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Un allaitement sans grossesse, c’est possible

Le Vif

Si une maman veut allaiter son bébé adopté ou né d’une mère de substitution, elle peut le faire… moyennant quelques efforts et beaucoup de motivation.

Le procédé permettant d’induire la lactation a été conçu en 1999 par le pédiatre canadien Jack Newman ; on y recourt chez nous aussi. « De préférence six mois avant l’arrivée de l’enfant adopté, par exemple, la ‘future maman’ prend la pilule combinée, car l’oestrogène qu’elle contient développe les glandes mammaires, explique la spécialiste en lactation Laurence De Backer, qui accompagne des femmes désirant allaiter. Ensuite s’y ajoute la dompéridone (Motilium®) : ce médicament connu, utilisé contre les nausées, stimule l’hypophyse dans le cerveau à produire l’hormone de la lactation, la prolactine. Deux mois avant la naissance attendue du bébé, la mère doit cesser son traitement et tirer son lait de manière très intensive. L’arrivée du lait débute par quelques gouttes mais rapidement, la quantité augmente à chaque tirage. Le bébé doit être mis au sein le plus rapidement possible après sa naissance, car un bébé qui tête exerce davantage d’influence sur le réflexe d’éjection du lait qu’un tire-lait. Même un bébé adopté qui a été nourri au biberon pendant un certain temps peut se réhabituer au sein grâce à un dispositif d’aide à la lactation. »

Une bonne dose de motivation

La période initiale de tirage du lait est éprouvante, tant sur le plan psychologique que sur le plan organisationnel. La future mère doit se lever la nuit ou tirer son lait au travail. Au début, il s’écoule tellement peu de lait que le doute risque de la décourager. « Pour réussir à allaiter, il faut être très motivée. Les femmes qui y arrivent le font toujours pour un enfant très souhaité. Il peut s’agir d’une femme qui a souffert de ne pas pouvoir avoir d’enfant. Les femmes engagées dans une relation lesbienne le font aussi par amour pour leur partenaire. »

Si les femmes enceintes font l’objet d’un suivi gynécologique régulier, une femme qui veut induire une lactation passe entre les mailles du filet. Un contrôle préalable est pourtant indispensable, afin d’éviter la transmission de virus dangereux tels que le virus du sida ou de l’hépatite B via l’allaitement. Il convient également d’obtenir le feu vert pour la prise de la pilule et de la dompéridone. Ce médicament est en effet controversé, depuis que l’on sait qu’il peut provoquer des troubles mortels du rythme cardiaque dans des cas très spécifiques. Pour le bébé, en revanche, la quantité minime de dompéridone dans le lait n’est pas dangereuse.

Renforcer le lien

L’objectif ultime est de produire du lait maternel pour nourrir son bébé soi-même. Certaines femmes ont du lait en suffisance, d’autres doivent donner un complément. L’essentiel ne réside pourtant pas dans la quantité, comme l’estime Shana Geraerts, qui a réussi cette expérience : « Ma soeur a porté mon fils mais j’ai voulu le nourrir moi-même pour me sentir maman à part entière. Ce ne fut pas facile mais j’ai pu compter sur le soutien d’une experte en lactation enthousiaste. Vous devez aussi être soutenue à 100 % par votre partenaire. Cela a fort bien marché : une semaine avant l’accouchement, je produisais un demi-litre de lait. Nio a maintenant près de deux ans et je l’allaite toujours. Nous continuons à jouir pleinement de ces moments. Il ne s’agit en effet pas seulement de l’alimenter, mais de renforcer le lien entre nous. Trop de femmes ignorent cette possibilité et ne savent pas combien c’est précieux. Même mon gynécologue n’en voyait pas l’utilité et ne pensait pas que cela pouvait marcher. »

Par Claire De Brabandere

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