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Pourquoi tant de gens se rongent les ongles

Le Vif

« On peut comparer l’onychophagie (se ronger les ongles) à la nicotine. C’est stimulant pour les uns et apaisant pour les autres » explique le psychologue américain Fred Penzel.

À en croire le site d’informations américain Vox, les anciens Grecs se rongeaient déjà les ongles. À l’heure actuelle, la société pharmaceutique belge Oystershell Laboratories estime que 1,1 million de Belges sont atteints d’onychophagie. « Jusqu’à un certain point, tout le monde se ronge un peu les ongles et y chipote » déclare le psychologue américain Fred Penzel qui soigne les patients désireux de se débarrasser de cette habitude. « Lorsque le patient souffre physiquement, nous démarrons un traitement » explique-t-il.

Le stade oral de Freud

Bien que l’humain se ronge les ongles depuis des siècles, les psychologues n’ont commencé à étudier ce phénomène que ces dix dernières années. 80% des Belges qui se rongent les ongles désirent en effet arrêter. D’où vient cette pulsion et pourquoi continuent-ils ?

L’hypothèse la plus évidente veut que se ronger les ongles aide à maîtriser ses émotions. Cette habitude apaiserait l’ennui, le stress et la frustration. Sigmund Freud expliquait l’onychophagie par le stade oral. Les personnes coincées dans ce stade (les premiers 21 mois) seraient facilement tentées par les activités qui leur procurent une satisfaction orale, comme fumer, manger et se ronger les ongles.

Automutilation

Plus tard, des scientifiques ont conclu que se ronger les ongles est une petite forme d’automutilation. Mais cette théorie a aussi été rapidement enterrée. Ensuite, l’onychophagie a été cataloguée comme trouble des habitudes et des impulsions. Ces affections se constatent plus souvent parmi les personnes atteintes de trouble obsessionnel compulsif (TOC).

Penzel estime toutefois que le terme « obsessif » n’est pas vraiment exact. « Tous les gestes répétés ne sont pas par définition une obligation imposée. Les personnes qui se rongent les ongles considèrent cette habitude comme agréable. C’est ce qu’ils veulent : ce sont les dommages à long terme qu’ils trouvent désagréables.

Perfectionnistes

Récemment, des psychologues ont avancé une théorie plus vraisemblable. Se ronger les ongles offrirait une distraction temporaire, une forme de détente. « On peut comparer l’onychophagie (se ronger les ongles) à la nicotine. C’est stimulant pour les uns et apaisant pour les autres » Les chercheurs de l’Université de Québec ont constaté que les personnes qui se rongent les ongles ont une caractéristique en commun: le perfectionnisme et l’envie de tout contrôler. Ils sont plus rapidement stressés et donc plus sensibles à l’ennui et la frustration, ce qui conduit à se ronger les ongles. « Les gens atteints d’onychophagie ne sont pas capables de se détendre et d’accomplir une tâche à un rythme normal » écrivent les chercheurs. « Ils sont sensibles à la frustration et impatients quand ils n’atteignent pas leur but ».

Infections

Finalement, Vox donne une autre raison pour laquelle les gens se rongent les ongles. « Simplement parce qu’ils sont présents ». Les mains sont toujours là et bien visibles. Les ongles repoussent et les ronger n’est pas douloureux ». Pourtant, il existe suffisamment de raisons d’arrêter. Cette habitude abîme les ongles et la peau autour. Les bactéries de la bouche sont transférées vers la peau et les bactéries sous les ongles peuvent atteindre la bouche, ce qui peut provoquer des infections de la gencive et de la gorge.

AVE

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