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Retour du printemps… et des pollens !

Le Vif

Plus présents dans l’atmosphère, plus longtemps et à des concentrations plus fortes, les pollens deviennent aussi de plus en plus allergisants. Que faire pour soulager ou prévenir ces allergies aux pollens ?

Nez bouché, nez qui coule, salves d’éternuements, yeux rouges, larmoyants et qui démangent, respiration sifflante, essoufflement et toux sont autant de symptômes caractéristiques du rhume des foins, même s’ils ne sont pas forcément tous présents chez tous les patients, ni dans la même mesure ou à la même période de l’année. En fait de foin, c’est en réalité le pollen qui joue les trouble-fêtes.  » Bien des patients sont allergiques à plusieurs types de pollens, précise le Pr Didier Ebo, allergologue à l’UZ Anvers et à l’AZ Jan Palfijn à Gand. Le pollen de graminées provoque des plaintes chez 60 à 70% des personnes qui souffrent du rhume des foins, le pollen d’arbres (et en particulier de bouleau) chez 40 à 50% d’entre elles et celui des mauvaises herbes, chez 15 à 20%. Certains patients sont même sensibles au pollen de leurs plantes en pots !  »

Il est parfois conseillé de prendre l'air après une averse, afin de limiter les plaintes. Un malentendu que souhaite dissiper Didier Ebo :
Il est parfois conseillé de prendre l’air après une averse, afin de limiter les plaintes. Un malentendu que souhaite dissiper Didier Ebo :  » C’est en réalité l’inverse, en particulier en cas de grand vent, car celui-ci favorise la libération du pollen… L’humidité va ensuite le dissoudre en particules plus petites qui vont pénétrer encore plus profondément dans les voies respiratoires et donc intensifier la réaction allergique. « © istock

Changement climatique

Un Belge sur cinq souffre actuellement d’une allergie à un ou plusieurs types de pollen. Les allergies aux pollens d’arbres, en particulier, sont en forte augmentation depuis les années 1990.  » Réchauffement climatique aidant, non seulement les graminées propagent leur pollen pendant une période plus longue, mais les arbres fleurissent aussi plus tôt. De plus, le gaz à effet de serre qu’est le CO2 va non seulement stimuler la croissance des plantes et donc leur production de pollen, mais aussi modifier la composition de ce dernier et accroître sa teneur en protéines allergéniques.  »

 » Le fait que le pollen devienne plus allergénique est également lié à la pollution par le diesel « , poursuit le spécialiste.  » Nous savons en effet que le diesel facilite les réactions allergiques de façon générale… mais ses émanations abîment la paroi externe des pollens qui vont libérer de toutes petites particules qui pénètrent encore plus profondément dans les voies respiratoires et génèrent donc des réactions allergiques encore plus intenses.  »

L’hypothèse hygiéniste contribue également à expliquer la montée en puissance du rhume des foins et des allergies en général.  » Notre attention de plus en plus grande à l’hygiène a pour effet que les enfants ont de moins en moins l’occasion de développer un système immunitaire résistant aux dérèglements. Ce phénomène explique aussi pourquoi les allergies surviennent de plus en plus tôt, avant 7 ans.  »

Malheureusement, la progression du rhume des foins favorise également celle d’autres allergies, dites croisées. Environ un tiers des patients sensibles au pollen développeront également des réactions à certains légumes crus, fruits frais et/ou noix.  » Ces aliments contiennent en effet des protéines structurellement apparentées à celles qui, dans le pollen, déclenchent la réaction allergique. Les allergies aux fruits à pépins et à noyaux, par exemple, sont souvent la conséquence d’une sensibilité au pollen du bouleau.  »

Médicaments classiques

S’il est relativement aisé d’éviter les aliments auxquels on est allergique, c’est beaucoup moins évident pour les pollens, d’autant que leur taille est déjà microscopique. On peut toutefois s’efforcer de limiter les symptômes au moyen de médicaments qui agissent sur la réaction excessive du système immunitaire.

L’allergie au pollen est provoquée par une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux. À un moment donné, l’organisme se  » sensibilise  » à certaines protéines de pollen en produisant des anticorps IgE spécifiques. Si vous entrez à nouveau en contact avec le même type de pollen après y avoir été sensibilisé(e), celui-ci va se lier aux anticorps, qui se sont fixés sur les mastocytes. Ces derniers vont alors libérer des substances comme l’histamine et déclencher ainsi les symptômes typiques du rhume des foins. Ceci explique pourquoi on a recours, pour soulager les plaintes, à des antihistaminiques et médicaments qui bloquent l’action des mastocytes, mais aussi à des corticoïdes à faible doses. Le(s) type(s) de médicaments nécessaires et la voie d’administration à privilégier (comprimés, gouttes nasales ou oculaires, nébuliseur…) dépendront de la nature et de la gravité des symptômes.

Retour du printemps... et des pollens !

 » Les patients qui n’en souffrent que de façon sporadique n’auront pas besoin de prendre des médicaments pendant toute la saison pollinique, précise encore Didier Ebo. Les autres, en revanche, auront tout intérêt à le faire… et à débuter leur traitement bien à temps, idéalement deux semaines avant l’apparition des symptômes.  »

Notez donc soigneusement à quelle période ceux-ci ont tendance à se manifester et suivez la concentration des pollens sur un site comme www.airallergy.be.

Immunothérapie

Par ailleurs, les patients qui ne répondent pas suffisamment aux traitements classiques pourront éventuellement être candidats (à partir de l’âge de 5 ans) à l’immunothérapie, un traitement qui désensibilise aux pollens responsables de la réaction allergique. Elle consiste à administrer des extraits du pollen incriminé suivant un planning bien défini pendant une période de 3 à 5 ans, de manière croissante jusqu’à atteindre la dose dite d’entretien. Des extraits de ce type existent déjà pour les pollens de graminées et d’arbres, mais pas encore pour ceux des mauvaises herbes. Ils peuvent être administrés par voie sous-cutanée (sous la peau) au cabinet du médecin ou par voie sublinguale (sous la langue) sous forme de gouttes ou éventuellement de comprimés (ces derniers existent uniquement pour les allergies aux pollens de graminées).  » Chez la majorité des patients, ce traitement permet de réduire durablement la fréquence ou l’intensité des symptômes de 25 à 30%. Chez les très jeunes patients, l’immunothérapie pourrait en outre contribuer à endiguer le développement d’autres allergies.  »

La médaille a toutefois son revers : son prix, car l’immunothérapie n’est malheureusement pas encore remboursée. Suivant le mode et le schéma d’administration, il vous en coûtera de 300 à 500? par an pendant 3 à 5 ans.  » Un sérieux investissement, donc… mais qui, pour les patients dont les symptômes sont très sévères, se solde par un bénéfice substantiel en termes de qualité de vie. « 

An Swerts

(*) Pour les pollens de graminées, par exemple, la  » valeur-seuil  » est de 50 grains de pollen/m3 d’air. Lorsque cette concentration est dépassée, la majorité des personnes qui y sont allergiques développeront des plaintes.

plus d’informations sur : www.airallergy.be

Conseils en cas de fortes* concentrations de pollen:

– Évitez les efforts et les activités au grand air.

– N’aérez pas trop votre maison et gardez les fenêtres fermées en voiture.

– Portez des lunettes de soleil lorsque le temps est sec et venteux.

– Ne faites pas sécher votre linge dehors.

– Utilisez des mouchoirs en papier.

– Prenez une douche et lavez-vous les cheveux avant d’aller dormir.

– Si vous avez l’occasion de prendre congé, filez vers la côte !

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