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Superbactéries: une évolution constante pour résister aux antibiotiques

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Au fil du temps, les bactéries développent de nouvelles manières de résister aux antibiotiques. Les spécialistes craignent une menace sans précédent pour la santé mondiale.

Les bactéries, de plus en plus résistantes aux médicaments et plus précisément aux antibiotiques, développent de plus en plus de moyens pour résister, avertissent des médecins britanniques, relayés par The Guardian. Les spécialistes craignent un avenir dans lequel certaines pathologies pourraient devenir intraitables.

Course à l’évolution

Au cours des dix dernières années, les scientifiques britanniques qui étudient des échantillons provenant de patients ont identifié 19 nouveaux mécanismes de résistance aux antibiotiques. Les changements dans les bactéries sont déterminés par la génétique et signifient qu’elles deviennent même capables de repousser des types d’antibiotiques considérés comme « dernier recours ».

Ces dernières années, des souches résistantes de certaines maladies sont apparues. Dans le même temps, plus d’une dizaine de nouvelles infections ont été détectées pour la première fois au Royaume-Uni, la plupart ramenées de l’étranger comme Ebola ou le virus Zika.

Ces deux tendances menacent la capacité de la médecine à maintenir les patients en vie et pourraient faire augmenter le nombre annuel de décès dus à la résistance aux antibiotiques. « Les maladies infectieuses ne s’arrêtent pas. Les bactéries sont enfermées dans une course à l’évolution avec les antibiotiques, développant continuellement de nouveaux moyens d’éviter leur impact », assure Sharon Peacock, directrice du service national d’infection de Public Health England (PHE), citée par The Guardian.

Persistance et propagation

Sally Davies, médecin en chef du Royaume-Uni, considère que « la résistance aux antibiotiques pourrait nous tuer avant le changement climatique », rapporte Euronews. Pour elle, la clé se trouve dans la réduction de l’utilisation des antibiotiques. Si la découverte avait initialement révolutionné la médecine, les bactéries parmi les plus dangereuses y deviennent de plus en plus résistantes. Et la surconsommation, parfois sans raison valable, n’y est pas étrangère. « Au moins dix millions de personnes pourraient mourir chaque année si nous n’y mettons pas un terme », indique-t-elle.

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null© Getty

Pourtant, une nouvelle étude suggère que limiter l’utilisation des antibiotiques pourrait ne pas suffire à freiner la propagation. Au fil du temps, certaines bactéries peuvent persister et se propager sans utilisation d’antibiotiques. Et les antibiotiques ne peuvent pas tuer ces bactéries lorsqu’elles sont à l’état dormant, qui échappent également à la détection pendant de nombreux mois. Même si le microbe ne provoque pas d’infection, il peut quand même représenter une menace. « Restreindre l’utilisation des antibiotiques est important et c’est effectivement la bonne chose à faire, mais cette mesure ne suffit pas à elle seule à empêcher la propagation de la résistance », conclut le coauteur de l’étude. « Si vous voulez contrôler la propagation des gènes de résistance, vous devez commencer par les microorganismes résistants eux-mêmes et empêcher leur propagation, par exemple, par des mesures d’hygiène ou des vaccinations plus efficaces ».

Maladie X

Les spécialistes craignent une menace sans précédent pour la santé mondiale. Le risque est que la mondialisation et la résistance croissante aux antimicrobiens se combinent et provoquent une pandémie mondiale impliquant un virus inconnu auparavant : c’est ce que les experts appellent « la « maladie X ».

Un scénario que redoute également l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui tirait déjà la sonnette d’alarme à ce sujet en 2018. L’organisme la définit comme étant « la conscience que la prochaine épidémie internationale sérieuse peut être causée par un agent pathogène dont on ne sait pas encore qu’il rend les gens malades ». Et cette dernière peut frapper à n’importe quel moment. Elle avait par conséquent recommandé aux chercheurs de redoubler de vigilance face aux maladies inconnues.

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