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Tout le monde n’a pas encore accès aux tests sérologiques

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Vendredi soir, la ministre de la Santé publique Maggie De Block (Open VLD) annonçait que les tests sérologiques, qui détectent la présence d’anticorps du coronavirus dans le sang et informent dès lors sur une infection antérieure, étaient désormais disponibles pour tous. Il semble toutefois que ce ne soit pas encore le cas.

« Chaque citoyen peut se faire tester à condition que le test soit repris sur la liste de Sciensano (l’Institut scientifique de santé publique, NDLR) et que l’analyse soit effectuée par un laboratoire agréé », avait déclaré la ministre. Pour l’instant, cependant, tout le monde n’a pas encore accès aux tests sérologiques. Sur son site, Sciensano précise en effet que les tests sérologiques sont réservés aux patients hospitalisés et ambulants répondant à un certain nombre de critères. Il est également réservé aux personnes personnel de soins et du personnel travaillant dans les hôpitaux/services ou collectivités avec haut risque d’exposition au COVID-19.

Pas forcément d’immunité

Certains spécialistes ne voient pas ces conditions d’un mauvais oeil et s’interrogent sur l’utilité de rendre le test sérologique accessible à tous. En effet, la présence d’anticorps ne garantit pas l’immunité. « Avoir des anticorps indique seulement que le virus vous a infecté, mais ne signifie pas que vous êtes immunisé. Il n’y a pas encore de certitude à ce sujet », indiquait le médecin Servaas Bingé au quotidien De Morgen. Ce n’est donc pas parce qu’on a des anticorps qu’on peut se remettre à fréquenter d’autres personnes en toute tranquillité. Le respect des mesures de précaution reste de mise, que l’on présente des anticorps ou non.

Infantilisant

Interrogé par Le Pharmacien, Michel Goldman, professeur d’immunologie et de pharmacothérapie à l’ULB, insiste sur l’importance de rendre ces tests accessibles à tous. « Tant l’OMS que la Commission européenne ont indiqué depuis des semaines que le testing et le traçage étaient essentiels. On infantilise les patients et les médecins. Un généraliste peut très bien expliquer à un patient qu’il est positif, qu’il y a beaucoup de risques qu’il ait eu le coronavirus et qu’il est vraisemblablement protégé pour quelques mois. Mais aussi lui expliquer que cela ne veut pas dire qu’il ne doit plus prendre les précautions pour protéger son entourage ».

Il souligne que près de 600 000 Belges ont contracté le coronavirus, mais que seuls 55 000 d’entre eux ont été testés formellement. Pour lui, les tests peuvent être utiles pour étudier les effets du virus. « On connaît encore très mal ce virus et les effets de la maladie à long terme. On ne peut exclure que l’on découvre de nouvelles manifestations cliniques de l’infection dans le futur. On peut craindre des séquelles au niveau des poumons, du coeur ou des reins. En fait, la règle devrait être simple : tous ceux qui ont été suspectés devraient être testés. Et remboursés. Les critères imposés pour accorder le remboursement témoignent d’un paternalisme de mauvais aloi et d’un empiétement sur les prérogatives du médecin », déclara-t-il au Pharmacien.

Le test sérologique n’est en effet remboursé que pour certains groupes cibles. Les autres devront débourser 9,60 euros maximum.

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