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Un accouchement sur cinq se fait par césarienne, et c’est beaucoup trop

Le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) recommande mardi de ne pratiquer l’accouchement par césarienne que lorsqu’il est médicalement nécessaire, rejoignant ainsi l’avis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il recommande également de bien informer les futurs parents sur les risques liés à cette pratique et de sensibiliser les praticiens.

Les naissances par césarienne sont en augmentation partout dans le monde. Elles représentent environ 21% des accouchements en Belgique, avec toutefois des variations importantes entre les hôpitaux (de 12 à 33%). Le KCE souligne qu’il est de plus en plus fréquent d’en pratiquer sans motif médical c’est-à-dire pour des grossesses à terme et sans risques particuliers, le nouveau-né se présentant par la tête.

Le KCE a ainsi examiné les conséquences, pour la mère et l’enfant, des césariennes pratiquées sans motif médical, également à la suite de l’avis de l’OMS émis en 2015 et qui recommandait de n’en effectuer que lorsque c’est vraiment nécessaire.

Il n’existe aucune preuve qu’une césarienne planifiée puisse avoir des effets bénéfiques pour la santé de la mère ou de l’enfant. « De plus en plus d’études rapportent même des conséquences négatives », souligne le KCE.

Le principal risque de la césarienne est celui de la rupture utérine lors des prochaines grossesses, soit la « déchirure du muscle utérin pendant le travail. Cette complication rare (…) peut se solder par le décès de l’enfant, voire de la mère ». Elle est presque inexistante chez les femmes mais sa fréquence augmente lorsque la mère a subi auparavant une césarienne. Pour minimiser ce risque, les accouchements suivants sont dès lors effectués par… césarienne.

Les risques d’anomalies du placenta augmentent également pour les femmes qui ont accouché de la sorte, ce qui mène, là aussi, à pratiquer ce type d’accouchement pour les prochaines grossesses.

En ce qui concerne les risques de problèmes respiratoires à la naissance de l’enfant, les études analysées par le KCE confirment ce risque mais montrent avant tout qu’il augmente lors de naissances prématurées. Les chercheurs recommandent donc de ne pas planifier de césarienne avant au moins 39 semaines de grossesse.

Par contre, les résultats des études examinées ne permettent pas de confirmer un impact négatif sur l’allaitement pour les femmes qui ont subi une césarienne. Il n’existe également aucune preuve que celle-ci puisse perturber le développement des défenses immunitaires de l’enfant ou d’une augmentation du risque d’obésité chez les enfants ou adolescents nés par césarienne. Aucune étude n’a mis en évidence de différence entre les modes d’accouchement et l’apparition de troubles du développement chez l’enfant (troubles de l’attention, autisme, …), ajoute le KCE.

Pour l’infirmité motrice cérébrale (IMC), qui a longtemps incité les obstétriciens à pratiquer la césarienne pour diminuer les risques, le KCE souligne qu’il est « établi que l’IMC peut déjà être présente au cours de la grossesse ». On ne peut donc affirmer qu’une césarienne diminue ou augmente le risque d’IMC.

Bien que cela permette d’éviter des conséquences parfois très graves pour la mère ou l’enfant quand elle répond à une nécessité médicale, la césarienne « reste une intervention chirurgicale et, à ce titre, n’est pas exempte de risques, auxquels il n’est pas acceptable d’exposer la mère et l’enfant si leur état de santé ne le justifie pas », insiste le centre.

Le KCE recommande dès lors d’informer clairement et objectivement les futurs parents et de leur faire prendre conscience des risques pour les grossesses suivantes.

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