L'hypnose permet de concentrer nos forces contre la maladie. © VOISIN/BELGAIMAGE

« On peut contrôler sa propre maladie »

Barbara Witkowska Journaliste

Mal exploitée en médecine, l’autoguérison est un phénomène naturel, une force intérieure que tout le monde possède. A tout âge, il est possible de l’amplifier pour prévenir et lutter contre les maladies. Entretien avec le neurologue Michel Dib.

Bonne nouvelle : à tout moment, nous pouvons, nous-mêmes, intervenir pour augmenter notre capital santé. En comprenant ce qu’est la maladie. En boostant la synergie entre le corps et l’esprit. Et en déployant les fabuleuses armes de protection pour augmenter la défense naturelle de l’organisme.

Selon vous, la maladie peut être vécue comme un vrai facteur de changement positif. C’est difficile à accepter…

L’être humain vit sans se rendre compte qu’il est mortel. C’est bien, car ça permet de faire des projets à long terme et de rester positif. La maladie est un signal que le danger est toujours présent. Elle secoue et oblige de revoir ses priorités. Parfois, elle peut avoir des conséquences négatives, la tristesse par exemple. En même temps, elle engendre du positif. Elle oblige de se consacrer à des tâches plus utiles et plus agréables, suscitées par l’envie et le désir. Le fait de sentir le danger change les repères. Une « deadline » oblige l’être humain à modifier sa façon de vivre et à chercher du sens. C’est le changement positif. On peut, parfois, bouleverser fondamentalement sa vie, quitter un emploi, divorcer, revoir les relations avec sa famille ou la composition de sa vie sociale. La maladie secoue l’être humain et le ramène à la réalité.

Peut-on vraiment contrôler sa maladie ?

Globalement, oui. La pensée n’est pas séparée du corps. Le corps obéit au cerveau et subit la pensée. La biologie humaine est complexe. Les hormones et les différentes substances chimiques et biologiques peuvent avoir des effets positifs ou négatifs pour l’être humain. Il faut donc mobiliser tous les moyens pour libérer des substances positives ayant un impact limitant la maladie et ses conséquences. Nous savons aussi que l’une des raisons de l’arrivée de la maladie est un affaiblissement du système immunitaire. Il faut agir positivement sur lui, rétablir sa normalité.

Qu’est-ce que l’autoguérison ?

C’est une force interne présente dans notre corps. Nous avons la liberté et la capacité de vouloir, croire, concevoir et imaginer le possible et le positif. Je m’explique. Notre cerveau visualise ce qu’on lui dit. Je vous donne, par exemple, une fausse mauvaise nouvelle. Celle-ci va devenir une réalité, car notre cerveau ne distingue pas une image mentale d’une image réelle ou construite. Face à cette fausse mauvaise nouvelle, le cerveau va se mettre en position négative et générer dans le corps des réactions négatives qui peuvent conduire à une maladie chronique. Une mauvaise nouvelle peut provoquer une crise d’asthme. Le cerveau a un contrôle énorme sur le corps en général. Je le constate tous les jours dans ma pratique clinique. Prenons les personnes souffrant de la maladie de Parkinson. Chez les patients qui sont très actifs sur le plan cérébral et physique, la maladie n’évolue pas beaucoup. L’autoguérison consiste donc à mobiliser les moyens naturels de l’organisme au service de la défense, de la protection et du traitement des phénomènes pathologiques. Ce sont nos propres « médicaments » internes qui se mobilisent afin de lutter contre la maladie. Mais attention ! Cela ne doit pas nous empêcher de faire appel à des moyens externes. Il s’agit plutôt de rajouter des moyens internes à ce que la médecine nous offre par ailleurs.

Pourquoi insistez-vous tant sur l’union du corps et de l’esprit ?

L’union entre le corps et l’esprit est évidente. Si vous êtes fatigué psychiquement, vous êtes épuisé sur le plan physique. Si on souffre d’une maladie, il y a un impact sur le psychisme. L’être humain dispose d’une énergie globale qu’il peut répartir entre le psychisme et le physique. Si on consomme toute son énergie physique, il ne restera plus rien pour l’esprit et on sera incapable de réfléchir. Un corps qui souffre et subit des traitements lourds sur le plan organique peut récupérer grâce à l’énergie psychique qu’un esprit fort lui procure. L’activité physique stimule l’activité du lobe frontal et de l’hippocampe et, par conséquent, améliore la mémoire. Quand on est de bonne humeur, on marche mieux, de façon plus tonique. A partir de là, on comprend bien qu’il y a un lien étroit entre le corps et l’esprit.

Pourquoi le médecin doit-il jouer un rôle capital dans l’autoguérison ?

L’autoguérison est complémentaire à la guérison provoquée par des moyens externes. Le médecin doit apporter une clarté de diagnostic et de traitement et ne doit pas fermer la porte à une amélioration spontanée. Il doit laisser au patient l’espoir et la capacité d’utiliser ses propres ressources internes. Il ne faut pas que le médecin soit le « bourreau » et qu’il ferme la porte à l’espoir. Le praticien doit être réaliste et admettre qu’il ne représente que la médecine et pas la vie. Et la vie, face à la maladie, offre énormément de possibilités thérapeutiques, en ce compris l’autoguérison.

Quel est le rôle de l’hypnose et de l’autohypnose dans l’autoguérison ?

Pendant la journée, nous fonctionnons avec notre conscient. Il est logique, rationnel et, parfois, un peu rigide et limité. En revanche, nous négligeons notre inconscient qui contient l’intuition, les émotions, le côté spontané, les rêves. Grâce à l’hypnose, nous pouvons accéder à ces ressources infinies de l’inconscient qui injectent un souffle nouveau dans notre conscient. L’hypnose permet de retrouver la spontanéité de l’enfance et crée en nous la capacité de maîtriser nos émotions et de concentrer nos forces contre la maladie.

Quels sont les facteurs physiques et psychiques qui nous protègent des maladies ?

Ils sont très nombreux. L’exercice physique baisse les hormones du stress et booste celles du plaisir, telles la dopamine et la sérotonine, et permet de libérer des facteurs nécessaires à la protection et à la croissance du cerveau. Le sommeil est bénéfique car il nettoie le corps. Une alimentation saine est indispensable. Sur le plan psychique, les pensées positives et optimistes ont un pouvoir immense. L’optimisme génère l’énergie positive dans le cerveau qui va être utilisée positivement sur le corps contre la maladie. La force de la vie est en vous, ne cherchez pas plus loin.

Autoguérison physique, psychique, émotionnelle, par Michel Dib, éd. Josette Lyon, 144 p.

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