mystérieuse princesse : Néfertiti (« La Belle est venue »). Elle est l’épouse capitale, car elle est souvent représentée de la même taille que le roi. Elle lui donnera six filles, mais pas d’héritier mâle.

A cette époque, à Louxor et à Karnak, on célèbre le culte d’Amon, le dieu des cieux. Peu à peu, celui-ci éclipse toutes les divinités secondaires. Son clergé devient le plus riche et le plus puissant. Ainsi, après chacune de ses victoires, le grand pharaon, Thoutmosis III, offrait sa part de butin aux prêtres d’Amon. Mais moins d’un an après son accession au trône, Aménophis IV, comme s’il avait longuement mûri sa décision, érige, dans l’enceinte de Karnak dédiée à Amon, un magnifique temple au dieu Aton. Puis, dans sa cinquième année de règne, il change son nom d’Aménophis en Akhénaton (« Gloire d’Aton ») et commence la construction d’une nouvelle capitale, sur le site d’el-Amarna, nommée Akhétaton (« horizon d’Aton »).

A BAS AMON ! GLOIRE À ATON !

Face à l’hostilité des prêtres, la rupture est totale avec le puissant clergé d’Amon. Le roi ordonne de détruire les images du dieu et d’effacer le nom d’Amon-Rê sur les murs des temples, des tombeaux, et de proscrire jusqu’au pluriel du mot « dieu » sur les monuments. Mais il tolère toutes les autres divinités.

Ni hérétique ni totalement monothéiste, Akhénaton est avant tout un grand mystique, persuadé qu’il faut transmettre à son peuple – et même à tous les peuples – une religion nouvelle, positive, optimiste, lumineuse et accessible. Il se détourne des rites dédiés à Amon, que seuls le pharaon et quelques prêtres pouvent exécuter. Il adopte le Soleil comme référence essentielle. Chaque homme peut bénéficier des bienfaits de l’astre, grâce à la médiation du roi, promu au rang de dieu. Bientôt, chacun, baigné par la lumière solaire, devient une petite parcelle de sagesse divine. Un dogme qui est une véritable protestation contre le cléricalisme.

Mais cette religion est en décalage total avec celle des sujets d’Akhénaton. Non seulement le « coup d’Etat monothéiste » ruine un système économique dans lequel le service des dieux est un gros pourvoyeur d’emplois et un instrument de gestion, mais il détruit sa propre légitimité religieuse. Car le roi d’Egypte rend le culte à chacun de ses pères et mères dans toutes les villes du pays. En déclarant : « Il n’y en a qu’un seul », il rompt avec la tradition nationale.

Akhénaton meurt au terme de dix-sept ans de règne. Quelques années incertaines plus tard, le jeune Toutânkhaton monte sur le trône. La capitale d’Akhénaton est abandonnée et le pouvoir se réinstalle à Thèbes, à l’ombre des temples d’Amon. Partout, le nom d’Aton est détruit, ses temples sont abattus. Akhénaton disparaît des listes royales et sa capitale se dissout, peu à peu, sous la poussière du désert. La revanche d’Amon est complète…

Par Dimitri Casali

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