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2050 : 9 milliards d’individus, comment les nourrir ?

Moins de viande dans l’assiette, moins de nourriture à la poubelle. Voilà les deux clefs qui permettront de nourrir le monde d’ici 39 ans ! Les pays riches devraient changer radicalement d’habitudes alimentaires pour rentrer dans un processus d’alimentation durable, selon une étude française.

Une étude prospective, nommée « Agrimonde », a été lancée en 2006 par l’Institut National de Recherche Agronomique (INRA) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). La question qu’ils se sont posée : « Comment nourrir le monde en 2050 ? » Il existe deux scénarios: l’un qui privilégie le bien-être immédiat et l’autre le développement durable.

Le premier, Agrimonde GO mise sur le bien-être immédiat, la croissance économique dans un contexte où la préservation de l’environnement n’est pas une priorité ; le second Agrimonde 1 est un scénario qui a pour but de nourrir la planète tout en préservant les écosystèmes.

Devinez donc lequel est préférable ! Agrimonde 1 suppose cependant « une vraie rupture », souligne l’équipe. Il s’agira en effet de diminuer sensiblement l’apport calorique à disposition des individus des pays riches.

Meilleure répartition calorifique et moins de gaspillage

« Évidemment, ce n’est pas parce que je vais moins manger que quelqu’un du Sahel va mieux manger », explique Sandrine Paillard, responsable de l’unité prospective de l’Inra. « Mais il est clair que si toute la planète mange comme on mange, et notamment autant de viande, la pression sur les ressources naturelles ne sera pas tenable ».

En moyenne, un individu a à sa disposition 3.000 kilocalories par jour (la moyenne était de 2.600 kcal en 1961). Mais les disparités sont fortes: on atteint les 4.000 dans les pays riches de l’OCDE, jusqu’à 4.500 aux Etats Unis, mais 2.300 en Afrique sub-saharienne.

Dans le scénario durable, les chercheurs estiment que les 3.000 kcal doivent être répartis de façon égale dans le monde. Pour les pays du nord, il faudrait réduire la disponibilité en calories de 25%, notamment en réduisant « les pertes à la consommation » qui peuvent s’élever jusqu’à 30% dans les pays riches.

Il s’agit du gaspillage mais aussi des aliments jetés après la date de consommation optimale, souvent confondue avec la date de péremption. « L’industrie agroalimentaire aussi se protège, les dates de péremption ne reflètent pas forcément la réalité de la sécurité des aliments », avance-t-elle.

Lutter contre la suralimentation

Parallèlement, le scénario durable suppose des politiques de santé publique « plus ambitieuses » pour lutter contre la suralimentation et les maladies associées. En 2003, 1,3 milliard d’adultes dans le monde étaient en surpoids, dont 400 millions d’obèses.

Il ne s’agit donc pas de moins manger mais de manger différemment, et notamment de la viande – la production de ruminants a augmenté de 40% entre 1970 et 1995.

Finalement, il nous faudra remplacer petit à petit le surplus de viandes consommées par des calories végétales. Celles-ci devraient représenter 2.500 calories sur les 3.000 journalières.

Une partie des efforts pourraient être faits sans s’en rendre compte. En 2050, les plus de 60 ans représenteront 20% de la population, contre 10% aujourd’hui. « Les besoins caloriques de ces personnes étant moindres, le vieillissement de la population mondiale pourrait aussi contribuer à rendre plausible la diminution des consommations alimentaires moyennes dans les pays riches », conclut le rapport « Agrimonde ».

Le Vif.be, avec Belga

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