médecins © Getty

Près de neuf médecins sur dix favorables à la multidisciplinarité

Vincent Claes
Vincent Claes Rédacteur en chef - Le Journal du médecin

L’Absym et le journal du Médecin ont sondé en octobre les médecins pour connaître leur avis sur la multidisciplinarité, la délégation de tâches et leur collaboration avec les autres professions de santé. 675 médecins ont répondu à cette enquête que le syndicat médical a lancée pour savoir ce que pensent réellement les médecins.

La multidisciplinarité ne fait pas (plus) peur aux médecins. Au contraire, 63% des répondants l’estiment « utile » et 25% « envisageable ». Seuls 5%, la trouvent « inutile » et 7% « dangereuse ». Les néerlandophones se montrent (66%) plus ouverts à cette collaboration que les francophones (56%) en la qualifiant d' »utile ». 12% des répondants francophones jugent la multidisciplinarité « dangereuse » pour 5% des répondants néerlandophones. « Avec cette enquête sur la multidisciplinarité, nous avons obtenu un taux de réponse élevé (677, ndlr) qui démontre que cette initiative de l’Absym de sonder la profession était en cohérence avec les attentes des médecins », commente Philippe Devos, président de l’Absym. « Je suis heureux de voir que contrairement aux préjugés de certains, le médecin belge est favorable à la délégation de tâches et à la création d’un assistant de pratique. »

.
.© Le Journal du médecin

Les médecins ont des contacts nettement plus réguliers avec les infirmiers qu’avec les pharmaciens et les kinés. La collaboration avec les infirmières est qualifiée de régulière par 75% des répondants. Les collaborations avec les kinés et les pharmaciens sont qualifiées en premier lieu d’occasionnelles

Lorsque les médecins collaborent avec les prestataires précités ils le font régulièrement (par ordre décroissant) sous la forme d’une communication téléphonique, d’une communication écrite, d’une communication télématique, d’une délégation de tâches, d’une réunion de concertation et d’une réunion virtuelle. La réunion virtuelle est actuellement inexistante mais 18% des répondants estiment qu’elle devrait être développée. Il en va de même de la délégation de tâches, plus régulière que la réunion virtuelle, que 11% des répondants aimeraient voir se développer.

Ce sondage confirme également une demande pour reconnaître et développer des collaborations virtuelles à côté des formes de collaboration plus classiques encore nettement majoritaires. « Un médecin sur cinq souhaite développer des collaborations virtuelles. La télé-expertise et la téléconférence multidisciplinaire sont des chantiers que l’Absym a ouverts et que nous poursuivrons », commente Philippe Devos.

Les médecins ont des contacts nettement plus réguliers avec les infirmiers qu'avec les pharmaciens et les kinés. La collaboration avec les infirmières est qualifiée de régulière par 75% des répondants. Les collaborations avec les kinés et les pharmaciens sont qualifiées en premier lieu d'occasionnelles
Les médecins ont des contacts nettement plus réguliers avec les infirmiers qu’avec les pharmaciens et les kinés. La collaboration avec les infirmières est qualifiée de régulière par 75% des répondants. Les collaborations avec les kinés et les pharmaciens sont qualifiées en premier lieu d’occasionnelles© Le Journal du médecin

Déléguer oui, mais…

Que pensent justement les médecins de la délégation à une autre profession des tâches habituellement dévolues au médecin généraliste ? 61% des médecins y sont favorables (« indispensable » pour 18% et « utile » pour 43%). À l’inverse, un petit tiers (28%) trouve cela dangereux. Ici aussi les néerlandophones se montrent plus ouverts à cette évolution que les francophones. 40% des médecins francophones jugent cette délégation de tâches dangereuses pour 23% de médecins néerlandophones. En Flandre, 23% trouvent cette évolution « indispensable » pour 6% du côté francophone.

