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Quelle intelligence avez-vous ?

Le Vif

Les formidables progrès des neurosciences depuis vingt ans montrent que nos capacités cérébrales sont évolutives, multiples, protéiformes. Et peuvent croître à tout âge…

Selon le vieux principe cartésien « je pense donc je suis », longtemps nous avons cru, en Occi­dent, que l’intelligence se résumait justement à la seule pensée. Or, les progrès réalisés depuis dix ans dans le ­domaine des neurosciences ont montré qu’elle dépend aussi de nos émotions, qui trouvent en partie leur origine… dans notre ventre. La logique rationnelle contre les sensations, l’Europe contre l’Asie, Jésus contre Bouddha.

Dans ce match qui se joue depuis plus de deux mille ans, l’imposant Bouddha vient de marquer un point. Car si, bien sûr, la taille du cerveau entre principalement en ligne de compte pour la définition des capacités intellectuelles, l’idée de ce que signifie « être intelligent », elle, a considérablement évolué. Au point que le mot se décline désormais au pluriel. Une révolution qui fascine le réalisateur français Luc Besson, dont le dernier film – Lucy – explore justement les frontières sans cesse repoussées de l’intelligence. Le philosophe Floran Augagneur résume ainsi l’enjeu : « On a longtemps regardé l’homme comme un ordinateur dont le cerveau serait le disque dur, et le corps, le système d’exploitation, mais ces fameux neurones de notre ventre montrent que l’affaire est autrement plus complexe. Et remonte à loin. »

Bien sûr, nul n’a besoin d’être un fameux scientifique pour comprendre qu’un Mozart, s’il n’avait pas été poussé par un père musicien, n’aurait sans doute jamais composé ses chefs-d’oeuvre. Et n’aurait guère progressé. Mais la science est allée plus loin en prouvant la complexité de la transmission géné­tique. La nouveauté vient de notre ventre. Non seulement il accueille au sein de ce que l’on appelle le micro­biote – autant dire notre deuxième cerveau – 200 millions de neurones, mais il renferme aussi 100 000 milliards de bactéries ; celles-ci possèdent par ailleurs leurs propres gènes, dont il est impossible de déterminer l’origine, et qui n’ont rien à voir avec ceux reçus de notre parenté. Des gènes auto­nomes, donc, que l’on soupçonne de produire des substances actives sur le cerveau…

Bref, nos capacités intellectuelles sont loin, très loin, d’être prédéterminées, et il est possible, en outre, de les améliorer à tout âge. Là encore une idée reçue battue en brèche, puisque l’on ne cesse d’entendre dire que, dès l’âge adulte, nous commencerions à perdre des neurones. « Faux, archifaux ! » s’insurge Pierre-Marie Lledo, coauteur, avec Jean-Didier Vincent, du Cerveau sur mesure (Odile Jacob), dont les travaux prouvent qu’à tout moment de la vie, et à certaines conditions, nous pouvons produire de nouveaux neurones. S’il est vrai qu’après 40 ans cette production diminue, certains individus continuent d’en créer à 80 ans alors que, chez d’autres, cela s’arrête dès 30 ans. La gymnastique céré­brale n’est donc pas une jolie métaphore, mais un exercice quotidien néces­saire.

Lire notre dossier Quelle intelligence avez-vous ? dans Le Vif/L’Express de cette semaine. O.L.N. et V.O.

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