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Soirées Tattoo flash : Le tatouage low-cost au fond d’un bar

Stagiaire Le Vif

Déjà présentes en France, les soirées  » flash tatoos  » s’installent en Belgique. Organisées dans les cafés et bars-restaurants de la capitale, elles permettent à ceux qui le désirent de se faire tatouer à faible coût, tout en sirotant un cocktail. Mais est-ce légal? Et surtout, les règles d’hygiène sont-elles respectées ?

Les tatoueurs sont de plus en plus nombreux à sortir de leurs salons pour se rendre dans les soirées flash tattoos. Dans les salles mal éclairées et munis une lampe frontale, ils réalisent des tatouages de petites tailles et assez simples : une simple fleur, un éclair, une tête de mort, il y en a pour tous les goûts. Ces soirées, où chacun vient observer le tatoueur et les visages crispés des tatoués, transforment la pratique du tatouage en véritable spectacle et font du tatouage un objet de consommation.

Un tatoueur est, dans son salon, tenu de respecter les normes d’hygiène de l’Arrêté Royal du 25 novembre 2005 concernant les piercings et les tatouages mises en place par le SPF Santé publique, en collaboration avec des tatoueurs professionnels. Les risques encourus en cas de mauvaises conditions d’hygiènes sont grands : infections, tétanos, hépatites, allergies, et dans les cas les plus graves, le VIH. L’arrêté stipule encore qu’il est interdit de tatouer toute personne sous influence de l’alcool ou de drogues.

Guillaume, patron de La Boucherie Moderne, un des salons de tatouages les plus réputés de Bruxelles met en doute la légalité de ce genre de pratique : « Je me demande si cette pratique est légale. Les normes d’hygiène à respecter sont très strictes et réaliser un tatouage dans le fond d’un restaurant ou d’un bar, ça me semble impensable « . On ne voit pas en effet comment une simple table en bois , collante et mal nettoyée peut faire office de plan de travail désinfecté. Néanmoins beaucoup de tatoueurs profitent du flou de la législation pour organiser ce type de soirée puisque l’Arrêté royal du 25 novembre 2005 relatif aux règles que doivent respecter les tatoueurs et perceurs de Belgique ne donne aucune indication concernant les tatouages réalisés en dehors des salons. Jan Eyckmans, porte-parole du SPF Santé Publique déplore cette situation : « Nous sommes actuellement en train de faire des propositions afin des créer des lois pour contrôler ce type d’événement, que l’on retrouve parfois en festivals . Pour le moment, il n’existe encore aucune législation qui nous permette de les arrêter . Par ailleurs comme le précise encore Jan Eyckmans, les tatouages maison sont souvent réalisés par des tatoueurs non accrédités par le SPF Santé Publique et qui n’ont pas suivi la formation sur l’hygiène et qui ne se trouvent donc pas dans leur registre.

Le tatouage low-cost

Ces tatoueurs pratiquent aussi des prix extrêmement bas. Le tarif est de plus ou moins 20 euros pour 20 minutes de travail. Des prix à ce point compétitifs devraient éveiller la méfiance comme l’explique encore le patron de la Boucherie Moderne qui émet des doutes quant à la qualité des réalisations : « Les tatouages faits à l’arrache sont généralement grossiers et même souvent dégueulasses. De toute façon, ce sont encore des dessins que l’on va nous demander de recouvrir un jour« . Il n’est par contre pas contre les sorties puisqu’on peut réaliser de très bons tatouages en dehors du studio : « Si les conditions d’hygiène sont remplies, que l’on est bien installé et qu’il y a assez de luminosité, il n’y a pas de problème« .

Le retour du punk et du fait-maison

Ces soirées de tatouages sauvages renouent avec les tendances punk des années 80 et celles qui prônent le tatouage brut, celui fait maison. Cette dernière pratique s’oppose à une certaine démocratisation du tatouage et de la multiplication des studios. Pourtant le « fait-maison » a longtemps été la seule façon de pratiquer le tatouage. Déjà à Paris, au début du 20ème siècle, il existait des tatoueurs itinérants, le long de la Seine ou dans les arrières salles des bistrots. En manque d’eau de vie, ils désinfectaient leur outil et le tatouage à la salive. Alors qu’il était auparavant réservé aux aventuriers ou aux marginaux, le tatouage est désormais aseptisé. Pour beaucoup de participants ces soirées flash tattoos seraient donc une alternative afin de redonner une âme à la pratique, en retrouvant l’intensité de l’acte et en se forgeant un souvenir plus personnel de l’expérience. Guillaume assure pourtant : « Certains prétendront que c’est une manière de revenir aux racines du tatouage. Moi j’en viens et je peux vous dire qu’à l’époque, les normes étaient déjà bien présentes« .

L.V.

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