Quelles tâches les médecins accepteraient-ils de déléguer à une autre profession ? Viennent en tête la biométrie (tension artérielle, pouls, poids, taille…) suivie par la prévention (conseils diététiques, tabagisme, activité physique), le contrôle du schéma de vaccination et les examens techniques (ECG, spirométrie) sans protocole.

Pas touche à la prescription

Les répondants sont nettement plus circonspects par rapport à la prescription de médicaments actuellement soumis à prescription (95% d’avis contre), l’adaptation de la posologie de médicaments chroniques (94% contre), l’adaptation du schéma d’insulinothérapie (77% contre), l’injection de vaccins (64% contre) et le dépistage du cancer colorectal et du sein (61%).

L’assistant de pratique plébiscité

Globalement, les médecins se montrent majoritairement favorables au rôle de l’assistant de pratique. Pour 12%, il est « indispensable » et pour 58% il est « utile ». Seuls 8% le jugent « inutile » et 6% « dangereux ».

Il faut un peu nuancer ces résultats positifs parce que, est-ce une différence de formation ou d’organisation, mais l’enquête révèle qu’au Nord du pays les médecins ont un sentiment nettement plus positif par rapport à l’assistant de pratique qu’au Sud : 82% se déclarent favorables (« utile » et « indispensable ») pour 46%.

Quelles tâches les médecins accepteraient-ils de déléguer à un assistant de pratique placé sous leur autorité ? L’enquête révèle que les répondants sont prêts à déléguer à un assistant de pratique la biométrie (93% « pour »), les examens techniques (84% « pour »), le contrôle du schéma de vaccination (81% « pour ») et la prévention (78%). Les avis sont partagés au sujet du dépistage du cancer colorectal et du sein (50% « pour » vs 50 % « contre ») et de l’injection de vaccins (49% « pour » vs 51% « contre »). Par contre, hors de question pour la majorité de déléguer l’adaptation de la posologie de médicaments chroniques (91% « contre »), la prescription de médicaments actuellement soumis à la prescription (89% « contre »), les diagnostics limités (85% « contre ») et l’adaptation du schéma d’insulinothérapie (79% « contre »).

Comment les médecins voient concrètement la réalisation de ces actes. Les répondants sont plus favorables au principe de la délégation sous supervision directe ou de la supervision distante immédiatement disponible qu’au principe de la délégation sous supervision distante a posteriori. Ils se montrent fort opposé à l’autonomie totale (voir graphique ci-dessous).

Les pharmaciens ne sont pas des vaccinateurs

Plus d’un médecin sur deux (55 %) trouve qu’il serait « dangereux » de permettre au pharmacien de renouveler les traitements remboursés sans ordonnance. Pour 8% c’est « inutile » et pour 8% c’est « utile ». Un petit tiers des répondants estiment que cela serait « envisageable ». Les médecins francophones et néerlandophones sont du même avis sur le caractère dangereux de cette délégation (54% vs 56%). Au Sud du pays, ils sont plus nombreux à la considérer comme « envisageable » qu’au Nord (33,5% vs 26%).

Qui de l’initiation par le pharmacien de traitements remboursés sans ordonnance ? Huit médecins sur dix estiment que c’est « dangereux » et 9% « inutile » (voir graphique).

Selon une enquête récente réalisée par le Pharmacien (édité également par Roularta HealthCare, ndlr) l’administration de vaccins, notamment contre la grippe, est perçue par 62% des pharmaciens comme pouvant faire partie de leurs tâches. Les médecins ne partagent pas vraiment cet avis. Pour 63% des répondants l’administration des vaccins par les pharmaciens seraient « dangereuse » et pour 18% « inutile ». 26% la trouvent soit « envisageable » (12%) soit utile (8%).

Méthodologie

Cette enquête en ligne de l’Absym et du journal du Médecin, réalisée durant la seconde quinzaine du moins d’octobre 2019 via le site du journal du Médecin/Artsenkrant et relayée par les newsletters de l’Absym et du jdM/AK, a été complétée par 675 répondants francophones et néerlandophones.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire